Dans le hall principal à double hauteur, la lampe Moon de Davide Groppi illumine des œuvres d'Isabel Garfias et d'Eliana Portilla. La structure en acier s'ouvre, par de grandes fenêtres, sur une cour intérieure riche en végétation.

Au Mexique, cette maison familiale de 1 300 mètres carrés en bois et en pierre volcanique est un régal pour les sens.

Chaque matin, à neuf heures, la lumière inonde les hauts plateaux de Potosí, l'une des quatre régions qui forment l'État de San Luis Potosí, au Mexique. Ici, maquis désertique et forêts de pins et de chênes se mêlent librement. « La végétation occupe une place centrale dans ce projet, où aucune hiérarchie ne s'impose entre le mur et la plante, la colonne et l'arbre », souligne Berenice Hinojosa, fondatrice d'Estudio Hidiin.

Aux côtés des architectes Eduardo Moreno, Verónica Gómez et Mariel Portales, Berenice Hinojosa a su réinterpréter l'essence du lieu, aujourd'hui occupé par une maison de près de 1 300 mètres carrés, inspirée des constructions mexicaines traditionnelles. Elle l'a fait avec subtilité et une touche d'inattendu, en choisissant pour point focal une cour surmontée d'un pommier.

« Son emplacement et sa forme évoquent les cycles naturels de la vie, établissant un lien direct avec le passage du temps, sans recourir à une ornementation superflue. Cette intervention reste fidèle à une approche qui évoque les maisons traditionnelles de l'ancien Mexique, conçues autour d'une cour centrale où nature et architecture se fondent dans une harmonie fonctionnelle », explique-t-elle.

« La figure de l'arbre réaffirme une identité régionale ancrée dans le paysage et l'histoire locale, donnant au projet une profondeur et une cohérence architecturales qui ne reposent pas sur l'ornementation, mais sur une intervention à la fois sobre et puissante », explique Berenice Hinojosa.

La salle à manger, avec ses hauts plafonds et ses élégantes fenêtres, est sublimée par la lampe Moon de Davide Groppi. À la nuit tombée, elle prend vie, donnant l'illusion que la lune a quitté le ciel pour s'inviter dans la pièce.

La réalité est que dans ce pays, les projets résidentiels se sont considérablement étendus. « Ils ont gagné en mètres carrés, principalement en raison de la dépendance à la voiture privée et du manque de transports publics efficaces », explique l'architecte. Pourtant, elle assure que, bien que la Casa JN ait été conçue sur trois niveaux, elle se perçoit comme une maison de plain-pied.

« Les clients souhaitaient qu'elle soit sur un seul niveau », confie-t-elle, un souhait irréalisable compte tenu des besoins de la famille et du profil du terrain. « Mais ce qui est fascinant, c'est que, malgré ses trois étages, les adultes peuvent y vivre presque entièrement de plain-pied, ce qui leur permettra de l'adapter à leur quotidien dans le futur, lorsqu'elle ne sera plus que pour eux. »

Malgré ses grandes dimensions, le projet a pu être achevé en seulement 18 mois grâce à un système de construction en acier qui permet de réduire les délais sans compromettre la qualité ou l'esthétique du résultat final. Pour Berenice Hinojosa, « cela ne reflète pas seulement l'efficacité de la construction, mais aussi une manière de repenser les processus architecturaux pour les rendre plus agiles, en s'adaptant aux exigences contemporaines sans perdre l'essence de ce que nous recherchons ».

« Confronter l'idéologie architecturale de ceux qui vivent dans la maison m'a poussée à m'interroger sans cesse sur la signification de chaque décision et sur la manière dont elle reflète leurs besoins et leurs désirs », explique Berenice Hinojosa.

« L'artisanat mexicain est un trésor inestimable qui demeure au cœur de notre pratique. Avoir l'opportunité de collaborer directement avec des artisans locaux, qui maîtrisent des techniques anciennes, est une expérience incroyable », déclare l'architecte.

Dans l'un des salons, une structure recouverte de feuilles d'or. À côté, se trouve la chaise BKF. Le bureau et la sculpture murale sont deux pièces entièrement réalisées à la main.

De l'ordre du divin

Conçue comme une suite de surprises - « Les clients souhaitaient une maison très privée, un espace fermé sur lui-même, ce qui résonnait fortement avec l'idéologie de conception de notre agence » - la Casa JN se caractérise par une palette de matériaux et de couleurs mesurée, mais riche en textures et en contrastes : la pierre volcanique, le bois, l'acier et le marbre s'harmonisent dans une mélodie à la fois calme et robuste. « La clé réside dans la subtilité avec laquelle ces éléments sont présentés », précise l'architecte.

L'ensemble est sublimé par une utilisation intelligente de la lumière et par des pièces soigneusement choisies, issues du design et de l'artisanat locaux. On y trouve notamment la lampe Moon de Davide Groppi dans la salle à manger, la PH5 de Louis Poulsen dans la cuisine, une œuvre d'Isabel Garfias accompagnée d'une pièce contemporaine d'Eliana Portilla, la Lounge Chair de Charles et Ray Eames pour Vitra dans le bureau, ainsi que la chaise BKF d'Antonio Bonet, Juan Kurchan et Jorge Ferrari Hardoy.

Outre ces icônes reconnaissables, l'intérieur de la maison offre plusieurs clins d'œil à la beauté de l'artisanat mexicain : « Les boiseries conçues pour cette maison, en particulier dans le bureau, illustrent clairement comment l'architecture peut intégrer des éléments artisanaux dans une vision contemporaine.

Le meuble mural et le bureau sont sans aucun doute nos détails préférés. Le plafond recouvert de feuilles d'or dans l'un des salons renforce cette idée : non seulement il remplit une fonction, mais il fait également référence à l'œuvre du sculpteur, poète, historien de l'art, architecte et peintre mexicain Mathias Goeritz, notamment à la maison-atelier de Luis Barragán. »

Dans le bureau, devant la grande fenêtre qui inonde la pièce de lumière et offre une vue sur la cour, se trouve le fauteuil Lounge Chair de Charles et Ray Eames pour Vitra.

La salle de bains des invités est taillée dans la pierre volcanique, la même que celle des cours intérieures.

Cœur de pierre

La visite se poursuit jusqu'aux pièces les plus privées de cette maison familiale au Mexique. L'un des lavabos se révèle être un petit bijou architectural, taillé à la main dans une pierre volcanique de grand format, la même que celle qui recouvre d'autres parties du bâtiment, créant ainsi un sentiment de continuité absolue.

« L'inspiration derrière ce design est également profondément influencée par le travail de l'artiste Pedro Reyes, dont l'exploration de la matérialité et l'interaction entre l'artisanat et le conceptuel nous ont amenés à concevoir cette salle de bains non seulement comme un lieu de service, mais aussi comme une expérience sensorielle invitant à la réflexion sur la transformation de l'espace », explique Berenice Hinojosa.

Détail d'un des salons donnant sur la salle à manger extérieure. En haut à gauche, une petite fenêtre carrée laisse filtrer les rayons du soleil.

Le bois est l'un des principaux matériaux utilisés dans toute la maison. Présent dans le mobilier, les sols, les plafonds et les murs, il renforce la sensation de continuité avec la nature extérieure.

Pour l'architecte, qui vient de rentrer au Mexique après un séjour à Madrid, la couleur et la matérialité sont étroitement liées à ses expériences passées. « Je me souviens d'une conversation avec Salvador Macías, de l'agence Macías Peredo, qui a indéniablement marqué mon processus créatif. Il m'a dit : “Berenice, s'il te plaît, quand tu feras une maison à San Luis Potosí, ne la fais pas blanche.

C'est le haut plateau de Potosí, cherche une palette qui réponde à l'essence du lieu.” Cette phrase est restée gravée dans mon esprit et m'a permis de comprendre l'importance d'intégrer l'identité de l'environnement dans la conception. Cette recommandation m'a guidé tout au long du processus de construction de cette maison, se traduisant par une palette qui non seulement s'harmonise avec le paysage, mais en fait également partie, reliant l'architecture à son contexte de manière profonde et sensible », se souvient-elle.

Cette maison est, selon les mots de son architecte, un témoignage de sa propre histoire. « Son processus, bien que difficile, a également donné naissance à quelque chose d'extraordinaire et d'inoubliable, une œuvre qui a été non seulement un succès professionnel, mais aussi une étape personnelle m'ayant permis de grandir et de me connecter davantage à l'essence de ce que signifie concevoir pour un client », explique Berenice Hinojosa. Après tout, il s'agissait de boucler la boucle.

L'une des chambres de la maison, dont la porte coulissante s'ouvre sur le patio extérieur revêtu de pierre volcanique.