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Le "projet" de livraison par drones présenté le 1er décembre par Jeff Bezos n'était qu'un coup publicitaire, estime le quotidien britannique. Mais les médias sont tombés dans le panneau.
Le futur est déjà là ! Dès demain, des robots volants seront en mesure de venir déposer chez vous vos livres, DVD et autres gadgets de Noël 30 minutes à peine après que vous les aurez commandés en ligne, grâce à l'initiative annoncée dimanche par Amazon.
C'est un monde nouveau, une véritable révolution. C'est en tout cas ce que vous pourrez penser si vous avez parcouru la plupart des articles élogieux publiés suite à cette annonce.
Sauf que toute cette histoire n'est qu'une vaste plaisanterie. La technologie nécessaire pour rendre opérationnels ce genre de drones-livreurs n'existe tout simplement pas. Un drone peut parfaitement se rendre sur un site grâce à des coordonnées de géolocalisation, mais comment pourra-t-il trouver le destinataire de son paquet ? Quelle procédure devra-t-il suivre pour le transfert du colis ? Comment empêcher un autre individu de récupérer la marchandise en cours de route ? Et que se passe-t-il si le fils du voisin décide d'abattre le drone avec son pistolet à balles BB ?
Cela n'est rien encore comparé au véritable champ de mines juridique qu'implique une telle utilisation des drones. A l'heure actuelle, l'emploi de ce genre de drones à des fins commerciales est parfaitement illégal aux Etats-Unis. La Federal Aviation Administration (FAA), l'organisme régulateur dans le domaine, prévoit la mise au point d'un cadre juridique pour les drones commerciaux en 2015, un délai qui paraît presque impossible à tenir: on est encore très loin de savoir gérer une telle intensité de trafic à faible altitude. L'ouverture de zones urbaines densément peuplées - et pleines de cibles potentielles pour des terroristes - à un grand nombre d'engins volants ne peut que provoquer une multitude de problèmes et de conflits d'intérêts. Tout cela, alors que n'a pas encore été déposée la première plainte pour blessure suite au crash d'un drone défectueux (ou abattu par le fils du voisin).
Stupidités.
Ce que Jeff Bezos a exprimé dimanche est en réalité son désir de changer le mode de livraison de ses produits d'ici environ cinq ans si la technologie et la loi le permettent. S'il n'avait pas prononcé le mot magique "drone" lors de son apparition à la télévision, cette vague aspiration à modifier un aspect de la logistique de son entreprise n'aurait probablement pas fait grand bruit. Heureusement pour lui, il l'a fait, réalisant ainsi un excellent coup publicitaire pour son entreprise à la veille du plus gros pic d'activité de l'année pour les sites de vente en ligne, qui porte le nom atroce de "Cyber Monday" [lundi suivant Thanksgiving].
Annoncer un projet aussi fascinant qu'impraticable pour s'assurer une bonne couverture médiatique : la méthode est tellement éculée qu'on pourrait espérer que plus personne ne s'y laisse prendre. Mais tout le monde est tombé dans le panneau. Dans un secteur qui dépend du nombre de pages vues, les sujets faciles à produire et assurés de faire cliquer présentent un attrait irrésistible.
Le bon coup de Jeff Bezos a permis de faire oublier d'autres révélations concernant Amazon. L'enquête de l'émission Panorama sur la BBC qui levait le voile la semaine dernière sur les conditions de travail et d'embauche de la société et soulignait le risque accru de ses salariés en terme de maladie mentale, n'est que le dernier d'une longue série de reportages sur les déplorables conditions de travail chez Amazon (contrats sans horaires, brièveté des pauses, surveillance perpétuelle de chaque salarié par des systèmes internes).
Les médias et les journalistes qui se considèrent comme sérieux doivent cesser de nous resservir ce genre de stupidités. Mais, plus important encore, vous, citoyens, devez cesser de cliquer pour les lire.
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