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El Roslino
Ubuesque. Apprendre 29 ans après avoir obtenu son permis de conduire à la préfecture de l'Aube qu'il pourrait être faux, c'est effectivement ubuesque mais c'est surtout et avant tout très stressant. Et incompréhensible. Récemment, Marie B., une Auboise installée à Nice, en a fait l'amère expérience.
Fin août, Marie se fait contrôler par les gendarmes dans l'arrière-pays. Un contrôle des plus banals auquel elle se livre sans sourciller. Son permis, elle l'a obtenu en août 1993 à Troyes, elle n'a aucune raison de se méfier. Sauf que les gendarmes lui annoncent que son permis serait grévé par un souci administratif et qu'il faudrait qu'elle contacte la préfecture de l'Aube.
En effet, passé au fichier, son permis - qu'elle est allée récupérer en personne, en échangeant son permis provisoire contre le titre permanent, à la préfecture de l'Aube - apparaît sous la mention « en cours de validité ». En cours de validité depuis 29 ans, ça prête à sourire. « Soit je l'ai, soit je ne l'ai pas mon permis mais il ne peut pas être en cours de validité depuis 29 ans », déplore Marie.
Certaine de sa bonne foi, Marie s'exécute et prend contact avec la préfecture auboise. Ils lui expliquent faire des recherches, qu'ils la recontacteront. Puis plus rien. Jusqu'à fin octobre.
« Je me suis sentie comme une criminelle. »
Un nouveau coup de téléphone pour lui demander de se présenter sur place avec son permis. Nouvelle preuve de sa bonne foi, Marie enchaîne les centaines de kilomètres qui séparent Nice de Troyes. Et la semaine dernière, elle s'y présente, pensant qu'il ne s'agit que d'une formalité. Elle quittera finalement l'enceinte sans son permis, désormais entre les mains de la police. Et l'impression d'être une faussaire. « Je me suis sentie comme une criminelle, ça fait drôle d'être traitée comme cela », se désole-t-elle encore.
Sur place, les équipes ont scanné son permis, l'ont passé à la loupe. Et estimé, de prime abord, qu'il était faux. Mais Marie, pour asseoir son honnêteté, avait également apporté avec elle son livret d'apprentissage qui recense toutes les heures de conduite engrangées avant de passer le permis. « Ils me l'ont confisqué aussi. »
Désemparée, Marie B. jure tous les saints qu'elle a bien passé le permis en 1993 à l'auto-école du quartier des Vingt-Arpents à Pont-Sainte-Marie. Malheureusement, l'établissement n'existe plus et la gérante de l'époque est décédée. « Je n'ai aucun moyen de prouver que j'ai eu mon permis » : à court de solutions, Marie B. ne sait plus quoi faire.
Son permis est désormais entre les mains d'un expert documentaire et la pauvre automobiliste, privée du sésame lui permettant de rejoindre son travail en voiture.
Une nouvelle illustration de ce que les méandres administratifs peuvent occasionner de stress à ceux qui les subissent. Mais Marie le certifie, l'assure, le promet, le jure : « J'ai bien passé et obtenu mon permis en 1993. »
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