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Dans sa dernière parution, la revue scientifique Geophysical Research Letters rappelle les heures les plus sombres de la Guerre Froide. Selon une étude, la fonte des glaces au Groenland, causée par le réchauffement climatique, pourrait faire ressurgir une base américaine secrète enfouie sous la neige, et avec elle, des centaines de tonnes de déchets toxiques.
https://www.youtube.com/watch?v=ge-1i1l7uAo
Une ville souterraine.
Construit au Groenland à la fin des années 1950, en pleine Guerre froide, le camp Century découle d'un accord entre les États-Unis et le Danemark. Cette immense base militaire prend la forme de larges tranchées enterrées sous 35 mètres de glace pour protéger la base et son personnel du vent et des températures glaciales. Il dispose de laboratoires scientifiques, d'une bibliothèque, d'une chapelle, et de sa propre centrale nucléaire. Une véritable ville sous la glace.
4 km de tunnel pour stocker des têtes de missiles nucléaires.
En 1959, la course à l'armement entre l'URSS et les États-Unis faisait rage. L'armée américaine cherchait un moyen de conserver des armes nucléaires à l'abri des regards. L'immense île glacée constituait alors l'emplacement idéal pour le programme "Ice worm", dont l'objectif était de creuser un tunnel de quatre kilomètres capable de stocker 600 ogives nucléaires très près du territoire soviétique.
À terme, le déplacement continu des calottes glaciaires du Groenland, risquant de faire effondrer les tunnels, a poussé l'armée à abandonner le camp en 1967. Si le réacteur nucléaire a été retiré du site, l'armée américaine n'a eu aucun état d'âme à abandonner les autres déchets. À l'époque, il était inconcevable que la base de Camp Century sorte un jour de son manteau de glace, et que les restes d'essence, de produits chimiques et de liquides nucléaires contaminés laissés sur place referaient surface près de 50 ans plus tard.
Construction des tranchées d'accès au Camp Century.
Un dangereux cocktail toxique qui pourrait se répandre en 2090.
Sauf que la calotte glaciaire du Groenland fond de plus en plus vite. Entre 1900 et 1983, le Groenland a perdu autour de 75 milliards de tonnes de glace par an (sur un volume global de 2 millions de km3 de glace, soit 10% de l'eau douce de toute la planète). Le phénomène s'est accéléré : entre 2007 et 2011, la perte a atteint 262 milliards de tonnes par an.
Aujourd'hui, les vestiges du camp sont sous 36 mètres de glace. Selon les estimations des chercheurs, ils abriteraient près de 9 200 tonnes de déchets physiques, quelque 200 000 litres de fuel et 240 000 litres d'eaux usées. Des traces de radioactivité seraient également présentes. Un joli cocktail qui pourrait être libéré dès 2090 selon le scénario de réchauffement climatique le plus pessimiste.
Qui doit résoudre le problème ?
À la question "qui doit nettoyer et s'occuper de ce problème", on peut difficilement apporter une réponse. Si les règles de remise en état des sites sont bien établies pour le futur (le pollueur doit logiquement payer), aucune règle internationale n'aborde les pollutions passées. De plus, le responsable, les États-Unis ont construit la base sur un territoire qui était à l'époque danois, mais aujourd'hui, le Groenland a changé de statut jusqu'à acquérir une très large autonomie. Une chose est sûre, Camp Century sera un fardeau pour le siècle à venir.
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