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Alors que l'Angleterre va adopter à son tour une loi antipiratage, Virgin Media est le 1er FAI à tester la surveillance des fichiers sur son réseau pour des raisons autant économiques que légales.
D'ici peu, les Britanniques abonnés au fournisseur d'accès à Internet Virgin Media seront sous surveillance sans le savoir. Le FAI a en effet annoncé jeudi qu'il allait commencer à tester, à l'insu de ses clients, un outil capable de détecter les échanges de fichiers illégaux.
CView, c'est son nom, va pratiquer une inspection approfondie des paquets de données (Deep Packet Inspection) sur environ 40 % du réseau de Virgin Media afin d'analyser le trafic pour repérer les échanges de fichiers en peer to peer. Mais ce n'est pas tout. CView séparera ensuite le bon grain de l'ivraie en identifiant précisément les contenus protégés.
Dans un premier temps, le test avec Virgin Media se limitera aux fichiers musicaux. La société Detica, à l'origine de CView, assure que sa solution « non-intrusive » analyse les comportements des internautes sans les identifier ni stocker de données personnelles.
C'est pourtant bien cette technologie que le gouvernement britannique envisage d'adopter pour appliquer sa législation de lutte contre le piratage.En effet, Detica est une filiale de BAE Sytems, le n°1 européen et n°3 mondial sur les marchés de la défense et de l'aérospatiale, qui entretient à ce titre des liens étroits avec le gouvernement de Sa Majesté.
L'Angleterre aura aussi sa riposte graduée
Elaboré par le secrétaire d'Etat au Commerce, Lord Mandelson, le projet de loi a été déposé le 20 novembre à la Chambre des Lords. Cette loi devrait entrer en vigueur au printemps prochain en instaurant une phase d'un an pendant laquelle les FAI et l'Ofcom, l'autorité de régulation des télécoms anglaise, devront traquer le téléchargement illégal et envoyer des avertissements aux contrevenants.
Si au terme de cette année la fraude n'a pas diminué d'au moins 70 %, des mesures de riposte graduée seront alors mises en place. La coupure de la connexion Internet sera, comme en France, l'ultime mesure de rétorsion.
En France justement, les modalités techniques pour l'application de la loi Hadopi sont en pleine discussion, comme nous l'a confirmé le service de communication d'Orange. « Des groupes de travail planchent actuellement sur la mise en place des solutions techniques et les choses sont loin d'être réglées », nous a-t-on indiqué. L'opérateur historique confirme en revanche que le recours à des sociétés tierces pour la surveillance du réseau est assez probable.
Une « vaste hypocrisie » pour UFC-Que Choisir
Interrogé par 01net. au sujet de CView, Edouard Barreiro, chargé de mission nouvelles technologies auprès de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, dénonce une « vaste hypocrisie. La seule chose que veulent ces gens, c'est savoir ce qui se passe sur leur réseau pour prendre des sous », ajoute-t-il.
En effet, Virgin Media a clairement annoncé que l'expérience avec CView lui servira aussi à préparer le lancement de sa propre offre de téléchargement payante. On imagine déjà des abonnés de Virgin Media recevant un courriel les avertissant qu'ils ont été repérés pour téléchargement illégal et dans le même temps une proposition d'abonnement au service du FAI...
Traçant un parallèle avec la France et la loi Hadopi, Edouard Barreiro déplore des mesures législatives « sans recul » et grâce auxquelles va prospérer toute une économie du piratage avec d'un côté « des sociétés tierces qui feront commerce de la surveillance des réseaux et de l'autre des solutions payantes de réseaux privés cryptés sur lesquels vont se réfugier les systèmes de peer to peer et d'autres criminels que l'on ne pourra plus identifier ». En Angleterre, une pétition contre le projet de loi déposée sur le site officiel du Premier ministre a déjà recueilli 25 790 signatures depuis le 20 octobre.
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