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Philippe
Depuis une ferme isolée, il vendait des produits stupéfiants sur Internet en utilisant un routeur indétectable. Un mode opératoire inédit en France. Interpellé samedi dernier, il a été présenté mardi devant la justice.[...]
C'est "une première en France et peut-être en Europe", selon un fonctionnaire de police de l'Office central de répression contre le trafic de stupéfiants (Octris). Samedi dernier, dans un village de la Loire, la cyberdouane a interpellé un homme de 26 ans, soupçonné de se livrer à la vente de produits stupéfiants sur le darknet, "l'Internet invisible".
Il aura fallu un mois aux services de la douane pour remonter jusqu'à Lionel G., un ancien légionnaire particulièrement doué en informatique. Celui-ci est soupçonné d'avoir vendu différents types de drogues par Internet en utilisant un routeur indétectable, non référencé sur les moteurs de recherche, le logiciel de navigation TOR (pour "The Onion Router").
Ce navigateur permet de circuler sur le Net de façon anonyme ("darknet") et d'accéder à un réseau informatique composé de routeurs "en couches d'oignons". Il s'agit, selon les termes d'un enquêteur, "d'un réseau mondial, superposé et décentralisé, qui transmet des flux anonymisés sur Internet".
Payé en bitcoins
Lionel G. utilisait de fausses adresses IP qu'il changeait en permanence, empêchant ainsi toute possibilité de remonter jusqu'à lui ou à ses clients. Discrètement installé dans une ferme des environs de Saint-Germain-la-Montagne, dans le département de la Loire, l'homme aurait ainsi vendu directement cannabis, amphétamines et autres produits stupéfiants à des centaines de clients.
Ceux-ci passaient commande sur Internet et payaient la marchandise en "bitcoins", une monnaie virtuelle. Les clients étaient ensuite livrés par Fret Express (Chronopost, DHL ou UPS).
Grâce à une enquête dont les fonctionnaires de la douane refusent de dévoiler le mécanisme, Lionel G. a pu été identifié et interpellé samedi 14 décembre dans la ferme qu'il habitait lors d'une visite domiciliaire de la DNRED, la cyberdouane. Tous ses ordinateurs ont été saisis et 350 grammes d'amphétamines, ainsi que de la résine de cannabis, ont été découverts sur les lieux.
Jugement mis en délibéré au 30 janvier
Placé en retenue douanière dans un premier temps, l'homme a ensuite été remis - compte tenu de la gravité des faits soupçonnés - aux policiers de l'Octris. A l'issue de sa garde à vue, il a été présenté en comparution directe mardi devant la 12e chambre du tribunal de grande instance de Créteil, et remis en liberté dans l'attente du jugement, mis en délibéré au 30 janvier.
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