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Alex31
Le canard mandarin, une espèce très colorée et plutôt rare en milieu naturel dans nos régions, s'installe désormais chaque année aux abords des cours d'eau.
Quelques canards mandarins originaires d'Asie du Nord-Est sont signalés sur les cours d'eau des Ardennes. Échappés certainement de captivité, certains se sont acclimatés et font le bonheur des photographes amateurs.
Alex31
Le paysage est monochrome et sans soleil ce mercredi 12 février dans la vallée de la Meuse à Monthermé. Depuis une semaine, le fleuve boueux n'en finit pas de prendre ses aises et de déborder dans les prairies. La fin de l'hiver nous impose ainsi une dernière image tout en sépia.
De petites touches de couleurs viennent égayer les bords de la Semoy en cette fin d'hiver à Monthermé dans les Ardennes.
Seuls, quelques petits êtres venus d'ailleurs, vont rompre cette monotonie récurrente avec leur fière allure : de drôles de canards multicolores se détachent du tableau. Ce sont des mandarins. D'habitude, on en croise dans les zoos ou en captivité chez des éleveurs, mais là, ils ont été signalés à Monthermé, sur les bords de la Semoy, un affluent de la Meuse.
Alex31
Les canards de Bernard.
Un homme les surveille ce matin sous son parapluie de camouflage : c'est Bernard Delhaye, photographe amateur à ses heures, et grand amoureux de la nature et de ses Ardennes. Ne lui dites pas que cet oiseau magnifique est de la famille des anatidés, qu'il mesure entre 41 et 49 centimètres de longueur pour 630 grammes environs, il n'en a que faire.
Bernard Delhaye, un véritable chasseur d'images dans la vallée de la Meuse qu'il affectionne, et qu'il immortalise chaque jour.
Alex31
Bernard ne voit, en ce spécimen coloré, qu'un doux moment poétique à cadrer dans l'objectif de son appareil photo, une petite œuvre d'art sur palmes. Il faut avouer que l'oiseau a de quoi séduire avec sa palette de couleurs embarquée. Cet habit de fête resplendissant, le mâle va le garder jusqu'à la période de reproduction. Ensuite, vers la fin du printemps, il reprend une apparence plus classique et se confond avec sa femelle.
Chez les canards mandarins, le mâle va présenter ses plus belles couleurs à la femelle, le temps d'une séduction.
Alex31
Au pied du déversoir de la racine de Monthermé, dans le bras du roy de la Semoy, Bernard est venu ce matin attendre sa majesté, encore tout en beauté.
Il n'en a toujours pas marre, Bernard, de ces canards, au contraire." Ça fait 8 ans que je les observe sur la Semoy", me chuchote-t-il en s'accroupissant à l'affût derrière un arbre.
Bernard Delhaye a écrit :
Plus les années passent, plus il y en a. C'est bon signe. Ce sont certainement au départ, des canards échappés d'un élevage ou, des amoureux de la nature qui les auraient lâchés, car ce sont des canards d'ornement d'habitude.
Alex31
En prenant une dizaines de photos du petit groupe de mandarins en face de nous, il rajoute: "ça égaye un peu les bords de la Semoy bien triste en ce moment. Là, aujourd'hui, c'est un record : il y a trois mâles et quatre femelles. C'est tout de même rare". On s'approche doucement de la petite famille arc en ciel en se faufilant derrière de hautes herbes. Les palmipèdes se jettent à l'eau et remontent le courant tous ensemble.
Visuellement à mi-chemin entre un petit perroquet et un oiseau de paradis, le mandarin est vraiment un canard d'exception.
Alex31
"Pour un photographe, les couleurs des mandarins c'est formidable", nous lance Bernard, le sourire en coin. "Quand je publie mes photos sur les réseaux sociaux, les commentaires sont élogieux avec plein de superlatifs pour ces canards-là. Tout le monde est émerveillé en les découvrant dans nos Ardennes".
Quand les petits mandarins prennent la vedette aux colverts de la vallée, personnes ne se plaint dans les Ardennes.
Quand on demande à Bernard quelques conseils pour les photographier au plus près, il nous partage ses expériences: -"Il faut s'approcher progressivement, sans gestes brusques car ils s'envolent facilement. Dès qu'il y a un peu de soleil, c'est idéal pour les photographier. C'est un vrai plaisir de voir ces magnifiques couleurs, et ça change du canard colvert plutôt classique".
Alex31
Quand Le Renard surveille le canard.
A quelques tirées d'ailes du déversoir de Monthermé, l'association Le Renard, un regroupement de naturalistes ardennais, connaît bien ce nouvel invité venu d'Asie. C'est une ancienne maison ardennaise à Poix-Terron qui leur sert désormais de bureau, à la campagne, en milieu naturel, bien évidemment. Pour ces passionnés, la protection de la nature, la sensibilisation et l'information du public est une mission au quotidien.
L'association Le Renard, à Poix-Terron dans les Ardennes suit de très près la faune locale, l'étudie, et mène des actions.
Alex31
L'ambiance est studieuse dans la bâtisse décorée avec les posters du célèbre goupil. Jérémy Potaufeux, chargé d'étude, se libère d'un bureau pour me renseigner sur ces mandarins venus de loin. "Normalement, on a une à deux données de présence par an dans les Ardennes" me confirme-t-il en préambule. "Le mandarin est observable un petit peu partout en France, c'est peu commun, mais c'est régulier. C'était une espèce introduite en 1800 en Angleterre à la base comme canard d'ornement. Mais depuis, c'est devenu une population férale, c'est-à-dire, des oiseaux qui s'installent en milieu naturel après s'être échappés".
Jérémy Potaufeux, chargé d'étude à l'association Le Renard, connaît bien les habitudes du canard mandarin en milieu naturel.
Jérémy Potaufeux, chargé d'étude a écrit :
C'est une population sauvage qui ne devrait pas être là, chez nous, car les mandarins viennent d'Asie orientale. D'après les données, c'est une espèce qui se déplace et qui va suivre les canards locaux, comme le célèbre colvert. Ceux de Monthermé, ce sont des individus qui vont passer l'hiver et remonter pour nicher ailleurs. Il y a quelques nicheurs en France, mais pas encore dans les Ardennes.
Alex31
Quand on demande à Jérémy si leur présence est invasive ou pose problèmes, il rassure en ces termes: "Comme n'importe quelles espèces introduites ainsi en milieu naturel, elle peut avoir une petite impacte. Le mandarin, lui, va prendre la niche écologique des autres oiseaux. Il va nicher dans les arbres, les troncs creux, et, du coup, il vole la place d'autres oiseaux qui sont chez nous. Mais comme les effectifs sont faibles, il n'y a pas de soucis pour l'instant. On les surveille".
Le mandarin vit en couple tout sa vie: c'est un beau symbole de fidélité en Asie.
Le mandarin, un fidèle compagnon.
Ce petit canard aux milles couleurs a tout d'un grand séducteur. Mais c'est un fidèle parmi les fidèles et son comportement est associé, en Asie, à cette belle qualité. On l'offre même souvent en cadeau aux couples jeunes mariés en Chine. Dans les Ardennes, désormais, ce petit ambassadeur de l'accord parfait, nous rappellera, à chacune de ses rencontres, son doux message.
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