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El Roslino
« Chaque année on se paye un beau voyage. Cette année on hésitait avec le Mexique. Et on a choisi Cuba, on en avait envie depuis longtemps. C'est un endroit qui fait rêver... » Mais pour Vincent, depuis le retour, ces vacances sont plutôt devenues une source de cauchemar.
« Aucune info »
Tout avait pourtant bien commencé. Atterrissage à la Havane le samedi 2 septembre, trois nuits en Air Bnb, belles balades et chouettes photos. Puis les amoureux débarquent à l'hôtel qu'ils ont réservé à Varadero. Agathe, infirmière à Lens, raconte : « On a pris conscience qu'il se passait quelque chose parce que nos familles n'arrêtaient pas de nous envoyer des SMS pour savoir si tout allait bien... Mais on avait aucune info. »
« L'immeuble tremblait de partout... Et puis ce bruit... »
L'inquiétude gagne quand, le vendredi, la direction de l'hôtel les fait changer de chambre pour les éloigner de la mer. « L'après-midi, le vent a commencé à monter, mais ça n'était encore rien. Le samedi matin, on a eu le droit d'aller au petit-déj, ensuite, on est restés enfermés dans la chambre. À partir de midi l'électricité a commencé à couper. Je recevais des SMS de mon père toutes les 5 minutes, qui demandait «ça va ? ça va ?» C'était long... raconte Agathe. En fin de journée, vers 21 h, le vent est monté fort, tout s'est coupé, les alarmes se déclenchaient toutes seules, on voyait les tuiles voler... Et le bruit ! »
« On a vraiment eu peur »
Deux heures plus tard, leur toiture montre des signes de faiblesse : ils se réfugient dans la salle de bain, avant de traîner un matelas sur un palier, à l'abri du vent. C'est là qu'ils finiront la nuit, « avec une dame de 70 ans qui était toute seule, un peu perdue. On est resté là tous les trois. On ne voyait rien, on ne savait pas ce qui se passait... Cette nuit là, on a eu vraiment peur. Surtout quand l'eau s'est mise à couler du plafond. Là, je me suis dit que si la mer montait, on allait y rester, raconte Vincent. L'immeuble tremblait de partout... Et puis ce bruit... Comme si c'était la fin du monde. Je crois qu'on a eu de la chance... »
« Comme dans le Titanic »
Au lever du jour, « on a vu. Les arbres couchés, les toits envolés. La mer était déchaînée. Et tout le monde avait le même réflexe : ramasser les trucs qui traînaient, ranger... c'est con hein... » La suite ? « Dans la matinée, le plafond de notre chambre s'est effondré... » Après des heures d'attente,le couple est « transféré » vers un autre hôtel, à 8 km du premier. « On ne savait pas où on allait. Tout ce que je sais, c'est qu'en arrivant, j'ai vu que les vases étaient encore debout sur les comptoirs... J'ai compris qu'on n'avait pas vécu la même chose... »
« Personne ne nous a rappelés, pour savoir si on était morts ou vivants. »
Là, les Evinois rencontrent d'autres Français, un groupe se forme qui se serre les coudes. « Ce qui est dingue, c'est que durant le plus gros de la crise, mon père a appelé l'ambassade, la cellule de crise... Rien, personne. Personne ne nous a rappelés, pour savoir si on était morts ou vivants. On a eu de la chance d'avoir notre avion pour rentrer, parce que ceux dont le vol était annulé devaient payer les nuits supplémentaires, et les hôtels gonflaient les prix. On n'avait aucune information ! Rien ! »
Amertume
Depuis leur retour, Vincent a plus de mal à digérer l'aventure qu'Agathe. « On n'a même pas été contactés. À l'aéroport, on a vu des cellules de soutien pour les gens qui revenaient de Saint-Martin ou de Saint-Bart. Nous, que dalle. Pourtant, moi, j'ai besoin d'en parler, conclut Vincent. Et pourquoi le Canada a fait évacuer plusieurs milliers de ressortissants avant l'ouragan, et pas la France ? On a même croisé un couple de Français qui sont arrivés, en avion, le jour de l'ouragan. Ils les ont laissés partir ! C'est dingue quand même. »
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