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El Roslino
Un rapport révèle qu'il y a cinquante ans, un groupe industriel a financé des enquêtes visant à minimiser le rôle du sucre dans les maladies cardiaques. Ce genre de pratique serait encore courant de nos jours.
Le rapport publié lundi 12 septembre 2016 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) pourrait bien nourrir une nouvelle vague de défiance à l'égard des industries alimentaires. D'après les révélations d'une équipe de chercheurs américains, le groupe industriel de la Sugar Research Foundation (SRF) a financé des scientifiques en 1967 pour qu'ils publient une analyse documentaire négligeant le rôle du sucre dans les maladies cardiaques. Ils ont récemment exhumé des documents qui font état de rapports entre les chercheurs et le groupe industriel, et qui montrent les conditions dans lesquelles le projet a vu le jour. L'objectif probable de cette manipulation était de rejeter la faute sur les graisses alimentaires dans l'esprit du grand public.
Un objectif fixé, une relecture imposée
Après avoir écumé divers rapports et documents internes de la Sugar Research Foundation (SRF), l'actuelle Sugar Association, les chercheurs ont pu réunir des preuves montrant que le groupe industriel avait financé une étude nommée Project 226. Ils ont ainsi pu établir qu'en 1967, trois scientifiques américains avaient été payés l'équivalent de 44.000 euros pour écrire cette analyse documentaire dont l'objectif (minimiser le rôle du sucre dans les maladies coronariennes) était fixé par la SRF, qui se réservait d'ailleurs le droit de modifier le texte avant qu'il ne soit soumis à publication.
L'étude est ensuite parue dans le New England Journal of Medicine, orientant les soupçons sur l'origine des maladies cardiaques en direction des graisses alimentaires. Dans un communiqué, la Sugar Association a reconnu les fautes de la SRF, mais s'est également défendue en accusant les auteurs du rapport de prendre position avec une “narration anti-sucre”. De même que le rôle des graisses saturées dans les maladies cardiaques, qui étaient jusqu'à présent la bête noire de bon nombre de cardiologue, est actuellement remis en doute, celui du sucre est aujourd'hui encore sujet à débat.
Dans un éditorial publié parallèlement au rapport, Marion Nestle (dont le nom peut prêter à sourire en cette circonstance), du département de nutrition et d'études alimentaires de l'Université de New York, souligne que l'industrie alimentaire continue actuellement d'exercer son influence dans le domaine scientifique. “Aujourd'hui, il est presque impossible de garder le compte des compagnies qui financent des recherches”, écrit-elle. Elle rappelle par exemple qu'en juin 2016, l'agence AP avait révélé que les fabricants de bonbons avaient participé à plusieurs recherches, dont une qui indiquait que les enfants mangeant des bonbons pesaient moins lourd que ceux qui n'en mangeaient pas. De la même manière, le New York Times avait révélé en 2015 que Coca Cola avait financé des recherches visant à diminuer le lien entre boissons sucrées et obésité à hauteur de plusieurs millions de dollars.
L'influence de l'industrie dans les recherches est actuellement étudiée avec toujours plus d'attention mais, d'après Marion Nestle, "ce n'est pas suffisant pour évaluer les conflits potentiels que peuvent entraîner de tels financements". Quant aux auteurs du Project 226, ils ne pourront pas se justifier puisqu'ils sont tous trois décédés. Espérons pour eux que le rapport n'en mènera pas certains à casser du sucre sur leur dos.
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