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Caroline
Files d'attente pour les chômeurs, parfois agressifs, conseillers "débordés" et "en souffrance" confrontés à des objectifs "vides de sens", Marion Bergeron, ex-CDD pendant six mois à Pôle emploi, qu'elle qualifie de "coquille vide", dépeint un système "kafkaïen".
Embauchée en avril 2009 à Pôle emploi où elle avait postulé "par hasard" après être arrivée au bout de ses allocations chômage, cette graphiste de 25 ans titulaire d'un BTS, a raconté cette expérience dans son livre "183 jours dans la barbarie ordinaire"(Plon). Elle a été de ces "petits nouveaux recrutés en CDD pour pallier le manque d'effectifs et la déferlante de la crise" sur fond de fusion.
De sa plongée dans une ex-agence ANPE de banlieue parisienne, cette longue jeune femme aux yeux clairs a écrit son livre, pas "dans une démarche thérapeutique, mais pour témoigner d'une expérience violente et incroyable", assure-t-elle à l'AFP.
Alors qu'elle pensait pouvoir "aider et conseiller les gens", elle raconte avoir découvert qu'"on n'est pas là pour suivre les demandeurs d'emploi mais pour remplir des objectifs vides de sens et pour faire de la quantité". "C'est kafkaïen, on brasse du vent", lâche-t-elle doucement.
Du guichet d'accueil où elle est restée le plus souvent pour "soulager les agents débordés", cette ex-CDD se souvient comme d'"une ronde infernale", de la file d'attente avec "les insultes, voire les agressions de gens en difficulté ayant souvent eu un parcours du combattant avec les administrations".
Marion Bergeron évoque la "trouille" et explique que "c'est dur de se retrouver face à des gens qui vous maltraitent alors qu'on comprend pourquoi". "Les gens ne cherchent pas absolument un CDI, ne sont pas si exigeants", mais parfois il n'y a que des offres "de deux jours d'intérim" à leur proposer.
Dans le lot des chômeurs, elle cite le cas de seniors victimes de leur âge, comme un professeur de littérature arabe diplômé et expérimenté ou d'"une petite dame au chômage depuis un an, secrétaire qualifiée, super bien organisée et réactive qui ne vivait plus que dans l'espoir de trouver un emploi".
Parmi ses collègues de l'agence, qu'elle décrit "en souffrance" mais "peu solidaires" exceptée une autre jeune femme, "les arrêts maladie sont devenus une rustine" et "la magouille fréquente pour que ça tienne" vu qu'"on n'a clairement pas le temps de recevoir tout le monde".
"Mon supérieur m'avait conseillé de prendre des vacances avant la fin de mon CDD pour tenir le coup, il avait raison. On se sent impuissant, inondé de demandes de gens auxquels on n'a rien à donner. J'ai pris sur moi, je me suis murée, coupée de mes proches. Un engrenage", témoigne-t-elle.
De ces quelques mois suivant la naissance de Pôle emploi, elle garde la conviction que "Pôle emploi est une coquille vide", "une promesse impossible à tenir" notamment parce que "l'indemnisation et le placement sont deux expertises totalement différentes et compliquées". A ses yeux,"c'est comme demander au poissonnier de vendre de la pâtisserie!"
"A part quelques exceptions, j'ai le sentiment de n'avoir pas aidé grand monde", confie Marion Bergeron. Depuis la sortie de son livre, elle reçoit des mails de chômeurs qui disent avoir "mieux compris les dysfonctionnements".
Après la fin du CDD, elle a encore connu le chômage. Elle se forme depuis pour obtenir une licence web grâce à un congé individuel de formation (CIF) et "trouver plus facilement un emploi". Un dispositif découvert à Pôle emploi.
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