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Philippe
Much Loved, présentait par le prisme du sexe divers aspects du maroc contemporain (rôle de la femme, sentiments, argent, famille, clichés de la femme, rapport au travail et à la carrière, pauvreté, richesse, système judiciaire défaillant, tourisme, etc.) pointant ainsi du doigt l'évidente hypocrisie d'une société qui récuse violemment le sexe autant qu'elle l'insère dans son quotidien - tous aspects suscités confondus. Un tel film ne pouvait ainsi exister sans choquer certaines opinions.
Précisément, il constitue
« un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à l'image du royaume »
selon le ministère de la communication du Maroc. Much Loved est par conséquent censuré et interdit dans son propre pays.
Toutefois, ce qu'il représente prend d'autant plus de valeur suite à l'agression, le 6 novembre 2015 à Casablanca, de Loubna Abidar, interprète de Noha l'une des prostituées mises en scène par le film.
Loubna Abidar accompagne cette photo d'une vidéo ou elle déclare, en arabe :
« J'ai été agressée; Les médecins, les cliniques et les commissariats ont refusé de m'accueillir. Je suis allée au grand commissariat de Casablanca en pleine nuit et on m'a reçue avec des rires. Le policier a dit : ‘Enfin, Abidar a été frappée !' »
https://www.youtube.com/watch?v=ZwTTe9QWdFs
Un geste qui, à l'instar du film, dénonce la condition de la société marocaine et renvoie ainsi à cet impossible dialogue à propos de la condition de la femme, sujet filigrane du film... Plus qu'étouffer la parole de l'auteur Nabil Ayouch et celles de ses actrices et acteurs, cette agression décuple au contraire la portée de leur discours.
Much Loved parvenait à s'extirper des clichés habituels de la représentation de prostituées pour présenter une société avec un regard à la fois pudique (malgré les scènes de sexe) et touchant, à même de bouleverser nos préconceptions à propos d'un pays que nous ne connaissons que bien peu.
Un film important au delà de ses qualités cinématographiques, et que nous vous invitons à découvrir - en soutien à Loubna Abidar, Nabil Ayouch, et au peuple Marocain dans son ensemble.
Philippe
Assez bizarre quand même, dès qu'une femme s'émancipe un peu, on lui met sur la gueule là-bas
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