Vous n'êtes pas identifié.
Pages: 1
Réponse : 0 / Vues : 46
El Roslino
La centrale nucléaire de Vandellòs, de la province de Tarragone, en Catalogne, doit être fermée en 2035
La première des cinq dernières centrales espagnoles doit être fermée. Malgré un consensus au sein de la population, l'industrie brandit le risque de coupure d'électricité et fait tout pour court-circuiter la sortie de l'atome.
Nouvelle offensive du nucléaire, qui voit son crépuscule approcher en Espagne. En 2019, un calendrier de fermeture de centrales a été signé avec les principaux acteurs par le gouvernement de gauche, aux affaires depuis 2018 à Madrid. Le processus d'extinction du premier réacteur est lancé. Las, depuis quelques semaines, le secteur, appuyé par la droite, a réussi à rouvrir le débat sur la sortie de l'atome dans une société qui l'a globalement bien acceptée.
Le calendrier de sortie prévoit la déconnexion des cinq centrales encore en activité dans le pays entre 2027 et 2035. Ce processus doit débuter par la centrale d'Almaraz, dans la région d'Estrémadure. Dans deux ans, certes. Mais le maintien en fonctionnement d'un réacteur nucléaire doit être anticipé deux à trois ans à l'avance. Sinon, il arrive à court de combustible. Si les pronucléaires n'agissent pas maintenant et ne font pas fléchir le gouvernement, le premier réacteur de la centrale sera inexorablement éteint en 2027.
Le solaire et l'éolien ne produisent que par intermittence
« Les groupes qui ont intérêt au maintien de l'atome voient que la fermeture devient réelle, donc ils résistent », résume Francisco del Pozo, porte-parole de Greenpeace Espagne. À commencer par les grandes entreprises de production électrique qui exploitent les centrales nucléaires. « [Elles] sont absolument nécessaires pour garder les lumières allumées à un moment où une certaine demande apparaît, comme les data centers », a déclaré Ignacio Galán, PDG d'Iberdrola, deuxième productrice du pays et opératrice d'Almaraz, lors d'une réunion d'entrepreneurs au dernier forum économique mondial de Davos.
De plus en plus importants dans le système électrique espagnol, le solaire et l'éolien ne produisent que quand le vent souffle ou le soleil brille. L'atome pallierait ce problème en attendant d'avoir développé des capacités de stockage d'énergie suffisantes pour y remédier.
Mais en Espagne, il n'est pas question de construire de nouveaux sites. On peut seulement maintenir ceux qui existent. Les défenseurs du nucléaire assurent que le gaz est une mauvaise option car il émet plus de CO2... et coûte plus cher. Ce qui pousse une partie de l'industrie, gourmande en énergie, à s'aligner sur ces positions.
Pour enfoncer le clou, la droite, qui gouverne en Estrémadure, où se trouve Almaraz, met tout son poids dans la balance pour demander le prolongement de la durée de vie utile des centrales. Résultat, le sujet fait les gros titres, et le débat est rouvert.
L'électricité nucléaire n'est pas rentable
« Beaucoup de projections ont évalué la viabilité d'un système sans nucléaire en Espagne », assure pourtant Pedro Linares, fondateur du centre de recherche Economics for Energy. Le gaz, bien que plus cher, peut tout à fait soutenir les renouvelables, analyse-t-il. Ce qui n'est pas le cas du nucléaire. « Les réacteurs sont difficiles à allumer ou éteindre, et ne peuvent adapter leur production en fonction des pics et creux solaires et éoliens, contrairement au gaz. »
« Sur le long terme, le développement du stockage d'énergie renouvelable remplacera le gaz [interdit à partir de 2040] et le système sera à la fois moins émetteur et moins cher », assure Francisco del Pozo.
Une vulgaire affaire de gros sous donc ? Iberdrola opère la centrale d'Almaraz avec Endesa, numéro 1 en Espagne. Interrogée par Reporterre, cette dernière renvoie aux communiqués du Forum du nucléaire, puissante association patronale du secteur : « Le parc espagnol est dans les meilleures conditions techniques et de sécurité. [...] L'augmentation fiscale constante [...] est la principale raison qui empêche la continuité des centrales. » Depuis son arrivée au pouvoir le gouvernement a fortement augmenté l'impôt sur la production nucléaire.
« Les réacteurs sont difficiles à allumer ou éteindre »
Ce dernier finance le démantèlement des sites de production et, surtout, le traitement et le stockage de déchets radioactifs pendant des siècles. Et ce, afin que la facture soit réglée par l'État, donc par le contribuable. Actuellement, la production d'énergie nucléaire n'est pas rentable en Espagne. « Je crois qu'il s'agit d'un poker menteur. Les entreprises qui produisent l'électricité veulent continuer d'opérer, mais dans des conditions qui leur soient favorables », analyse Pedro Linares.
Réponse : 0 / Vues : 46
Pages: 1