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El Roslino
Chez Air France, pas moins de deux cents personnes travaillent à dresser les plans de vol.
Environ 100 km, c'est la distance qui séparait un missile tiré le 28 juillet par la Corée du Nord et le Boeing 777 de la compagnie Air France qui volait en direction de Tokyo (Japon) avec, à son bord, 332 personnes. Un incident heureusement rare et sans conséquence, mais qui est venu rappeler la complexité pour les compagnies aériennes à faire évoluer leurs avions en sécurité dans un ciel de plus en plus embouteillé (avec un trafic qui augmente de 2 à 3 % par an) et un contexte géopolitique toujours plus tendu.
Ainsi, selon le dernier bulletin émis par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) le 27 juillet, il est interdit aux compagnies aériennes françaises de survoler six pays : la Libye, l'Ukraine, la Syrie, l'Irak, la Corée du Nord et le Yémen. Six autres pays (Mali, Soudan, Soudan du Sud, Somalie, Afghanistan et Pakistan) ne peuvent être survolés qu'à une altitude minimale d'environ 7 300m.
Objectif, éviter un nouveau drame, comme celui du 17 juillet 2014, lorsqu'un Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airline qui circulait au-dessus de l'Ukraine, avec à son bord 298 personnes, a été abattu par un missile. Le 28 septembre 2016, dans son rapport préliminaire, le parquet néerlandais a pointé du doigt la responsabilité des séparatistes prorusses, soutenus par Moscou.
Un risque d'autant plus pris au sérieux par les compagnies du monde entier qu'on comptabilise depuis quarante ans une dizaine d'avions civils abattus volontairement ou non par un missile. Ainsi, le 3 juillet 1988, l'armée américaine détruit par erreur un avion d'Iran Air qui survole le golfe Persique. En plein conflit entre l'Iran et l'Irak, les militaires de l'Oncle Sam, soutien de Bagdad, ont reconnu avoir confondu l'avion civil avec un chasseur iranien.
« Mais ces restrictions de survol de certains pays ne représentent qu'une infime partie du problème à gérer lorsqu'on dresse un plan de vol, tempère ce pilote d'Air France de 48 ans, dont vingt-trois ans passés aux commandes d'avions moyen-courriers et long-courriers. Ce sont surtout les contraintes météorologiques, orages, cyclones, qui nous obligent à faire des détours. On doit s'assurer que l'on dispose sur notre route d'aéroports ouverts pour nous accueillir en cas de problème sur l'avion. »
Des détours qui coûtent cher en kérosène.
A ces contraintes habituelles, il faut en ajouter d'autres liées, par exemple, au décollage d'une fusée, à des manoeuvres militaires comme celles de l'Otan, au survol de pays comme la Chine ou la Russie qui restreignent à une poignée de routes le passage des avions civils, ou encore... à un déplacement de chef d'Etat. « En juillet, lors du départ de Donald Trump de Paris, son avion Air Force One a eu sept minutes de retard, ça a créé un beau bazar dans le ciel parisien ! confie une source bien informée. Plus aucun avion ne pouvait bouger. »
Chez Air France, pas moins de deux cents personnes participent à la fabrication des plans de vol. « Nous disposons de logiciels qui analysent l'ensemble de ces données couplées aux caractéristiques de l'avion pour définir le plan de vol optimal, d'abord en termes de sécurité, mais aussi en termes de temps de vol et d'économies de carburant », précise Catherine Jude, directrice du contrôle des opérations chez Air France. Cumulés sur un an, les détours, et donc l'augmentation de la consommation de kérosène, peuvent rapidement se chiffrer à plusieurs millions d'euros.
Comme toutes les compagnies, Air France essaie aussi d'éviter les pays où les redevances du contrôle aérien sont particulièrement élevées. C'est notamment le cas au-dessus des Açores. « Lorsque nous fabriquons un plan de vol à partir de toutes les informations dont nous disposons, qui est validé ensuite par Eurocontrol à Bruxelles, c'est toujours la sécurité des vols qui prime, insiste Catherie Jude. Le problème avec la Corée du Nord, c'est qu'elle ne prévient pas quand elle lance un missile. »
6 pays sont totalement interdits de survol : la Libye, l'Ukraine, la Syrie, l'Irak, la Corée du Nord et le Yémen.
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