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El Roslino
3.000 tonnes de viande contaminée à la tuberculose bovine sont mises en rayon chaque année en France, selon le Canard Enchaîné. Avec quel risque pour la santé du consommateur ? Réponse d'une spécialiste.
VIANDE. Le 25 octobre 2017, Le Canard Enchaîné a révélé une information inquiétante : "plus de 3.000 tonnes de bidoche diagnostiquée positive à la tuberculose bovine" sont "vendues en douce dans les supermarchés". Ce qui laisse penser que l'on fait prendre des risques au consommateur "dans son dos"... Un article qui a fait bondir plus d'un spécialiste du sujet, dont Barbara Dufour, vétérinaire et chercheur en maladies contagieuses et épidémiologie à l'école vétérinaire d'Alfort. "On ne peut pas faire de la désinformation sur un tel sujet", réagit-elle auprès de Sciences et Avenir.
L'infection ne touche pas la viande de l'animal.
Le journal alerte que "plus de 8.000 vaches diagnostiquées positives à la tuberculose bovine finissent en barquettes dans les rayons des supermarchés". Mais cela ne signifie pas que ces animaux sont malades et toutes leurs parties sont impropres à la consommation. "La bactérie à l'origine de la tuberculose bovine, Mycobacterium bovis ne se développe pas dans le sang, et donc dans la viande, mais dans certains ganglions de l'animal, et encore dans la majorité des cas, l'on n'observe aucune lésion au niveau des ganglions." Ce n'est donc pas un scandale de consommer la viande de bovins infectés, puisqu'elle reste saine.
LAIT NON PASTEURISÉ. Toutefois, Mycobacterium bovis peut atteindre l'homme. Le Canard raconte "qu'une cinquantaine de malchanceux, surtout des éleveurs ou des vétos en contact avec le bétail" est contaminée chaque année. Une information que la spécialiste conteste. "L'on estime effectivement le nombre de cas de tuberculose humaine à M.bovis par an en France à 50 mais aucun n'est lié à une infection récemment contractée sur notre territoire ! Ce sont soit des cas importés de pays où la tuberculose bovine est encore très présente dans les élevages, soit des cas de personnes âgées ayant été infectés durant leur enfance et pour lesquelles la bactérie ne s'active que très tard et se multiplie, quand leur immunité diminue avec l'âge ou avec une maladie grave", explique-t-elle. Ce n'est pas la viande mais l'ingestion de lait non pasteurisé, notamment dans les pays du Maghreb, qui est à l'origine de l'infection.
C'est ainsi qu'en 2014, l'on dénombrait 16 cas de tuberculose à Mycobacterium bovis. Toutes des personnes âgées nées en France, originaires d'Afrique et d'Europe de l'Est ou du Sud. On est loin des 50 cas par an. "Il est difficile de savoir pour chaque patient si sa tuberculose est causée par Mycobacterium bovis ou par d'autres bactéries à l'origine de la tuberculose, mais on estime qu'1% des cas de tuberculose sont causés par Mycobacterium bovis parmi les 5.000 cas de tuberculose par an dans le pays, d'où les 50 cas", explique Barbara Dufour.
Moins de 0,1% des cheptels infectés.
La lutte contre la tuberculose bovine a débuté en France dès les années 1950. A l'époque, 25 % des troupeaux sont touchés. Depuis, les élevages font l'objet de visites systématiques des vétérinaires sanitaires pour dépister la maladie. "Grâce aux efforts des politiques publiques, le nombre de cheptels infectés est descendu en-dessous de 0,1% avec environ 1% d'animaux infectés dans ces troupeaux", rapporte la spécialiste. C'est à ce prix que la France est considérée par les services vétérinaires européens comme indemne de la tuberculose bovine depuis 2000.
PRÉCAUTION. Dans les années 1980, en cas de réaction positive au test, tout le troupeau est abattu par principe de précaution. Mais les connaissances scientifiques évoluant sur le sujet, il a été décidé depuis une décennie un abattage partiel de l'animal, comme l'indique la réglementation européenne en 2004 : "lorsqu'une lésion tuberculeuse a été découverte dans les ganglions lymphatiques d'un seul organe ou d'une seule partie de la carcasse, seul cet organe ou cette partie de la carcasse et les ganglions lymphatiques connexes doivent être déclarés impropres à la consommation humaine". L'animal est abattu séparément des autres et des examens sont réalisés sur la carcasse. Car pour eux aussi, comme pour l'humain, la bactérie peut ne jamais se disséminer dans l'organisme.
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