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Jeudi, un groupe de 25 chercheurs a dévoilé un projet visant à créer un génome humain de synthèse - ou au moins à réduire drastiquement les coûts de cette opération scientifique. Si le projet pourrait révolutionner la biotechnologie, il suscite également des critiques et des inquiétudes sur le plan éthique.
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Pas de surprise ici : cette annonce n'est que la suite concrète des conférences à huit clos du 31 octobre 2015 au Langone Medical Center de l'Université de New York et du mardi 10 mai 2016 à la Harvard Medical School de Boston. Cette dernière, qui a rassemblé 150 scientifiques, avocats et entrepreneurs, avait attiré une certaine polémique dans les médias par son refus intentionnel d'accepter la venue de la presse.
Le projet, publié hier dans la revue scientifique Science, a été baptisé Human Genome Project Write ou HGP-Write, une référence claire au HGP-Read lancé dans les années 90 et qui a permis de séquencer l'ADN pour la première fois, menant par la suite à de très nombreuses avancées dans le secteur scientifique.
Mais pourquoi tout ce raffut ? Si la synthèse d'un génome humain est actuellement hors de notre portée, les avancées technologiques et les baisses des coûts de ces dernières années et à venir nous en rapprochent.
Pour ses promoteurs, le projet devrait permettre de grandes et nombreuses avancées scientifiques comment médicales, en permettant notamment de fabriquer de grandes parties d'ADN à un coût bien plus faible qu'aujourd'hui. "Le but d'HGP-Write est de diviser les coûts de créations et de tests de longs génomes (y compris le génome humain) sur des cultures cellulaires par 1000 dans les dix années qui viennent, tout en développant de nouvelles technologies et un cadre éthique pour les modifications au niveau du génome ainsi que les applications médicales" indique le groupe de chercheurs sur la page de présentation du projet. Le projet, lui, serait administré par le Center of Excellence for Engineering Biology, une organisation à but non lucratif.
Francis S. Collins, directeur des National Institutes of Health (NIH) et l'un des pionniers du premier HGP, n'a quant à lui pas approuvé le projet, le considérant comme prématuré. "Le NIH n'a pas considéré qu'il s'agissait du bon moment pour financer un projet HGP-Write de grande envergure orienté vers la production, comme il est présenté dans l'article de la revue Science. Il y a très peu de problèmes éthiques à synthétiser des segments d'ADN pour des expérimentations en laboratoire, a-t-il ajouté. Mais les projets de synthèse de tout un génome ou tout un organisme vont bien au delà de nos capacités scientifiques actuelles, et soulèvent immédiatement de nombreuses questions éthiques et philosophiques."
Bien sûr, personne ne parle ici de créer des humains à partir de rien. Pour le généticien George Church de l'Harvard Medical School, et l'une des têtes du projet, les applications d'un génome synthétique à moindre coût sont diverses et variées. Par exemple, les scientifiques pourraient créer des cellules résistantes aux virus. Celles-ci ne seraient pas utilisées directement dans les thérapies mais dans l'industrie pharmaceutique, où les cultures cellulaires utilisées pour créer de nouveaux médicaments deviennent de plus en plus sensibles à des contaminations.
Parmi les autres applications décrites dans l'article scientifique, on trouve également la résistance au cancer dans les lignées cellulaires, la production de meilleurs vaccins à moindre coût, l'amélioration du développement de l'industrie pharmaceutique et la possibilité de reproduire des organes humains transplantables. Une dernière option qui n'est pas sans rappeler les travaux controversés sur la croissance d'organes humains dans des embryons à l'ADN mi-anima mi-humain.
Endy Zoloth, un professeur d'éthique médicale, a publié un article disant que malgré les applications prometteuses de cette technologie, "il est facile d'imaginer des utilisations bien plus étranges des capacités du génome humain."
Jeudi soir, il renouvelait ses critiques et expliquait au Washington Post que le groupe de scientifiques continuait son travail sans aucune approbation d'une plus grande partie de la communauté scientifique ou d'une revue d'éthique indépendante. "Veut on vraiment se retrouver dans un monde dans lequel des gens sont capables de s'organiser entre eux pour recréer un génome humain ? Peut-être devrions nous faire une pause et réfléchir à cette question avant de se lancer dans ce projet ? Ces scientifiques parlent de rendre possible la création de ce qui définit l'être humain : son génome."
Les auteurs de l'article espèrent lever 100 millions de dollars d'ici la fin de l'année, et espèrent à terme pouvoir investir jusqu'à 3 milliards de dollars dans ce projet. Une partie de cet argent serait utilisé pour répondre aux questions éthiques, légales et sociales qui entourent les technologies de la génétique.
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