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El Roslino
Un cri d'alarme qui porte un nom : "Venexodus". Ils étaient 300 manifestants, de tous âges, à participer samedi 12 novembre à un rassemblement dans le centre historique de la Cité des Doges, brandissant pancartes et valises. Tous alertent sur l'exode des habitants et demandant à la municipalité d'agir pour que la cité des Doges, envahie par les touristes, ne devienne pas un musée à ciel ouvert.
"Sans les Vénitiens, ne m'appelle plus Venise", "Venise adieu", "Moi je ne pars pas, j'occupe et je résiste", pouvait-on lire. Devant la mairie, un homme habillé en "Doge", le dirigeant historique de la République de Venise, est monté à bord d'une gondole pour symboliser l'exode des habitants.
"Venise-centre perd 1.000 habitants chaque année. Elle en compte désormais moins de 55.000, contre 100.000 il y a quarante ans, le danger est très important", explique à l'AFP Matteo Secchi, le président de l'association venessia.com, organisatrice de la manifestation.
"Nous sommes en train de devenir Pompéi, une ville que les gens viennent visiter, dont ils disent qu'elle est magnifique mais où personne ne vit".
"Les Vénitiens ne sont pas contre les touristes. Il est juste que les touristes puissent visiter Venise mais il est aussi juste que ses habitants puissent y vivre. Le défi est de réussir à concilier ces deux mondes différents", ajoute Matteo Secchi.
Une délégation de manifestants a été reçue par la municipalité et s'est dite satisfaite de cette rencontre.
Prix des loyers en explosion
Les manifestants réclamaient notamment une véritable politique pour aider la population locale à se loger, les prix ayant explosé avec le tourisme et les bailleurs privés privilégiant les locations de courte durée. Selon eux, 2.000 habitations du parc public sont vides. 40.000 personnes travaillant à Venise vivent à l'extérieur de la ville sur l'eau et doivent faire l'aller-retour tous les jours.
"De nombreux amis ont dû quitter la ville, pas seulement en raison de problèmes de logement mais aussi du travail qui repose uniquement sur le tourisme", dénonce Marco, 35 ans, auprès de l'AFP. "Si tu as une formation différente, tu es contraint de partir. La commune a abandonné depuis des années l'idée de repeupler Venise, de créer des emplois [autres que ceux du tourisme] et de donner à Venise un avenir de ville, plutôt que de parc de divertissement".
"Très souvent, la ville est 'invivable'. Les touristes venaient aussi chercher à Venise une certaine atmosphère, mais celle-ci n'existe plus. Il faut faire quelque chose, avoir un tourisme régulé", estime Stella, 70 ans.
1 habitant pour 400 touristes
Venessia.com avait déjà organisé en 2009 une manifestation coup de poing baptisée les "funérailles de Venise", puis dénoncé l'année suivante la transformation de Venise en "Venisland", sorte de parc d'attraction à l'image de Disneyland. Depuis, d'après les habitants, la situation s'est encore détériorée et il est de plus en plus difficile de cohabiter avec les touristes, au nombre de 20 millions l'an passé.
Il faut jouer des coudes pour se frayer un passage dans les ruelles ou franchir les ponts surplombant les canaux. Les magasins de souvenirs, de masques ou de bibelots ont souvent pris la place de boutiques traditionnelles, artisanat de qualité ou commerces alimentaires.
En septembre, à l'appel de Generation 90, qui réunit des jeunes de 17 à 34 ans, un millier de Vénitiens étaient déjà descendus dans la rue, avec leurs cabas, pour alerter sur la difficulté de faire désormais une chose aussi simple que des courses. Comme d'autres associations, Generation 90 propose de limiter à 60.000 personnes par jour l'accès à la place San Marc, l'un des joyaux de la ville, avec un système de réservation et un paiement symbolique.
"Il faut donner au monde le signal que nous nous trouvons dans une situation d'urgence", souligne son porte-parole, Marco Caberlotto.
Interrogée par l'AFP, la municipalité s'est dite tout à fait consciente des problèmes des habitants. Pour la première fois en 20 ans, elle a mis en place un processus de démocratie participative, pour étudier les propositions visant à permettre à Venise de conserver son âme et ses habitants, en trouvant "un juste équilibre" avec le tourisme, dont la ville vit.
Des files prioritaires pour les "vaporetto" ont déjà été lancées pour faciliter la vie des Vénitiens, a rappelé l'adjointe au tourisme, Paola Mar, qui souligne que la mairie souhaite aussi créer de nouveaux emplois non liés au tourisme dans le centre et favoriser l'installation de familles pour recréer un tissu social.
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