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Message 1 Discussion postée le 20-05-2015 à 03:03:25

Philippe
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Titre: Banni
Avancement: Niveau 3
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Messages: 3 660

Toxicomanie: la morphine produite dans sa cuisine vient d'entrer dans les champs du possible

Bonjour

‘'« Home-brewed morphine » made possible'' titre la BBC (James Gallagher). Home, sweet home ... Référence faite, dans Nature Chemical Biology, à un travail dirigé par John E Dueber (Université de Californie, Berkeley). Les auteurs y expliquent dans le détail avoir découvert  un procédé permettant de synthétiser des substances opioïdes à partir de sucre et de levures génétiquement modifiées. Soit une production de dérivés du pavot sans le pavot. Point n'est besoin d'être consommateur, trafiquant ou policier des stups pour percevoir la révolution que pourrait constituer cette petite affaire de cornues domestiques.

Betterave

L'équipe des six chercheurs, américains et canadiens (Université Concordia, Montréal) explique avoir découvert qu'en introduisant  un gène de betterave dans le génome de Saccharomyces cerevisiae(levure de bière ou levure du boulanger) la tyrosine (un acide aminé dérivé du sucre) - se transformait en réticuline - une protéine qui est l'un des chaînon moléculaire de la construction  de la morphine, codéine et autres antalgiques majeurs. Il pourrit s'agir là du chaînon manquant pour la maîtrise simple (à domicile) de cette synthèse chimique.

La porte semble ainsi ouverte à la production d'analgésiques moins coûteux. Induiront-ils moins de dépendance ? Quelle sera la rentabilité des fermenteurs ? Pour l'heure il semble qu'il ne faut pas moins de   300 litres d'une culture de levure génétiquement modifiée pour  synthétiser  300 milligrammes de morphine. Les chercheurs  se donnent deux ans pour parvenir  augmenter la rentabilité d'un facteur 1000.

Dynamite

Ces mêmes chercheurs sont conscients de détenir de la dynamite : ils mettent en garde sur la portée de leur découverte utilisée par les narcotrafiquants. « Le moment est venu de réfléchir à des moyens d'encadrer ces recherches et de prévenir de possibles abus », explique ainsi John E. Dueber. On pourrait lui rétorquer qu'il est peut-être déjà un peu trop tard.  Trois universitaires de l'Institut de technologie du Massachusetts et de l'université de l'Alberta (Canada) en appellent, dans Nature, à une régulation de l'usage qui pourrait être fait de ce nouveau savoir. « “Drugs: Regulate ‘home-brew' opiatesKenneth A. Oye, J. Chappell H. Lawson & Tania Bubela ».

Dealers

En pratique ils réclament le renforcement de la sécurité des laboratoires et la limitation de la production des souches de levure pour empêcher les dealers de s'en procurer. Ces souches pourraient par exemple être élaborées  de telle sorte qu'elles nécessitent des conditions spécifiques (et secrètes) d'utilisation. Un mirage ? Selon le Réseau mondial d'informations sur les drogues (Ginad - Global Information Network About Drugs) il existerait entre quinze et vingt et un millions de consommateurs d'héroïne dans le monde. Que se passera-t-il, à l'échelon géopolitique notamment,  si les équilibres financiers occultes issus de la culture du pavot volent en éclat ?

Saint-Antoine

Dépendance moindre ? « Je ne vois pas très bien pourquoi une morphine fabriquée selon une modalité complètement différente, à partir d'une levure génétiquement modifiée, n'aurait pas les mêmes propriétés addictives que la morphine naturelle sur le système nerveux central, a déclaré au Quotidien du Médecin le  Dr Bertrand Lebeau, spécialiste d'addictologie à l'hôpital Saint-Antoine (Paris). Les propriétés addictives ne sont pas liées au pavot lui-même, elles sont liées à la structure de la molécule de morphine. Que ce soit de la morphine produite à partir du pavot, ou que ce soit de la morphine produite par cette nouvelle technique - qui semble apparemment relativement simple à mettre en œuvre - je ne vois pas ce que ça change en terme de dépendance. Et si la molécule est modifiée, ce n'est plus de la morphine. »

Reste la possibilité des productions, sinon au domicile du moins dans des zones voisines de celles où vivent les consommateurs toxicomaniaques. Home, sweet home ?

A demain


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