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El Roslino
Une sculpture de sable en hommage aux victimes du vol MH370. Une sculpture de sable en hommage aux victimes du vol MH370.
C'est l'un des plus grands mystères aéronautiques. Le 8 mars 2014, un Boeing 777 de la Malaysia Airlines disparaissait avec 239 personnes à bord. Gilles Diharce, contrôleur aérien au ministère de la Défense, a décortiqué les différentes hypothèses. Il en a tiré un livre.
Vous avez déterminé une nouvelle zone de recherches. Cette zone est-elle très éloignée de celle, plus vaste, où ont été effectuées les recherches durant plus de deux ans ?
Elle n'est pas très éloignée : elle est située plus au nord et à l'est, à environ 1 800 km des côtes australiennes. Cette nouvelle zone est légèrement plus petite que celle explorée pendant ces deux dernières années : 70 000 km2 contre 120 000 km2. Mais les Malaisiens qui conduisent l'enquête, accepteront-ils ?
Mon analyse prend en compte des paramètres différents des enquêteurs. Leur hypothèse est qu'après avoir tourné vers le sud, l'avion aurait volé tout droit durant cinq heures à une vitesse constante. La difficulté est que cette vitesse dépend du régime moteur, des vents et de l'altitude à laquelle se trouvait l'avion. Or, ce sont des données qu'on ne connaît pas.
Selon vous, l'hypothèse la plus probable est que l'avion a été volontairement dévié de sa trajectoire. Mais contrairement à la thèse officielle, vous doutez du fait qu'il n'y avait plus de pilote aux commandes au moment où l'avion s'est écrasé en mer. Pour quelles raisons ?
Ce n'est pas tant que je doute de la thèse officielle selon laquelle il n'y avait personne aux commandes. Je dis qu'il n'y a aucun élément qui permet de l'attester. C'est une hypothèse qui a été prise afin d'obtenir une zone de recherches plus réduite. S'il n'y a personne aux commandes, l'avion peut planer moins longtemps. Dans un tel cas, l'avion n'aurait pas volé au-delà de 40 Nm (70 km) de la dernière position estimée. Mais si on considère qu'il a été piloté, alors l'avion pourrait avoir parcouru plus 100 Nm (180 km). La zone serait donc immense et bien trop grande pour l'explorer avec un coût raisonnable.
Qui pourrait avoir été aux commandes ?
Lors de la première heure de la disparition, il y avait forcément quelqu'un aux commandes, étant donné les nombreux changements de trajectoire de l'avion. Pourquoi cela ne serait plus le cas à la fin ? Le commandant ? En tout cas, c'est forcément quelqu'un qui connaissait parfaitement l'avion. Quand on analyse tous les dysfonctionnements survenus (radio, transpondeur, satcom...), aucune explication technique n'est satisfaisante. Seul l'acte volontaire permet d'expliquer la coexistence de toutes ces pannes. Le transpondeur a cessé de fonctionner moins de deux minutes après le dernier contact radio. Et le premier changement de trajectoire (par rapport au plan de vol qui était paramétré) intervient moins de cinq minutes plus tard.
Comment expliquez-vous le manque de réaction des autorités malaisiennes après la perte de contact avec l'avion ?
Très simplement : le contrôleur civil malaisien n'avait plus de raison de suivre le MH370 puisqu'il venait de l'envoyer aux Vietnamiens. L'avion s'apprêtant à entrer dans l'espace aérien vietnamien, l'aiguilleur malaisien avait transmis au MH 370 l'instruction de passer avec le contrôle aérien vietnamien. Ce qu'il n'a jamais fait. Ce sont les Vietnamiens qui ont mis du temps à réagir : dix-sept minutes.
Pour ce qui est des militaires malaisiens, ils ne surveillaient visiblement pas leur espace aérien 24 heures sur 24h. Mais ça, la Malaisie ne le reconnaîtra jamais car cela reviendrait à admettre des failles dans sa défense aérienne.
Vous dites qu'un tel scénario pourrait se reproduire. Pour quelles raisons ?
A l'avenir, on suivra davantage les avions (avec les systèmes de surveillance par satellite ADS-B, ADS-C). D'ici à janvier 2021, par exemple, un avion devra pouvoir émettre sa position de manière autonome, toutes les minutes, dès qu'il sera en situation de détresse. Mais une personne connaissant bien le réseau électrique de l'appareil pourra désactiver la plupart de ces systèmes.
« Le mystère du vol MH370 : autopsie d'une disparition », Gilles Diharce, éditions JPO, 24 €.
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