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El Roslino
Le Mont-Blanc subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. Il est aussi affecté par les incivilités et initiatives saugrenues. Néanmoins, selon plusieurs professionnels, il ne serait pas « surfréquenté ».
Le Mont-Blanc, attaqué comme toutes les montagnes et leurs glaciers des Alpes par le changement climatique, est aussi menacé par des incivilités et initiatives saugrenues, assurent les acteurs locaux. Son piteux état est visible : la Mer de Glace arbore une alternance de roches grises et de glace vive bleutée.
Le président de la République, Emmanuel Macron, en Haute-Savoie la semaine dernière , a dû descendre 520 marches pour y prendre pied, depuis la gare du Montenvers . Plus d'un siècle avant lui, en 1910, le président Armand Fallières la contemplait de plain-pied au moment d'inaugurer officiellement le petit train éponyme.
Le Groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat (Giec) a confirmé les craintes dans son dernier rapport de septembre : les glaciers de basse altitude dans les Alpes, mais aussi le Caucase ou la Scandinavie, pourraient perdre 80 % de leur volume d'ici 2100 et beaucoup pourraient disparaître, même en limitant le réchauffement.
Selon l'Ecole polytechnique de Zurich, en l'absence de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, les 4.000 glaciers alpins risquent de fondre de plus de 90 % d'ici la fin du siècle, et un futur président du XXIIe siècle pourrait bien observer une coulée morainique...
Sur la période 1970-2015, le glacier d'Argentière a perdu près de 20 % de sa surface, la Mer de Glace près de 10 % et les Bossons environ 7 %, précise Antoine Rabatel, glaciologue à l'Institut des géosciences de l'environnement, à Grenoble.
Côté italien du Mont-Blanc, le glacier Planpincieux a été placé sous la surveillance de radars. L'été dernier, sa fonte accélérée laissait craindre que 250.000 m3 de glace se déversent dans une vallée peu habitée mais touristique.
20.000 grimpeurs par an.
Si Emmanuel Macron ne peut guère enrayer le recul des glaciers pas plus le dégel du permafrost, il entend aider les acteurs locaux à préserver le Mont-Blanc à court terme. Comparé à 2018 et la visite de Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique, « un cliquet est passé dans l'opinion publique, donc la réponse politique pourrait en tenir compte », espère Eric Fournier, maire de Chamonix (UDI), soutenu par LREM aux municipales. Pour lui, « il faut des mesures très très fortes sur bâtiment, l'énergie, les transports, le tourisme. Pour des mesures de résilience et d'adaptation ».
Aux pieds du colosse, plusieurs professionnels s'inscrivent toutefois en faux contre l'idée d' une « surfréquentation » du Mont-Blanc . « Le terme n'est pas approprié », affirme parmi eux Michel Minier président du comité départemental du Club alpin (FFCAM) de Haute-Savoie, qui gère les refuges.
Michel Minier estime à « environ 20.000 » le nombre de personnes qui « tentent l'ascension » chaque année. « C'est un maximum. On peut faire avec ça mais il ne faut pas augmenter, pour la préservation du site ».
De fait, la capacité de couchage est de 19.000 lits sur la saison estivale, et le surbooking interdit pour des raisons de sécurité. A l'été 2019, les refuges du mont Blanc ont connu un taux de remplissage de 70 % seulement, souligne Michel Minier. Et le reste du massif a connu une baisse de fréquentation, renchérit Eric Fournier.
Après les rares mais médiatiques incidents au refuge du Goûter en surcapacité et le squat régulier de l'abri Vallot, un système de réservation obligatoire et nominative a été mis en place en 2019.
Une « brigade blanche », composée de trois civils, a fait des vérifications, mais sans pouvoir de police. Seuls les gendarmes peuvent verbaliser les contrevenants, à hauteur de 38 euros , une dissuasion d'apparence faible mais la simple présence d'uniformes sur l'itinéraire a toutefois participé au retour d'une certaine sérénité.
Enfin presque : en septembre un Britannique est parvenu à hisser un rameur à 4.360 m pour ensuite l'abandonner, venant gonfler une liste d'incongruités déjà longue tels cet artiste italien qui voulait repeindre la cime en rouge ou ces étudiants suisses ayant improvisé un jacuzzi pour s'y photographier en maillot de bain au sommet.
Si l'épisode du rameur était « un non-événement » pour le conseiller montagne du préfet, François Marsigny, il constitue un sacrilège de trop pour le bouillonnant maire de Saint-Gervais, qui, avant de revenir à plus de raison, avait participé en 2009 au fameux tir de Zinedine Zidane dans un but hissé au sommet pour les enfants atteints de leucodystrophie.
Jean-Marc Peillex, à force de messages sur les réseaux sociaux et de lettres au gouvernement, voit sa persévérance payer : le Mont-Blanc sera une aire protégée par un arrêté préfectoral de protection naturelle.
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