Accusé de violences sexuelles par de nombreuses victimes, l'Abbé Pierre a montré à titre posthume son vrai visage : l'homme religieux n'est plus la figure bienveillante que nous connaissions. Pour dénoncer les crimes qui sévissent derrière les portes closes des églises, un artiste a représenté le prêtre catholique en érection. Brièvement exposée à Toulouse, la statue a fait polémique.

Une statue provocante de l'Abbé Pierre choque et émeut.

Le street artist James Colomina, dont vous avez peut-être déjà croisé une des sculptures de personnages rouges au détour d'une rue, a signé une statue pour le moins dérangeante. Dans l'église désacralisée du Gesù, au sein de sa ville natale, Toulouse, il expose sa dernière oeuvre, représentant l'Abbé Pierre allongé sur un chariot métallique, le sexe en érection et recouvert d'un drap blanc. Une manière d'illustrer et de dénoncer les innombrables abus sexuels perpétrés par le prêtre entre les années 50 et 2000. Intitulée Silentium (latin du mot "silence"), elle fait référence au manque de crédit accordé aux victimes de cet homme religieux pendant des décennies.

Selon nos confrères de France Bleu, les réactions des quelques 800 visiteurs venus voir la statue de leurs propres yeux oscillaient entre choc et émotion. Les habitants sont mitigés : "Moi, ça m'a ému aux larmes. Je pensais vraiment à toutes les victimes d'abus sexuels, d'ordre religieux ou autre" confie Noémie, tandis qu'Eddie est "assez partagé, assez troublé quand même, c'est assez particulier. C'est assez choquant, c'est assez déplacé". Nathalie, elle, "[trouve] que c'était très fort, vraiment très puissant pour la dénonciation de ce qu'il s'est passé dans l'église". Visible deux jours à peine, vendredi 1er et samedi 2 novembre, la statue n'a laissé personne indifférent. L'artiste n'a pas confié le sort qui attend cet Abbé Pierre de marbre, se réservant le droit de le vendre aux enchères.