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El Roslino
HISTOIRE
Une équipe de Scotland Yard a utilisé les techniques modernes pour mettre un visage sur le premier tueur en série anglais. Ces travaux ont été présentés à la télévision britannique.
Plus d'un siècle après les crimes sanglants de prostituées dans le quartier de Whitechapel, à Londres, le mystère de Jack l'éventreur reste entier. Dans la cadre d'un documentaire diffusé mardi au Royaume-Uni (1), une équipe de la police britannique a toutefois levé une partie du voile en reconstituant le visage présumé du tueur.
Laura Richards, responsable des analyses au service des Crimes violents de Scotland Yard, et John Grieve, de la Metropolitan Police (police municipale de Londres), se sont de nouveau plongés dans l'affaire en utilisant cette fois-ci les techniques modernes de la police scientifique. A leurs côtés, un bataillon d'experts, dont des pathologistes, des psychologues, des criminologues, des historiens et des "profileurs". Leur matériau de base : les déclarations de 13 témoins oculaires, datant du XIXe siècle.
Treize témoins
"C'est une erreur répandue de croire que personne n'a signalé la présence de l'éventreur à la police, qu'il a juste disparu dans le brouillard de Londres", explique John Grieve. "Il y avait des témoins à l'époque qui étaient tenus en haute estime par la police", souligne-t-il. Parmi eux, James Brown, un docker qui rentrait chez lui lorsqu'il a vu la prostituée Elizabeth Stride repoussant les avances d'un homme d'environ 1,70 m, râblé et portant un long manteau. Brown a identifié plus tard le corps mutilé de la femme.
"Certains de ces témoignages présentent de grandes différences et décrivent clairement des personnes distinctes, pointe le policier. Mais beaucoup d'entre eux sont suffisamment semblables pour qu'ils puissent parler du même homme". En recoupant ces déclarations avec d'autres indices récoltés par la police de l'époque, l'équipe actuelle estime pouvoir dresser le portrait du "premier tueur en série britannique".
Résultat de cette nouvelle enquête : Jack était un homme âgé entre 25 et 35 ans et dont la taille oscillait entre 1,67 m et 1,73 m. Aucune preuve que le meurtrier avait des connaissances médicales, ni qu'il était un "gentleman". Selon les équipes de Richards et Grieve, il n'avait pas non plus le visage d'un psychopathe mais celui d'un "homme ordinaire", "épouvantablement normal", sain d'esprit et pourtant capable des pires cruautés. Dernière découverte : il habitait certainement le quartier où il commettait ses crimes. John Grieve est formel : si ses collègues de l'époque avaient bénéficié des techniques modernes, ils auraient eu suffisamment d'informations pour arrêter Jack l'éventreur.
200 suspects
En 1888, le corps d'une prostituée est retrouvé atrocement mutilé dans le quartier de Whitechapel, à Londres. Quatre autres prostituées seront assassinées avec la même sauvagerie. Les victimes sont poignardées, mutilées et certains de leurs organes ont été enlevées. La police ne parvient pas à arrêter le meurtrier. Un certain "Jack l'éventreur" revendique les crimes dans une lettre envoyée à Scotland Yard. Il s'agit en fait d'un faux mais le surnom restera. L'identité du premier tueur en série d'Angleterre est demeurée un mystère. Plus de 200 personnes ont été suspectées, explique la BBC sur son site, dont (selon certaines théories) Lewis Carroll, l'auteur d'Alice au pays des merveilles, le Prince Albert Victor et Sir John Williams, l'obstétricien de la famille royale.