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El Roslino
L'application Uber, géant mondial du véhicule de tourisme avec chauffeur, prise en photo dans une voiture à Berlin, le 24 avril 2014.
L'application californienne met en place partir de jeudi une assurance gratuite pour ses chauffeurs opérée par Axa. Une couverture destinée à redorer son blason mais qui ne fait qu'anticiper les nouvelles obligations des plateformes vis-à-vis des travailleurs indépendants.
Uber dégaine l'assurance gratuite pour retenir ses chauffeurs.
Le grand méchant Uber poursuit sa quête en vue de se refaire une image. Après avoir annoncé il y a quelques jours la mise en accès libre de ses données - anonymisées - sur les courses réalisées à travers sa plateforme à Paris et en Ile-de-France, le leader du transport urbain à la demande va mettre en place à partir de ce jeudi une assurance gratuite afin de couvrir ses chauffeurs en cas d'accident. Et ce quels que soient leurs revenus générés par l'application.
Annoncée en juillet dernier, cette assurance santé et décès mise en place par Axa France et financée par la plateforme couvrira les chauffeurs «de l'acceptation d'une prise en charge jusqu'à l'arrivée à destination de ce dernier». En septembre dernier, l'assureur français avait noué un partenariat de même nature avec la plateforme de livraison de repas à domicile Deliveroo afin de couvrir ses 7500 «bikers».
L'assurance d'Uber France prévoit le remboursement d'une partie des frais de santé en cas d'accident, à hauteur de 100% de la base de remboursement de la sécurité sociale pour les soins de ville et de 150% pour les frais d'hospitalisation ainsi que pour les prothèses dentaires et les appareillages médicaux. En cas d'accident, précise Uber, il suffira au chauffeur de remplir le formulaire de déclaration en ligne disponible via l'application. Enfin des indemnisations sont également prévues en cas d'accident entraînant une perte de capacité permanente ainsi qu'une rente pour les proches en cas de décès calculés en fonction du chiffre d'affaires dégagé au cours des douze derniers mois par les chauffeurs.
Cette offre de protection sociale baptisée «Driver by Axa» reste cependant facultative afin d'éviter de créer un lien de subordination entre la plateforme et ses «clients» chauffeurs contractants présumés indépendants. Un statut qui fait l'objet de gros litiges en justice et qui n'a pas été tranché à ce jour. Les chauffeurs souhaitant ne pas bénéficier de cette couverture devront ainsi envoyer un courrier à Axa, ce qui entraînera l'annulation des garanties de protection dans les deux mois.
«L'esprit serein».
Selon Uber, «seul un chauffeur indépendant sur cinq bénéfice d'une couverture personnelle en France». La société ajoute que l'objectif de cette assurance est «de contribuer à combler cet écart afin de permettre à tous les indépendants qui choisissent Uber de conduire l'esprit serein». De son côté, Axa, qui multiplie ces derniers temps les initiatives afin de se positionner comme un prestataire au service des travailleurs indépendants des dizaines de plateformes du numérique, estime que «les nouvelles formes de travail appellent à de nouvelles solutions de protection. Avec ce partenariat, poursuit l'assureur, «nous souhaitons apporter encore davantage de sérénité aux chauffeurs lors de leurs courses Uber».
La progression du travail indépendant et des plateformes de l'économie dite «collaborative» offre de nouveaux débouchés aux assureurs qui cherchent à adapter leurs offres à ce nouveau public. De leur côté, les plateformes de mise en relation cherchent à fidéliser leurs clients, prestataires de services comme consommateurs en leur proposant des assurances gratuites ou payantes de manière à les rassurer. Selon une étude du cabinet PWC de septembre 2016, le chiffre d'affaires de ces plateformes devrait augmenter au rythme de 35% par an en Europe dans les prochaines années pour atteindre 83 milliards d'euros annuels d'ici à 2025 contre 4 milliards aujourd'hui.
Uber ne fait en réalité qu'anticiper les obligations de la loi travail de 2016 de Myriam El Khomri qui introduit un principe de «responsabilité sociale des plateformes». Ces dernières seront ainsi dans l'obligation, à compter du 1er janvier 2018, de prendre en charge l'assurance volontaire acquittée par leurs travailleurs indépendants en matière d'accident du travail, ou un contrat collectif aux garanties équivalentes. Mais c'est également pour la première plateforme de courses à la demande par VTC l'occasion de mieux fidéliser ses chauffeurs vis-à-vis de la concurrence qui s'intensifie dans le secteur avec l'arrivée de Taxify en partie financé par le géant chinois Didi.
Pénurie de chauffeurs en vue.
Alors que la fin programmée de l'activité des chauffeurs Loti («loi d'orientation des transports intérieurs») sur les différentes plateformes à partir de 2018 prévue par la loi Grandguillaume fait craindre une pénurie de chauffeurs VTC, Uber multiplie les gestes afin de tenter de s'assurer la disponibilité de ces derniers.
Après une médiation gouvernementale qui avait abouti, en février dernier, à ce qu'Uber propose une aide financière aux chauffeurs en difficulté, l'application américaine a annoncé diverses mesures d'accompagnement comme des formations gratuites des chauffeurs en vue de l'examen VTC ou un partenariat avec l'Adie (microcrédit) pour des prêts à taux zéro. En revanche, les dicussions entre Uber et les syndicats et associations de chauffeurs de VTC concernant la facturation et une baisse de la commission pratiquée par la plateforme (25%) n'ont pas abouti à ce jour.
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