La loi dite de la chronologie des médias est particulièrement stricte en France. Auparavant, les plateformes de streaming comme Netflix, Disney+ et Prime Video ne pouvaient diffuser les films que trois ans après leur sortie en salles. Récemment, les chaînes de télévisions et les principaux acteurs du cinéma se sont mis d'accord pour une révision de la loi, réduisant l'attente de diffusion à 17 mois, 15 pour Netflix après un accord financier à part entière. Sauf que les tensions restent palpables et les grands groupes français de la télévision accusent les géants du streaming de chantage.

Netflix et Disney+ à nouveau dans le viseur de la télévision française.

"Nous, responsables de télévisions gratuites, demandons aux pouvoirs publics de ne pas céder au diktat des plateformes payantes" . C'est ainsi que la tribune publiée dans le journal Le Monde débute. France Télévisions, TF1 et M6 se sont ainsi alliés face aux grandes entreprises américaines du streaming. C'est un nouveau rebondissement dans l'affaire de la chronologie des médias, qui est une loi très stricte servant à protéger le cinéma français de la désertion des salles. A titre d'exemple, il a fallu attendre trois ans avant de pouvoir visionner Avengers: Endgame sur Disney+. La firme de Mickey est pourtant entièrement propriétaire des studios Marvel. Aujourd'hui réduite à 17 mois, les principaux acteurs du streaming veulent visiblement aller plus loin, faisant planer la menace d'un boycott des salles de cinéma et d'une pression exercée pour réduire davantage la chronologie des médias.

On a vu ce phénomène principalement chez Disney. L'entreprise est la plus à même de faire pression pour réduire encore davantage cette fameuse loi. Elle a déjà frappé un grand coup en ne sortant son prochain film de Noël, Avalonia, l'étrange voyage uniquement sur Disney+ dans l'Hexagone. Pire encore, le prochain long-métrage des studios Marvel, Black Panther : Wakanda Forever risque lui aussi de faire l'impasse sur le cinéma. Une décision violente, d'autant que les principales chaînes de télévisions doivent, quand à elles, attendre 22 mois avant de pouvoir diffuser un film en clair.

"Il y va de la survie du cinéma français."

Les chaînes de Télévision rappellent également que la chronologie des médias actuelle avantage clairement les grandes sociétés de streaming au détriment de la télévision française, alors même que leur participation financière est anodine par rapport aux grands groupes nationaux.

Le nouvel accord sur la chronologie des médias a favorisé les plates-formes payantes américaines comme Netflix, Amazon Prime Video ou Disney+ en les plaçant avant les télévisions gratuites. Les télévisions gratuites ont joué le jeu alors même que l'arrivée de ces nouveaux acteurs à la puissance financière internationale est de nature à les soumettre à une concurrence accrue. Les chaînes ont accepté que les plateformes payantes puissent diffuser les films avant elles malgré l'apport supplémentaire très modeste que ces services consentent (...), moins de la moitié de celui des télévisions gratuites.

Agacés, les groupes de télévisions font mention d'un chantage opéré par les grandes firmes du streaming. Pour ne rien arranger, Netflix semble profiter de cette atmosphère conflictuelle pour remettre en cause à son tour la nouvelle chronologie des médias.

Il y va de la survie du cinéma français que les chaînes en clair financent et sont les seules à proposer au public gratuitement : souhaite-t-on que l'accès au cinéma en France soit réservé à des services payants ?

La Tribune accuse ensuite Disney d'avoir réinterprété à sa guise la récente loi, pour supprimer l'exclusivité d'exploitation des télévisions gratuites dans le but de renforcer son monopole sur de nombreuses productions. La pression exercée par la multinationale passe principalement par un boycott du cinéma français, afin de sortir ses films directement sur sa plateforme, et ainsi de conserver l'exclusivité de diffusion pour ne pas les laisser aux mains des chaînes françaises.

Pour l'instant, Disney+, Amazon Prime Video et même Canal + ont une fenêtre de diffusion de 17 mois. Celle de Netflix est de 15 mois tandis que les chaînes françaises doivent respecter un délai de 22 mois.