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En 2016, des analyses du poignard de Toutankhamon révélaient que l'arme du pharaon avait été forgée à partir d'un fer d'origine météoritique. Les chercheurs ont continué sur cette voie pour tenter d'en savoir plus, et sont désormais en mesure d'expliquer comment elle a été fabriquée.
Le poignard de Toutankhamon.
Dans une nouvelle étude publiée dans la revue américaine Meteoritics and Planetary Science, une équipe de chercheurs japonais de l'Institut de technologie de Chiba, épaulée par des scientifiques égyptiens, ont été en mesure de revenir sur "la méthode de fabrication et l'origine du poignard", jusque là "restées assez floues". Découvert en 1925 dans la tombe de Toutankhamon, ce poignard est composée d'un manche en or, d'un pommeau en cristal de roche et surtout d'une lame de 34,2 cm de long faite de nickel, de cobalt, de phosphore, de carbone et de soufre, dont l'origine serait extraterrestre. Et pour cause, ces concentrations sont typiques de fer d'origine météoritique.
Depuis plusieurs années, les chercheurs se penchent donc sur cette lame particulière pour tenter d'en savoir plus. Et à la suite d'une batterie d'examens réalisés en février 2020, au Musée égyptien du Caire, les scientifiques ont réussi à identifier des figures de Widmanstätte à la surface de la lame. Derrière ce nom autrichien se trouvent des figures à la forme de lamelles très géométriques qui sont connues pour être une des caractéristiques des météorites de fer et notamment tous les octaédrites, la catégorie de météorites de fer la plus répandue.
Une lame venue d'ailleurs.
En analysant de plus près la lame, les chercheurs sont parvenus à en obtenir l'image métallographique, révélant la distribution de nickel et de chlore ainsi que des tâches noires, dues à la présence de troïlite. Probablement trouvé dans la nature sous la forme de sphère, le fer a ensuite été forgé via chauffage et martelage pour lui donner la forme d'une lame. Une découverte qui a permis d'établir la véritable nature de la météorite ainsi que les températures de chauffe :
Les faciès qui ont été observés dans les produits de corrosions et les microstructures ont permis de dire que cette lame avait été forgée à basse température, c'est-à-dire à moins de 950°C, explique Philippe Walter, directeur du Laboratoire d'Archéologie Moléculaire et Structurale (LAMS) à Sciences et Avenir. Rappelons que nous sommes aux débuts de la métallurgie du fer et que ce nouvel article permet de mieux comprendre comment les forgerons travaillaient en ces temps.
Pour mettre en forme cette lame parfaite, il a donc été nécessaire de réchauffer le métal de la météorite, puis de le marteler, et recommencer ainsi l'opération autant de fois que nécessaire, Cette publication est tout à fait intéressante car elle nous éclaire sur les gestes qui ont permis de fabriquer cette dague exceptionnelle.
Via ces analyses, les chercheurs sont également parvenu à comprendre comment les artistes de l'époque ont pu rajoutés les éléments de décor du poignard. Des éléments qui ont été collés par le biais de chaux, une présence prouvée par l'analyse de calcium via une spectrométrie de fluorescence des rayons X. Des incrustations en cornaline, en malachite et en lapis-lazulis qui ont été fixées sur le manche et dont les origines ont enfin pu être révélées.
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