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El Roslino
Charles de Gaulle
Résistant de la Seconde Guerre mondiale, "homme de la situation" pendant la Guerre d'Algérie et acteur principal de la construction de la Cinquième République, le général de Gaulle aura incarné la France durant de nombreuses années. Homme politique français, Charles de Gaulle est né le 22 novembre 1890 à Lille. Il a mené la résistance française contre l'Allemagne. Il fut président de la République de 1959 à 1969.
Passionné par le passé de son pays, il répondit présent à ses convictions en endossant le rôle du personnage qui ne subit pas l'Histoire mais la construit. Si sa méfiance vis-à-vis des partis lui fait quitter la politique en 1953, l'exceptionnelle gloire dont il jouit auprès des Français lui permet d'endosser à nouveau le rôle de sauveur en 1958. Mais cet homme, qui lorgnait traditionnellement vers le passé glorieux de l'Europe et de la France de l'Ancien Régime, fut finalement rattrapé par la modernité.
Ancien apôtre de la guerre de mouvement en conflit avec les conservateurs, il devint aux yeux de la jeunesse le symbole de l'immobilisme. Pourtant, sa gloire n'en fut pas véritablement ternie et sa conception de l'économie et de la gouvernance inspirera longtemps la droite gaulliste sous la Cinquième République. Il est mort le 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne).
Les débuts de Charles de Gaulle.
Né à Lille en 1890, Charles de Gaulle reçoit de sa famille une éducation conservatrice où catholicisme, patriotisme, admiration de l'Ancien Régime et érudition constituent les principales valeurs. Son père, professeur, le confie aux Jésuites et lui ouvre les portes d'une riche bibliothèque familiale que le jeune Charles dévore, avec un intérêt particulier pour Péguy et Bergson, et surtout Chateaubriand. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le jeune militaire brillant et fougueux rejoint en quelques années le statut de personnage historique. Percevant l'histoire et la politique avant tout comme l'œuvre de grands hommes, il suit ainsi ses aspirations.
Charles de Gaulle, un militaire passionné.
S'orientant vers une carrière militaire, Charles de Gaulle entre à l'école de Saint-Cyr à 18 ans. Deux ans avant la Première Guerre mondiale, il sort treizième de sa promotion et rejoint le 33e régiment d'infanterie d'Arras, alors commandé par le colonel Pétain. Lors de sa première affectation, il gagne la confiance et les éloges de Philippe Pétain ainsi que le grade de lieutenant.
Quelque mois après le début de la Grande Guerre, il est promu capitaine. Il fait preuve d'un vif engagement lors des combats. Blessé à deux reprises et décoré de la Croix de guerre, il est finalement fait prisonnier au terme d'une courageuse bataille à Verdun. Soucieux d'être au cœur de l'action, il multiplie les tentatives d'évasion qui se soldent toutes par des échecs. Il ne sera libéré qu'à la fin de la guerre. Il part alors combattre en Pologne contre la Russie soviétique.
Parallèlement à sa carrière militaire, Charles de Gaulle a épousé Yvonne Vendroux en 1921. Charles et Yvonne de Gaulle ont trois enfants : Philippe de Gaulle (1921), Élisabeth de Gaulle (1924-2013) et Anne de Gaulle (1928-1948). Cette dernière était porteuse de trisomie 21. Après s'être marié en 1921, il rejoint l'école de Saint-Cyr pour enseigner, mais ses théories qui mettent l'accent sur le mouvement et le rôle des blindés suscitent l'hostilité de ses supérieurs.
En 1925, il est appelé par le Maréchal Pétain pour écrire une histoire du soldat français. Rapidement, les revendications de paternité sur ces ouvrages sépareront les deux hommes. Les différentes publications de de Gaulle renforcent sa mésentente avec l'Etat-major tandis que son insistance sur l'importance des cuirassés et ses tentatives de rallier le monde politique à ses idées ternissent son image auprès de ses supérieurs.
"Paris libéré" et De Gaulle au pouvoir.
Quelques jours après le débarquement en Normandie, le général de Gaulle prononce un discours acclamé. Mais surtout, le 26 août 1944, il fait un triomphe à Paris lorsqu'il descend les Champs-Élysées et use de son talent d'orateur. Il prononce sa célèbre phrase : "Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré !".
Dès le 3 septembre, il prend la tête du gouvernement provisoire qui doit faire face à des missions délicates : poursuivre la guerre jusqu'à la défaite de l'Allemagne nazie, parvenir à prendre part aux négociations de paix et rétablir la République tout en évitant la guerre civile. De Gaulle instaure donc un gouvernement d'unité nationale qui doit répondre aux attentes de chacun, y compris les communistes.
Tandis que de nombreuses entreprises sont nationalisées, les femmes obtiennent le droit de vote. Mais la constitution qui se prépare oriente la France vers un régime parlementaire ne flattant guère la conception présidentielle du pouvoir du général de Gaulle.
Il démissionne donc le 20 janvier 1946, et expose son point de vue lors de la Conférence de Bayeux du mois de juin suivant. Finalement, il fonde le Rassemblement du Peuple Français (RPF) en avril 1947. D'abord très influent, le parti décline rapidement et amène de Gaulle à se retirer de la vie politique en 1953. Il entame alors ce que Malraux appelle sa "traversée du désert".
De Gaulle, Président de la Ve République.
En 1958, les événements d'Algérie précipitent le retour du général sur le devant de la scène. Alors qu'il s'était retiré à Colombey-les-Deux-Eglises depuis 1953, il amorce sa réapparition en politique au printemps 1958, avant d'être appelé le 29 mai à la présidence du Conseil par René Coty. Il charge alors Michel Debré de rédiger une nouvelle constitution, qu'il fait approuver par référendum au mois de septembre suivant. En janvier 1959, il devient président d'une France désormais sous le régime de la Cinquième République.
Il doit alors gérer une crise politique et monétaire. Cette seconde trouve une réponse avec la mise en place du nouveau Franc en 1960. Quant à la guerre d'Algérie, le chemin est plus long et aboutit aux accords d'Evian le 18 mars 1962. Entre temps, le Président aura su gérer le putsch des généraux et les débordements de l'OAS. C'est à Alger, dans ce contexte de tensions, que Charles de Gaulle prononce la célèbre formule "Je vous ai compris !". Mais il est victime de l'attentat du Petit Clamart le 3 juillet, dont il sort toutefois indemne.
Alors que l'indépendance de l'Algérie est effective, de Gaulle rencontre des difficultés en politique intérieure, mais parvient à s'affirmer en terme de politique extérieure. Malgré la contestation de certains parlementaires face à la décision d'élire le Président au suffrage universel, le référendum lui donne raison, ainsi que l'élection de 1965 qui le reconduit - difficilement - dans ses fonctions.
Sur le plan international, de Gaulle impose sa vision de la France, qu'il veut émanciper de ses anciens Alliés. L'indépendance vis-à-vis des Etats-Unis est un de ses thèmes privilégiés. Cela le conduit à faire sortir la France de l'OTAN en 1966. Il décide également d'opter pour l'armement nucléaire, poursuivant les principes qui l'avaient conduit, en 1954, à voter contre le projet de Communauté Européenne de défense.
Sa position face à l'Europe est plutôt favorable, mais il s'oppose à deux reprises à l'entrée du Royaume-Uni, qu'il considère trop proche des Etats-Unis. Nommant l'ONU le "machin", il commet en 1967 un dernier coup d'éclat en proclamant "Vive le Québec libre", suscitant la colère des autorités canadiennes. Mais, malgré l'essor économique, une crise, réclamant la modernisation du pays, se prépare.
Histoire de Mai 68.
Alors que les Trente Glorieuses et le baby-boom ont profondément modifié la société, les étudiants parisiens, sous l'impulsion des mouvements gauchistes, déclenchent fin mars 1968 des manifestations et des blocages d'université. Ils revendiquent entre autre une refonte de l'université, mais ils expriment surtout un besoin de changement dans la gouvernance du pays. Progressivement, le mouvement prend de l'ampleur et s'étend aux ouvriers.
De Gaulle laisse le soin à son premier ministre Georges Pompidou d'intervenir. Mais face à un mouvement qui ne faiblit pas, le président s'envole sans prévenir le 29 mai pour Baden-Baden, en Allemagne. De retour le lendemain, il prononce un discours de fermeté où il dénonce la "chienlit", et appelle à manifester pour le pouvoir en place. La mobilisation qui suit cet appel est un succès, et le nouveau parti de de Gaulle sort renforcé des législatives de juin 1968. Mais l'homme politique, qui n'a pas compris les revendications de la jeunesse, est en décalage avec la société. Perçu comme un homme d'un autre siècle, le sursis qu'il a obtenu ne durera qu'un an.
Mort de Charles de Gaulle.
Le 27 avril 1969, lors d'un référendum sur la régionalisation, qu'il présente lui-même comme un plébiscite, les Français votent contre la loi et l'homme. De Gaulle démissionne dès le lendemain, et part en voyage en Irlande avant de passer la dernière année de sa vie à Colombey-les-Deux-Eglises, en Haute-Marne.
22 novembre 1890 : Naissance de Charles de Gaulle.
Charles de Gaulle naît à Lille. Il grandira au sein d'une famille catholique et traditionaliste. Son père, professeur dans un établissement catholique, l'initie à la lecture des grands auteurs de son temps que sont Bergson et Péguy. Mais parmi ses lectures, de Gaulle se sentira tout particulièrement touché et influencé par les écrits de Chateaubriand.
1908 : Entre à l'école militaire de Saint-Cyr.
Charles entre à 18 ans dans l'école militaire de Saint-Cyr. Il ne se distingue pas lors du concours d'entrée, mais sera toutefois treizième lors de la remise des diplômes quatre années plus tard.
2 mars 1916 : De Gaulle est fait prisonnier.
Au terme d'un long combat contre les Allemands à Douaumont, de Gaulle est à nouveau blessé. Mais ses soins se feront de l'autre côté du front. Prisonnier des Allemands, il est à hôpital de Mayence pour quelques temps. Il sera ensuite enfermé au fort d'Ingolstadt. Durant plus de deux ans de captivité, il fera au moins cinq tentatives d'évasion.
1920 : Participe à la guerre de Pologne.
Frustré par deux années de captivité, Charles de Gaulle ne s'empresse pas de rentrer au pays. Il préfère en effet continuer les combats. Il s'engage ainsi dans la guerre de Pologne contre la Russie soviétique.
7 avril 1921 : Mariage avec Yvonne Vendroux.
Charles de Gaulle épouse Yvonne Vendroux, fille d'un industriel de Calis. Ils s'étaient rencontrés après son retour de Pologne.
14 mai 1940 : De Gaulle à la tête de la quatrième division cuirassée.
Alors qu'Hitler a mis fin à la "drôle de guerre" quelques jours plus tôt en attaquant les Ardennes, Charles de Gaulle est affecté à la quatrième division cuirassée. Sous son commandement, ce sera une des rares divisions à présenter une véritable et efficace résistance aux nazis. Elle mènera même des contre-offensives payantes à Montcornet et à Abbeville.
5 juin 1940 : De Gaulle nommé sous-secrétaire d'État à la Défense par Paul Reynaud.
Par les contres offensives qu'il a mené à la tête de sa division cuirassée, Charles de Gaulle a prouvé la pertinence de ses thèses militaires fondées sur le mouvement de troupes et la prépondérance des chars. Paul Reynaud, alors président du Conseil, s'en souvient et appelle de Gaulle à rejoindre un gouvernement restreint et à prendre la place de sous-secrétaire à la Défense. Mais la guerre est déjà perdue pour la France et de Gaulle ne tolérera pas d'armistice avec les nazis et autres fascistes. Ainsi, face aux manoeuvres de Laval et de Pétain, il préfère traverser la Manche pour poursuivre le combat à partir de l'Angleterre.
18 juin 1940 : L'appel du 18 juin.
Le 18 juin 1940, depuis la BBC à Londres, le général de Gaulle lance un appel aux militaires français alors que le gouvernement Pétain négocie avec l'Allemagne. Son message sera diffusé sur les ondes à 22 h, et rediffusé le lendemain à 16 h. Peu écouté sur le moment, il est repris dans les journaux encore libres du sud de la France, puis affiché dans les rues de Londres... et devient le symbole de la résistance. Réenregistré le 22 juin, le jour même de l'armistice franco-allemand, le texte s'est plusieurs fois transformé. L'appel original a d'ailleurs une tonalité moins guerrière que les versions suivantes, certains dirigeants anglais interdisant au départ à de Gaulle de stigmatiser Pétain. Le 28 juin, de Gaulle sera reconnu par Winston Churchill comme le chef des Français libres.
Voici le texte original du 18 juin 1940 : "Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui. Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis. Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là. Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres.
2 juillet 1940 : Condamnation à mort par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand.
En réponse à l'appel du général, l'Etat vichyste fait le procès de de Gaulle. Le tribunal militaire de Clermont-Ferrand le condamne alors à la peine de mort pour trahison.
7 août 1940 : Churchill reconnaît la légitimité de de Gaulle.
Churchill, s'opposant ainsi à une partie de son entourage, reconnaît la pleine légitimité du Général de Gaulle et des mouvements de résistance. Autrement dit, celui-ci devient aux yeux des britanniques le véritable représentant de l'Etat français. Roosevelt, qui n'exclut pas une coopération avec le régime de Vichy et qui se méfie de la personnalité du général, sera bien moins enthousiaste. Toutefois, c'est le début d'un processus de reconnaissance et de soutien financier qui permettra à la France Libre de participer aux combats et au pays d'être considéré comme un membre des Alliés en 1945.
3 juin 1943 : De Gaulle et Giraud créent le CFLN.
Le Comité français de la libération nationale (CFLN) est créé à Alger. Il s'agit du gouvernement de la France libre, né de la fusion de celui d'Alger et de celui de Londres. Sa présidence est d'abord assurée par le général de Gaulle et le général Giraud. En octobre, De Gaulle parviendra à évincer Giraud, qui sera nommé commandant en chef des forces françaises. En juin 1944, le CFLN prendra le nom de Gouvernement provisoire de la République française.
30 janvier 1944 : De Gaulle amorce la décolonisation à Brazzaville
A l'initiative du gouvernement provisoire d'Alger, les représentants des territoires de l'empire français se réunissent du 30 janvier au 8 février dans la capitale d'Afrique-Équatoriale. Le général de Gaulle, alors chef de la France libre, préside la conférence. Dans son discours d'ouverture, il présente un projet de réforme de l'Empire colonial et définit le statut de l'empire français. Pour la première fois, la question de l'émancipation est évoquée. Mais l'indépendance n'est pas encore à l'ordre du jour et l'on tend davantage vers le principe d'assimilation.
25 août 1944 : Paris libéré.
Le général Leclerc reçoit à Paris, devant la gare Montparnasse, la capitulation des troupes allemandes. Débarqué en Normandie à la tête de la 2ème division blindée deux mois plus tôt, il est le premier Français libre à entrer dans la capitale par la porte d'Orléans. Le général von Choltitz, commandant les troupes allemandes, avait entamé deux semaines plus tôt l'évacuation de la ville en prévision de l'arrivée des Alliers. Le soir-même, le général de Gaulle s'installe au ministère de la Guerre en qualité de chef du gouvernement provisoire.
18 octobre 1945 : Création du Commissariat à l'énergie atomique.
Sous l'impulsion de Charles de Gaulle et de Frédéric Joliot-Curie, la France crée le Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Le but est alors de poursuivre la recherche nucléaire afin de prévoir ses futures applications. Juliot-Curie sera à sa tête jusqu'à l'appel de Stockholm. Le CEA a notamment pour mission de développer les énergies nucléaires et leurs méthodes de retraitement, ainsi que de participer aux programmes de Défense nationale. Il fait désormais parti d'Aréva.
13 novembre 1945 : De Gaulle chef du gouvernement.
Le général de Gaulle est élu à l'unanimité par l'Assemblée constituante nouveau chef du gouvernement provisoire. Il formera son équipe aux côtés de ministres communistes. Mais au début de l'année 1946, en désaccord avec eux, il démissionnera.
20 janvier 1946 : De Gaulle démissionne.
Après 18 mois passés à la tête du gouvernement provisoire, le général de Gaulle annonce brutalement sa démission. La raison : un désaccord avec le Parti communiste au sujet de l'élaboration de la nouvelle constitution. Il déclare au cours du Conseil des ministres qu'il a convoqué pour annoncer sa décision : "Le régime exclusif des partis a reparu. Je le réprouve". Le lendemain, il adressera sa démission à Félix Gouin, président de l'Assemblée nationale. Son absence de la scène politique va durer 12 ans.
16 juin 1946 : Discours de Bayeux.
Après avoir démissionné du gouvernement, le général de Gaulle proclame, sur les lieux-mêmes de son débarquement en 1944, le discours de Bayeux. Il y donne ses principes pour une nouvelle constitution française. Quelques mois plus tard, il fonde le RPF. Toutefois, il ne pourra mettre en échec le projet de constitution pour la Quatrième République. Le discours de Bayeux restera la principale source d'inspiration de la constitution de la Cinquième République.
14 avril 1947 : Fondation du Rassemblement du Peuple Français.
Afin de promouvor ses idées, Charles de Gaulle crée son parti qui n'en est pas un. Le Rassemblement du peuple (RPF) rassemble autour du général de nombreux hommes politiques qui appartiennent en fait à d'autres formations. De surcroît, luttant contre le "régime des partis", de Gaulle ne souhaite pas que son mouvement soit considéré comme tel. Le RPF connaîtra le succès électoral lors des municipales de 1947 mais s'affaiblira pour ne faire qu'un score moyen aux Législatives de 1951. Finalement, de Gaulle quittera la politique en 1953, entamant ainsi sa "traversée du désert".
1er avril 1953 : De Gaulle se retire de la vie politique.
Suite à l'échec électoral du RPF et face à une constitution qu'il n'apprécie pas, Charles de Gaulle décide de se retirer de la vie politique. André Malraux évoquera cette période comme la "traversée du désert" de de Gaulle. Vivant à Colombey-les-Deux-Eglise, ce dernier écrit pendant cette longue parenthèse ses Mémoires de guerre.
25 mai 1958 : De Gaulle appelé à la présidence du Conseil.
Face aux événements d'Algérie, de Gaulle, appuyé par Jacques Chaban-Delmas, prépare depuis le début du printemps son retour dans la vie politique française. En effet, de nombreuses personnalités avaient jusqu'alors appelé à ce qu'il revienne pour gérer la situation difficile et le climat d'insurrection qui règnent en France. Après avoir rassuré sur ses visées démocratiques, tout en s'affirmant prêt à prendre en charge la direction du pays, il est appelé par le Président de la République René Coty à prendre la présidence du Conseil. Il a alors les pleins pouvoirs pour réviser la constitution.
4 juin 1958 : De Gaulle à Alger : "Je vous ai compris".
Du haut du balcon du gouvernement général d'Alger, les bras en V, De Gaulle lance à la foule qui exulte : "Je vous ai compris". Charles De Gaulle a été rappelé au pouvoir après la révolte des Français d'Algérie le 13 mai. Son cri laisse croire qu'il est résolu à conserver l'Algérie française, et créera d'amères désillusions parmi les colons d'Algérie. Les accords d'Evian, qui mettront fin à la guerre d'Algérie, sont signés le 18 mars 1962.
14 septembre 1958 : Naissance de l'amitié De Gaulle-Adenauer.
Le chancelier allemand et le président de la République française se rencontrent pour la première fois à Colombey-les-deux-Églises, dans la demeure personnelle de Charles de Gaulle. Treize ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, cette entrevue marque le début d'une amitié franco-allemande qui ira bien plus loin que de simples relations diplomatiques. Les deux chefs d'Etat partageront une estime et une amitié réciproques qui faciliteront grandement le rapprochement entre les deux pays et la construction de la Communauté européenne.
10 décembre 1958 : De Gaulle élu président de la République.
Appelé à la présidence du Conseil au mois de juin, De Gaulle a préparé la constitution de la Cinquième République selon les principes qu'il avait annoncés dans le discours de Bayeux. Lors des premières élections présidentielles, il est élu avec un score de 78% par un comité de 80 000 grands électeurs.
16 septembre 1959 : Le Général de Gaulle affirme le droit à l'autodétermination de l'Algérie.
Lors d'un discours télévisé, le président français s'engage à demander aux Algériens de "déterminer eux-mêmes ce qu'ils entendent être en définitive". Il envisage trois options pour l'Algérie : la sécession totale, la francisation et l'association. Pour les partisans de l'Algérie française, c'est une profonde déception. Une opposition de droite à la politique algérienne va bientôt se faire entendre et Georges Bidault, ancien président du Conseil, fonde le Rassemblement pour l'Algérie Française. L'Algérie accèdera à l'indépendance le 5 juillet 1962, après sept ans et demi de guerre.
8 janvier 1961 : Approbation de l'autodétermination en Algérie.
Visant à statuer sur l'autodétermination des populations algériennes, le référendum proposé par le Général de Gaulle est organisé simultanément en France et en Algérie. Dans la métropole, 75,26 % des français se déclarent en faveur de la création d'une république algérienne. Dans le département français, 70 % disent "oui" à l'autodétermination.
21 avril 1961 : Putsch en Algérie.
4 généraux à la retraite (Challe, Zeller, Jouhaud et Salan) et quelques colonels prennent le pouvoir à Alger afin de s'opposer à l'émancipation de l'Algérie. Mais les putschistes ne parviennent pas à rallier l'armée d'Algérie et le président de Gaulle interdit à tous Français d'exécuter leurs ordres. Les généraux seront arrêtés et les partisans acharnés de l'Algérie française entreront dans l'OAS (Organisation de l'armée secrète) qui cessera d'exister avant l'indépendance algérienne en 1962.
17 octobre 1961 : Manifestation de musulmans à Paris.
La branche française du FLN (Front de Libération National) appelle les Algériens de France à manifester contre les mesures instaurées par le préfet de Police de Paris, Maurice Papon. Le 5 octobre, il a fait interdire à tous les Algériens de la capitale de circuler la nuit. La manifestation débute à 20h30 sur les Champs-Elysées. Non-violente, elle compte de nombreuses familles, des femmes et des enfants. Elle sera sévèrement réprimée par la police, à qui le Général de Gaulle, chef du gouvernement, a donné carte blanche. Les manifestants sont roués de coup dans les commissariats ou jetés dans la Seine. Les estimations font état de plus de 200 disparus. Longtemps nié par les autorités, le massacre du 17 octobre 1961 sera reconnu par la France en 1997.
8 avril 1962 : Les Français approuvent les Accords d'Evian.
Les accords de cessez-le-feu signés le 18 mars entre la France et le gouvernement provisoire algérien sont ratifiés par le peuple français, à 90,7% de "oui". Organisé par le général de Gaulle, le scrutin plébiscite largement la politique menée en Algérie. Le chef de l'Etat déclare à l'annonce des résultats : "Le référendum règle le problème algérien".
22 août 1962 : L'attentat du Petit-Clamart contre de Gaulle.
Le cortège présidentiel, qui vient de quitter l'Elysée pour se rendre à Colombey-les-deux-Eglises, est pris à partie par trois hommes armés de pistolets-mitrailleurs, alors qu'il traverse le Petit-Clamart. Cet attentat est l'oeuvre de l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), qui s'oppose à l'indépendance de l'Algérie. Le général de Gaulle en réchappe, et profitera de l'émotion causée par l'attentat pour proposer l'élection du président de la République au suffrage universel.
28 octobre 1962 : Référendum sur l'élection présidentielle.
Charles de Gaulle demande aux Français de se rendre aux urnes afin de déterminer si l'élection du président de la République se fera désormais au suffrage universel. Le "oui" l'emporte avec 62,25% des voix. En organisant ce référendum, de Gaulle consolide les fondements de la Vème république, mais s'attire les foudre de ses détracteurs, qui jugent qu'une telle mesure confère trop de pouvoir au président. Les premières élections présidentielles au suffrage universel ont lieu trois ans plus tard, en décembre 1965.
14 janvier 1963 - Europe : de Gaulle rejette la Grande-Bretagne.
Au cours d'une conférence de presse donnée à Paris, le président de la République française définit les grands axes de la politique étrangère du pays. Il exprime en premier lieu sa ferme opposition à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le marché commun européen (CEE). Le chef de l'Etat justifie sa position en affirmant que "la nature, la structure, la conjoncture, qui sont propres à l'Angleterre diffèrent de celles des Etats continentaux". Il se méfie surtout des solides relations que la Grande-Bretagne entretient avec les Américains. Dans la même conférence de presse, il réaffirmera d'ailleurs l'autonomie de la défense nucléaire française face aux Etats-Unis. Bien que ses partenaires y soient favorables, il posera une nouvelle fois son veto à l'entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE en 1967.
22 janvier 1963 - France-Allemagne : signature du traité de l'Elysée.
Le chancelier d'Allemagne de l'Ouest Konrad Adenauer et le président de la République française Charles de Gaulle signent le traité d'amitié franco-allemand de l'Elysée. Le texte stipule que des sommets seront organisés régulièrement entre les deux pays et instaure la création de l'Office franco-allemand de la Jeunesse. Ce rapprochement met fin à une rivalité séculaire entre les deux puissances européennes. En 1988, François Mitterrand et Helmut Kohl viendront compléter le dispositif en instituant un Conseil franco-allemand de défense et de sécurité et un Conseil franco-allemand économique et financier.
11 mars 1963 : Exécution de Bastien-Thiry.
Condamné à mort par la Cour militaire de justice, le lieutenant-colonel Jean Bastien-Thiry est fusillé au fort d'Ivry (Sud de Paris). Défenseur de l'Algérie française, il avait organisé l'attentat du Petit-Clamart contre le président le 22 août 1962. Son avocat demandera la grâce présidentielle, que de Gaulle refusera en invoquant la raison d'Etat. Bastien-Thiry est le dernier citoyen français à être exécuté pour des motifs "politiques".
14 décembre 1963 : Inauguration de la Maison de la Radio.
Alors que les chaînes radiophoniques françaises viennent d'être réorganisées (RTF-Inter est devenue France Inter, RTF-Promotion France Culture et RTF-Haute Fidélité France Musique), le général de Gaulle inaugure leur nouveau siège à Paris, en bord de Seine. La Maison de la Radio et sa forme arrondie font sensation. Conçue sur 25 000 m² de superficie par l'architecte Henry Bernard, elle compte 64 studios.
7 mars 1966 : La France se retire de l'OTAN.
Le général de Gaulle annonce officiellement l'intention de la France de se retirer de la structure militaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN). Le chef de l'Etat refuse de voir la politique nucléaire américaine dominer l'organisation. Il demande également aux Etats-Unis d'évacuer leurs bases situées sur le territoire français, à Fontainebleau et à Châteauroux notamment.
24 juillet 1967 : "Vive le Québec libre".
En visite officielle au Canada, le général de Gaulle lance depuis le balcon de l'hôtel de ville de Montréal un vibrant : "Vive Montréal ! Vive le Québec ! Vive le Québec libre ! Vive le Canada français ! Vive la France !". Les 500 000 Montréalais massés devant le chef de l'État français sont en liesse. Pour la grande majorité de Québécois francophone, la déclaration du général De Gaulle résonne comme un encouragement aux revendications indépendantistes. Mais le gouvernement d'Ottawa, la capitale fédérale du Canada, est profondément choqué et regrette "certaines déclarations faites par le président." De Gaulle devra écourter son voyage.
13 mai 1968 : Grande manifestation contre de Gaulle.
Les syndicats ouvriers (CGT, CFDT) déclenchent une grève générale et appellent à rejoindre les étudiants qui manifestent depuis le début du mois. Une foule de 800 000 personnes (170 000 selon la police) envahit les rues de Paris aux cris de "10 ans, ça suffit !", en allusion au dixième anniversaire du retour au pouvoir de De Gaulle. Les manifestants dénoncent aussi la société de consommation et le chômage inhérent au régime capitaliste.
30 mai 1968 : De Gaulle dénonce la "chienlit".
Après s'être éclipsé une journée en s'envolant vers Baden-Baden (en Allemagne) sans même prévenir son premier ministre, Charles de Gaulle prononce un discours de fermeté face aux manifestations. Dénonçant la "chienlit" comme il l'avait déjà fait le 15 mai, il appelle à une manifestation pour soutenir le pouvoir en place. Il décide également de dissoudre l'Assemblée. Ses choix semblent efficaces puisque les contre-manifestations connaissent un grand succès et que les gaullistes sont renforcés au Parlement après les législatives organisées en juin. Mais de Gaulle ne bénéficiera en fait que d'un sursis d'un an.
28 avril 1969 : Charles de Gaulle démissionne.
Pour répondre aux désirs de modernisation du pays exprimés lors des manifestations de 1968, Charles de Gaulle a préparé une réforme du Sénat accompagnée d'une loi sur la régionalisation. Il a également décidé de mettre tout son poids dans cette élection en annonçant qu'il démissionnerait en cas de victoire du non. Lorsque les résultats donnant une victoire du non sont officiellement annoncés, il remet donc sa démission et quitte définitivement la vie politique française. Il travaillera alors sur ses Mémoires et rencontrera notamment Franco.
9 novembre 1970 : Mort de Charles de Gaulle.
Charles de Gaulle s'éteint à Colombey-les-Deux-Eglises un an et demi après sa démission. Selon ses vœux, son enterrement se fait dans l'intimité, seuls les habitants du villages et ses compagnons de l'Ordre de la Libération étant invités à la messe. Toutefois, une cérémonie officielle rassemblant les présidents de nombreux pays a lieu parallèlement à Paris.