Et si l'origine de la diversité génétique des homo sapiens était totalement différente de ce que pensaient les scientifiques jusque-là ? C'est ce qu'affirme une étude publiée il y a quelques jours. Celle-ci pourrait bien bouleverser la vision que l'on avait de nos propres origines.

Des populations fantômes à l'origine de la diversité génétique des homo sapiens ?

Dans la communauté scientifique, il est globalement admis que les humains descendent, au moins en partie, de "populations fantômes". Ce terme désigne des populations éteintes dont on n'a trouvé aucune trace (fossiles, etc), mais dont la contribution génétique a été reconnue. Les peuples indigènes d'Amazonie descendraient en partie d'une population fantôme, tout comme plusieurs peuples africains (Yorubas, Pygmées, Khoisans).

Ce sont donc les accouplements entre nos ancêtres homo sapiens et ces populations fantômes qui expliqueraient qu'une telle diversité génétique ait pu se développer. En effet, il a été prouvé que certaines différences génétiques sont plus vieilles que l'époque à laquelle on estimait qu'un tronc commun d'homo sapiens s'était divisé en plusieurs branches qui, par la suite, ne se seraient plus mélangées aux autres. Mais une étude scientifique nouvellement publiée vient donner une version différente de l'Histoire.

Des peuples qui ont régulièrement fusionné pendant 900 000 ans.

Selon les recherches menées par les équipes d'Aaron Ragsdale, généticien des populations à l'Université du Wisconsin-Madison, il serait possible que le "tronc commun" formé par les homo sapiens à leurs débuts ait été plus souple que nous le pensions. Pour faire simple, l'étude publiée dans le magazine Nature le 17 mai 2023 en est arrivée à la conclusion que des "branches" de populations diverses se sont régulièrement formées... Quitte parfois à fusionner de nouveau et à s'entrecroiser. Cette vision de l'évolution permettrait d'obtenir "une bien meilleure correspondance avec les variations génétiques actuelles des populations humaines".

Mais comment expliquer ces évolutions ? Par le climat. Toujours dans les mauvais coups, celui-ci a, dans la période s'étalant entre il y a 1 million et 100 000 années, drastiquement varié. Périodes glaciaires et de fortes chaleurs se sont ainsi succédés et ont bouleversé les modes de vie. Ces changements climatiques ont donc poussé les populations à migrer, à se rencontrer, à s'accoupler. C'est notamment lorsque une large région de l'Afrique est devenue chaude et aride il y a 120 000 ans, que deux populations auraient donné naissance aux Khoisans, des groupes ethniques peuplant l'Afrique australe. D'ailleurs, les scientifiques estiment aujourd'hui qu'une grande partie de la diversité génétique chez l'Homme, notamment en Europe, provient des fusions entre des peuples initialement venus d'Afrique.