James-Webb voit beaucoup de galaxies tourner dans le même sens : l'Univers piégé dans un trou noir géant ?

Une étude montre que les galaxies de l'Univers jeune sont une majorité à tourner dans le même sens. Devons-nous en conclure que le cosmos est en rotation, voire qu'il serait issu d'un trou noir faramineux, comme certains le pensent ?

La galaxie M74 (dite galaxie du Fantôme), vue en infrarouge par le James-Webb.

Et pourtant, les galaxies tournent... Notre Voie lactée, une galaxie spirale comme beaucoup d'autres, tourne aussi, mais a priori, rien ne devrait induire une rotation des galaxies dans un sens préférentiel. Pourtant, un astronome utilisant les données du James-Webb Space Telescope croit remarquer le contraire depuis maintenant un an.

En mars dernier, Lior Shamir avait déjà présenté une analyse semblable : les galaxies dans l'Univers lointain, donc plus jeune, semblent tourner de préférence dans le sens opposé à celui de la rotation de la Voie lactée. L'astronome de l'université de l'État du Kansas est aujourd'hui publié dans la prestigieuse revue Monthly Notices of the Royal Astronomic Society. Et il présente le même type de résultats avec des conclusions stupéfiantes.

Simulation de la rotation d'une galaxie sur des centaines de millions d'années.

Les galaxies en bleu, plus nombreuses que les rouges, tournent dans le sens opposé à celui de la Voie lactée.

Les galaxies lointaines tourneraient à 60 % dans le même sens !

Dans un relevé de 263 galaxies, Lior Shamir en a identifié 158 qui tournent à l'envers de la Voie lactée, contre 105 dans le même sens. Il est vrai que 60/40 est une distribution asymétrique assez notable, qui semble peu compréhensible. Si ce résultat n'est pas biaisé, alors il faudrait lui trouver une explication cosmologique.

Sur 263 galaxies de ce relevé, 158 tournent dans un sens (en bleu) et 105 seulement dans l'autre.

Une explication pourrait-elle être que l'Univers est en rotation, tout simplement ? Problème, si cette hypothèse a été proposée par le mathématicien Kurt Gödel en 1949, rien ne vient étayer jusqu'ici ce modèle cosmologique. L'Univers ne présente pas autour de nous et à nos temps cosmologiques les indices d'une rotation. Les résultats évoqués aujourd'hui concernent plutôt les galaxies de l'Univers dit primitif, proche du Big Bang.

Et si l'Univers était né dans un trou noir géant ?

Serions-nous dans un trou noir encore plus gigantesque que TON 618 ?

Cette hypothèse cosmologique, dite de Schwarzschild, propose que nous serions dans un immense trou noir qui, en tournant, aurait un axe impliquant un sens de rotation préférentiel. L'horizon de ce trou noir serait notre horizon cosmologique, le plus loin que nous puissions regarder, soit une distance de 45 milliards d'années-lumière environ. Toujours d'après cette théorie, l'expansion de l'Univers serait due à la matière que ce trou noir, présent dans un univers englobant le nôtre, absorberait.

L'idée a ses charmes, mais n'est corroborée par pas grand-chose d'autre : un trou noir possède un centre, or notre univers ne semble pas en avoir. Si nous étions dans un trou noir, beaucoup d'autres paramètres cosmiques iraient dans ce sens, et à notre connaissance ce n'est pas le cas.

L'explication la plus simple, celle qui nécessite le moins d'hypothèses extraordinaires, serait que la rotation de la Voie lactée induit un biais d'observation (dû à l'effet Doppler), ou que cette asymétrie assez légère de 60/40 est basée sur quelques mesures. En réalité, sur un échantillon de galaxies plus grand, nous arriverions bien à 50/50.

Dernier indice suggéré en début d'article : ce papier du Monthly Notices of the Royal Astronomic Society n'est signé que par un astronome. Aussi brillant puisse-t-il être, c'est plutôt rare dans ce milieu et incite à la prudence, d'autant plus pour une observation d'une telle portée. Mieux vaut attendre des publications d'autres astrophysiciens et astronomes avant de véritablement envisager que notre modèle cosmologique doit être revu à l'aune d'une naissance dans un trou noir.