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Pour un geek, une vie extrêmement longue, ça tient à deux-trois choses : être Yoda, être un Elfe (Galadriel vivait bien avant que le Soleil ne frappe la Terre du Milieu de ses rayons ardents !), être un Phénix, être Captain America ou bien Wolverine. Ou une Carcasse perdue dans Lordran. Sauf que, avouons-le, ces méthodes sont difficilement réalisables. Et pourtant, comme le disait Aragorn à un jeune Rohirrim : "Il y a toujours de l'espoir". En effet, des scientifiques ont découvert que le requin du Groenland est tout à fait capable de vivre au moins 400 ans.
Une espèce longtemps ignorée.
Sur la Liste Rouge de Norvège (une liste détaillant quelles sont les espèces susceptibles de disparaître en Norvège), la laimargue du Groenland (l'autre nom du requin du Groenland) est décrite avec seulement deux lettres : "DD", ou "Data Deficient" (Données Insuffisantes)... C'est dire. En raison le fait que ces poissons n'avaient, jusque-là, aucun intérêt scientifique. Si l'on ajoute le fait qu'il est nécessaire de faire bouillir à plusieurs reprises leur chair pour en éliminer toute trace de toxine, on comprend que même culinairement, l'intérêt était assez minime pour laisser l'animal en-dehors de toute activité de pêche, sinon accidentelle.
C'était, jusqu'à il y a cinq ans, le statut du requin du Groenland, jusqu'à ce que l'un d'entre eux fut accidentellement remorqué par un navire de recherche scientifique où se trouvait un étudiant en doctorat : Julius Nielsen.
"C'était une expérience incroyable que de se retrouver face à un tel animal. [...] J'ai commencer à chercher ce que l'on savait sur ces requins, et fut surpris de découvrir le peu d'informations à leur sujet."
Une datation effectuée sur la paupière.
Durant les années qui suivirent cette prise, Julius Nielsen a effectué ses recherches sur une trentaines de requins, remontés à la surface dans des prises accidentelles. Tout est parti de la paupière des laimargues : cette dernière est constituée d'une myriade de cellules transparentes emplies de protéines cristallisées. En somme, il s'agit d'un tissu mort, qui s'accumule au fur et à mesure de la vie du requin. En ce cas, peler les différentes couches jusqu'à parvenir aux plus vieux tissus, et les dater au carbone 14 permet de déterminer l'âge réel de l'animal, avec une certaine marge d'erreur.
Et là, surprise ! Ils ont découvert que nombre d'entre eux ne montraient aucun signe au carbone 14 des marques des tests nucléaires effectués dans les années 1960, ce qui signifie qu'aucun de ces requins analysés avait moins de 50 ans. Déjà, dans la première moitié du XXème siècle, une laimargue avait été pêchée accidentellement à deux reprises, avec environ 16 ans d'écart... Sauf que les requins analysés par Julius Nielsen et son équipe étaient nés entre le XIXème et le XXème siècle. Mais les deux spécimens les plus vieux ont au moins 300 ans, ou plus exactement 335 ans (marge d'erreur : 75 ans) et 392 ans (avec une marge d'erreur de 120 ans). Seulement 3 des laimargues étudiées étaient nés durant les 50 dernières années.
"Le fait qu'un requin du Groenland puisse avoir au moins 272 ans en fait le plus vieux vertébré au monde. [...] Je pense que c'est la première fois dans l'histoire humaine que quelqu'un effectue une détermination de l'âge s'achevant sur au moins 240 ans et l'appelle un succès."
- Julius Nielsen
De plus, l'équipe de chercheurs est parvenue à établir que la maturité sexuelle de laimargues s'effectue à partir de 150 ans, en raison d'une très large fenêtre de procréation, mais surtout du peu de prédation dont font l'objet les requins du Groenland.
Une découverte problématique.
Toutefois, cette découverte scientifique concernant les requins pose un problème majeur : le fait qu'on connaisse si peu certaines espèces animales ou végétales, au nom du peu d'intérêt scientifique que ces dernières sont supposées offrir :
"Cela montre à quel point la science en sait peu sur la vie de bien des créatures. [...] Mais cela montre aussi aussi à quel point il serait facile de rester ignorant à ce sujet, en raison du réchauffement climatique et des dommages environnementaux."
Toutefois, il ne faut pas crier "Victoire !" trop tôt : si cette découverte est fort intéressante, il semble difficile de la mettre en application sur l'être humain en raison des nombreuses différences entre les deux espèces :
"Il faut se souvenir que les espèces à sang-froid, surtout quand elles vivent dans des environnements froids, ont bien moins de problèmes avec le stress oxydant que les mammifères, puisque la principale source de radicaux libres dans notre corps vient du métabolisme de l'oxygène que nous nous devons de faire pour garder nos corps chauds. [...] Toutefois, ces requins n'ont sans doute aucune nouveauté que nous pouvons appliquer à nous-même. [...] Mais ils le peuvent tout autant ! Donc nous devrions les étudier plus."
- Aubrey de Grey
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