Comptant parmi les jeux les plus attendus de la fin d'année 2024 aux côtés de Star Wars Outlaws et The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom, le jeu Assassin's Creed Shadows n'en finit pas de provoquer des polémiques. À tel point qu'Ubisoft a été dans l'obligation d'adresser une lettre à ses fans japonais.

Assassin's Creed : Ubisoft répond à ses fans japonais.

Prévu pour le 15 novembre 2024, Assassin's Creed Shadows vient clore une année vidéoludique déjà bien chargée. Un an à peine après Assassin's Creed Mirage, qui nous plongeait dans l'Âge d'Or de l'Islam et était la promesse d'un véritable retour aux sources de la licence, Assassin's Creed Shadows vient couronner une longue attente de la part des fans, en investissant comme terrain de jeu le Japon féodal de l'ère Sengoku. Cependant, la présence de Yasuke comme personnage jouable et la possibilité offerte au joueur de relations homosexuelles a énervé un certain nombre de fans. (On rappelle que les relations homosexuelles étaient courantes chez les samouraïs, comme l'expliquent de nombreux historiens dont les travaux sur le Japon font autorité.)

https://www.youtube.com/watch?v=vovkzbtYBC8

De nombreux japonais ont également fait part de leur mécontentement au point qu'Ubisoft leur a adressé une lettre de quatre pages sur ses réseaux sociaux. Assurant partager "la même passion pour l'Histoire et le respect profond de l'attachement [du public japonais pour] l'intégrité historique et culturelle de [leur] riche héritage", Ubisoft assure toutefois que leur collaboration avec des "consultants, des historiens et des chercheurs" a eu une influence sur leurs choix créatifs. Le studio se défend en clarifiant la nature de son prochain jeu-vidéo : "Assassin's Creed Shadows est avant un jeu vidéo divertissant racontant une fiction historique passionnante se déroulant dans le Japon féodal".

Concernant la polémique autour du personnage de Yasuke, que certains historiens considèrent qu'il était "un porteur d'armes" quand d'autres voient en lui un guerrier, Ubisoft argumente en rappelant que la licence a toujours "incorporé des éléments fantastiques pour créer des expériences engageantes et immersives". Quant à sa représentation en samouraï, les équipes créatives d'Ubisoft rappelle que le personnage est au centre de "discussions et débats" entre historiens. Ubisoft concède enfin que le jeu est appelé à changer encore et ce jusqu'à sa sortie, en novembre prochain.

Pour prendre du recul sur la question, et ne pas la résumer au seul débat parfois caricatural du "woke vs all", il convient de rappeler que certaines figures de l'Histoire japonaise, telle que le samouraï, le kamikaze et le hibakusha sont au cœur de vives controverses au Japon. L'extrême-droite japonaise - dont le corpus idéologique est bien évidemment différent des extrêmes-droites européennes - tend à réécrire l'Histoire de ces symboles historiques, en les enjolivant et en les éloignant des thèses des historiens. Ainsi, il convient de ne pas prendre au pied de la lettre la réécriture nationaliste et essentialiste du Bushido et du samouraï, en partie héritée des conceptions de la restauration Meiji.