Lors de différentes sorties médiatiques, Donald Trump a annoncé vouloir soumettre des taxes douanières sur tous les produits canadiens, mexicains et ceux de l'Union européenne (UE). Le président américain veut aussi augmenter le droit de douane sur les produits chinois. Alors, pour quelles raisons souhaite-t-il taxer ces quatre partenaires commerciaux ? On vous explique.

Vainqueur des élections américaines en novembre 2024, Donald Trump avait annoncé sur son réseau Truth Social, vouloir imposer au Mexique et au Canada, une taxe douanière de 25 % sur « TOUS les produits arrivant aux États-Unis ».

https://pbs.twimg.com/media/GdRYecwasAA … name=small

Le lendemain de son investiture en tant que 47e président américain, qui a eu lieu le lundi 20 janvier 2025, Trump déclare vouloir imposer un droit de douane de 10 % à l'Union européenne (UE). Il annonce aussi vouloir augmenter de 10 % les taxes sur les produits importés de Chine. Des taxations différentes donc, qui, bien que pas encore mises en place, questionnent Simon, habitant de Montréal (Québec) : « À quoi correspond une si grande différence de taxations entre ces quatre partenaires, alors que le Canada et le Mexique sont de bien moins grandes puissances que l'Union européenne et la Chine ? »

Le Canada prêt à riposter

Dans son discours d'investiture, Donald Trump a expliqué qu'« au lieu de taxer nos citoyens pour enrichir d'autres pays, nous imposerons des droits de douane et des taxes aux pays étrangers pour enrichir nos citoyens ».

Le Canada et le Mexique représentent près d'un tiers de toutes les importations des États-Unis. Cette taxe de 25 %, rien que sur les produits canadiens, pourrait alors « réduire le PIB canadien de 2,6 %, coûtant aux ménages locaux en moyenne 1 900 dollars canadiens par an », regrette la Chambre de commerce canadienne.

Mais pour se défendre, le Canada dispose lui aussi « d'une série de mesures déjà prêtes » si le président américain met à exécution sa menace, a indiqué le 17 janvier, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly. Sans entrer dans les détails, la diplomate a toutefois craint « la plus grande guerre commerciale entre les deux pays depuis des décennies ».

Car pour atténuer l'impact de cette taxation de la part de Trump, le Canada pourrait, par exemple, augmenter le prix des produits qu'il vend aux États-Unis, proportionnellement aux droits de douane qui lui est imposé. Comme le décrit France Info , les États-Unis importent surtout de l'énergie depuis le Canada, une taxe de 25 % signifierait donc « que les Américains payeront leur courant 25 % plus cher ».

Lutter contre l'immigration illégale et la drogue

Alors pourquoi risquer un tel conflit avec le Mexique et le Canada si les bénéfices économiques restent relatifs à long terme ? C'est parce que même si les pertes économiques qu'engendreraient ces taxes sont importantes, le véritable but de Donald Trump est d'imposer petit à petit sa politique protectionniste. En effet, le président élu a indiqué que ces droits de douane resteraient en place « jusqu'à ce que les drogues, en particulier le fentanyl (responsable de la crise des opiacés aux États-Unis), et tous les immigrants illégaux arrêtent cette invasion de notre pays ».

Donald Trump compte par ailleurs sur cette pression économique pour stimuler les entreprises américaines, créer des emplois et réduire le déficit fédéral grâce à des recettes fiscales supplémentaires. Il entend également baisser les impôts des Américains, rendant nul l'impact de ce conflit commercial pour les contribuables.

Seulement, ses détracteurs dans son pays insistent sur le fait que les répercussions économiques de ces droits de douane, malgré les baisses d'impôts, pourraient quand même impacter les consommateurs américains.Lire aussi : Le fentanyl, cette drogue qui fait des ravages aux États-Unis, pourrait-il arriver en France ?

Améliorer les bénéfices lors des échanges avec l'UE

« L'UE est très mauvaise pour nous. Ils nous traitent très mal. Ils ne prennent pas nos voitures ou nos produits agricoles. En fait ils ne prennent pas grand-chose », a déclaré le président américain, mardi 21 janvier 2025, avant d'ajouter : « Donc ils sont bons pour des droits de douane ».

Il est vrai qu'en 2023, le déficit commercial des États-Unis dans ses échanges avec l'UE « s'élevait à 131 milliards de dollars, d'après les données du représentant de la Maison Blanche pour le Commerce (USTR) », rapporte le média Les Échos. Deux ans plus tard, ça ne s'est pas arrangé, puisque le 21 janvier, Donald Trump annonçait un « déficit commercial avec l'UE de 350 milliards de dollars ».

Le président américain avait déjà menacé d'imposer des droits de douane sur les produits européens, à moins que l'Union n'augmente ses achats en pétrole et gaz américains. Le but est donc, là encore, de se servir de cette taxe comme d'une arme économique pour améliorer les bénéfices des États-Unis au dépend de l'UE.

Relancer la guerre commerciale avec la Chine

Avec la Chine, la guerre commerciale dure depuis l'ancien mandat de Donald Trump. Pour son deuxième mandat, il a promis une augmentation des taxes douanières de 10 %, qui viendrait s'ajouter à celles existantes.

Il a également promis des droits de douane pouvant aller jusqu'à 60 % pour certains produits, voire 200 % sur les importations de véhicules chinois assemblés au Mexique. La première raison est la même que pour l'UE : le président souhaite obtenir de meilleurs accords et relocaliser la production aux États-Unis.