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El Roslino
Des ballons d'excréments envoyés par Pyongyang à destination de son voisin. Le même procédé utilisé par des activistes du Sud pour délivrer à la population du Nord des tracts hostiles à Kim Jong-un et son régime, des dollars en petites coupures et même des clés USB contenant de la K-pop et des séries télé...
L'affrontement ces derniers jours entre les deux Corées peut prêter à sourire. Mais il traduit bien un regain de tension entre les deux Etats, techniquement toujours en guerre puisque le conflit les opposant de 1950 à 1953 s'est soldé par la signature d'un cessez-le-feu, et non d'un traité de paix.
Dernier épisode en date, l'état-major interrarmées sud-coréen (JCS) a indiqué ce mardi qu'une vingtaine de soldats du Nord ont franchi brièvement la frontière dimanche, à l'intérieur de la zone démilitarisée (DMZ), cette étroite bande de terre large de 4 km qui sert de zone tampon entre les deux pays, le long du 38e parallèle. Énième provocation du régime communiste, ou simple maladresse ? Après des avertissements et tirs de sommations, les militaires du Nord ont rebroussé chemin. Et Séoul a minimisé l'incident : "La situation ce jour-là était que la DMZ était envahie par la végétation et que le signalement de la ligne de démarcation militaire n'était pas clairement visible", a fait savoir un porte-parole de l'armée sud-coréenne.
Qu'il semble loin, désormais, le temps du réchauffement. En avril 2018, il s'était notamment matérialisé par une poignée de main historique entre l'ancien président démocrate Moon Jae-et Kim Jong-un, qui avait même foulé - une première pour un dirigeant nord-coréen - le sol du Sud quelques instants avant de repasser de l'autre côté de la frontière. "Ce qui se passe actuellement n'est que le reflet d'un contexte international qui tend à la bipolarisation du monde, note Pascal Dayez, ancien diplomate à Séoul et spécialiste de l'histoire de la péninsule. Et avec un président conservateur au Sud (Yoon Suk-yeol), le discours de Séoul se durcit à propos du voisin. C'est assez classique."
Il faut dire que ces derniers mois, Kim Jong-un a beaucoup montré les muscles, et pas qu'un peu, notamment avec des essais de tirs de missiles balistiques intercontinentaux. Début janvier, ce dernier a même déclaré que la Corée du Sud était le "principal ennemi" de Pyongyang. De quoi laisser craindre une escalade vers un conflit armé. "Je n'y crois absolument pas, estime Pascal Dayez-Burgeon, également chargé de mission au CNRS. Ce regain de tension, il n'est pas pire qu'avant. En 2010, il y a quand même eu une corvette sud-coréenne coulée avec 46 morts..."
"Maintenir un climat de tension, ça arrange un peu tout le monde"
Selon le spécialiste, personne dans la région n'a intérêt à faire la guerre. "Mais maintenir un climat de tension, à deux doigts du conflit, ça arrange un peu tout le monde, développe-t-il. Ça permet aux Etats-Unis de maintenir leur présence en Corée du Sud, la Chine est satisfaite du comportement de Pyongyang, qui attend de voir si Donald Trump va être réélu, alors que la Russie n'a aucune intention de voir le conflit dégénérer également."
Et pour expliquer le côté grotesque des affrontements ces derniers jours entre la Corée du Nord et son voisin, qui passe également par la diffusion de morceaux de K-pop à travers des haut-parleurs à la frontière, Pascal Dayez-Burgeon avance une autre grille de lecture, à ne pas négliger selon lui : "Les ballons qu'on s'envoie de part et d'autre, ça fait penser à la série Netflix Crash Landing on You. Tout ça, c'est un peu de la mise en scène qui consiste à faire parler de la Corée. Habituellement, c'est le Nord qui adore faire parler de lui, mais ça ne déplait pas au Sud également, qui reste un nain politique malgré son poids économique. Ces épisodes de tension qui n'aboutissent pas à la guerre, c'est de la pub gratuite pour le régime de Pyongyang, et pour Séoul dans sa démarche de 'soft power'. Il y a un côté mise en scène ridicule et c'est un jeu, que l'on peut qualifier de dangereux malgré tout."
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