Gaza : les reproches de Benyamin Nétanyahou aux Etats-Unis après l'appel au cessez-le-feu du Conseil de sécurité de l'ONU

Le premier ministre israélien a annulé la visite à Washington de proches conseillers.

Jamais, durant cette guerre à Gaza, Benyamin Nétanyahou n'avait été si seul. Le premier ministre israélien a franchi un nouveau palier, lundi 25 mars, dans sa confrontation avec son principal allié, en dénonçant, dans un communiqué amer, l'absence de veto de Washington à la première résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

Il a renoncé, en représailles, à envoyer aux Etats-Unis le ministre Ron Dermer, son principal lien avec l'administration de Joe Biden, et le conseil à la sécurité nationale Tzachi Hanegbi. Ces deux hommes devaient y entendre cette semaine les conseils d'une administration hostile à son projet de déploiement massif de troupes à Rafah, dans le sud de l'enclave. M. Nétanyahou a précisé qu'il avait « signifié clairement » aux Américains dès dimanche soir que leur visite serait annulée si la résolution était adoptée.

« Les Etats-Unis ont abandonné leur politique aux Nations unies aujourd'hui », a-t-il regretté, en estimant, en dépit des dénégations de Washington, qu'il s'agissait bel et bien d'une « rupture claire avec la politique constante des Etats-Unis au Conseil de sécurité depuis le début de la guerre ». Il a accusé au passage cette résolution d'offrir au Hamas « l'espoir que la pression internationale forcera Israël à accepter un cessez-le-feu sans libérer [les] otages ».

Jouer sur les divisions
L'administration Biden fait valoir, pour sa part, qu'elle accueillait lundi avec les honneurs le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, qui devait s'entretenir avec le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, le secrétaire d'Etat, Antony Blinken, et le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan. Mais ces entretiens apparaissent aussi comme une manière de jouer sur les divisions du gouvernement israélien, en cherchant une alternative à M. Nétanyahou.

Le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant (à droite), après sa rencontre avec le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, à Washington, le 25 mars 2024. ROBERTO SCHMIDT / AFP
M. Gallant ne s'affiche plus aux côtés du premier ministre depuis des semaines et il fait connaître leur désaccord sur la manière de poursuivre la guerre. Tout comme l'ex-chef d'état-major Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, qui avait été accueilli dans les mêmes conditions en février. M. Gantz a estimé, lundi soir, que « le premier ministre ferait bien de se rendre lui-même aux Etats-Unis et de dialoguer directement avec le président Biden ».

Dès vendredi, une visite du secrétaire d'Etat américain en Israël s'était achevée amèrement. Antony Blinken avait prévenu M. Nétanyahou que la sécurité de l'Etat hébreu et sa place dans le monde étaient en péril. « Vous vous en rendrez peut-être compte trop tard », avait-il précisé, selon le média en ligne Axios. Peu après, M. Nétanyahou avait promis encore une fois, dans une allocution filmée, d'envahir Rafah. Devant la passerelle de son avion avant son départ de Tel-Aviv, M. Blinken avait répété publiquement sa mise en garde.