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El Roslino
Barack Obama et Vladimir Poutine, le 20 novembre à Lima. Photo Brendan Smialowski. AFP
Le président américain, dont le mandat prend fin le 20 janvier, a annoncé jeudi soir l'expulsion de 35 agents russes de son territoire en représailles aux cyberattaques de Moscou qui auraient favorisé l'élection de Donald Trump.
Obama et Poutine proches de la ligne rouge
Rompant la torpeur d'une veille de réveillon, la Maison Blanche a annoncé jeudi une série de sanctions contre la Russie à la suite de piratages durant la campagne présidentielle américaine. Cette réponse, à plusieurs niveaux, contre une cyberattaque attribuée à une puissance étrangère accusée d'ingérence électorale, est inédite. Trente-cinq diplomates russes, considérés comme des agents de renseignement par Washington, ont été déclarés persona non grata. Ils ont soixante-douze heures pour quitter le territoire.
Un décret d'avril 2015 a été complété : il élargit le pouvoir présidentiel pour répondre aux cyberattaques qui visent à «interférer ou affaiblir le processus électoral». L'administration américaine accuse Moscou d'avoir orchestré des piratages qui ont mené au vol et à la publication de milliers de mails de responsables démocrates, brouillant le message de la candidate Clinton. Neuf entités russes font l'objet de sanctions économiques : les agences de renseignement du GRU (services secrets de l'armée) et du FSB (service fédéral de sécurité, ex-KGB), leurs chefs et trois sociétés qui procureraient un «soutien matériel», selon la Maison Blanche. Igor Valentinovich Korobov, à la tête du GRU, est personnellement visé, ainsi que trois de ses adjoints. Un Russe et un Letton, identifiés comme étant des cybercriminels, seraient responsables de détournements de fonds et d'usurpations d'identité. «Tous les Américains devraient s'inquiéter des actions de la Russie», s'alarme Washington dans un communiqué.
Rencontres discrètes
Les accès à deux installations «récréatives» sur le sol américain, appartenant à l'Etat russe, ont été bloqués, et leurs occupants ont eu vingt-quatre heures pour quitter les lieux : la résidence de campagne de l'ambassade russe (18 hectares au bord de la rivière Chester à Pioneer Point, dans le Maryland), et les 5,5 hectares de la résidence de Long Island, dans la commune de Glen Cove (New York). Selon les médias américains, ces lieux servaient à des activités de loisirs des officiels russes, mais auraient également permis des rencontres discrètes entre agents de renseignement. Le Kremlin nie toute interférence et dénonce des sanctions «sans fondement» et «illégales». Dans la journée de vendredi, Moscou a soufflé le chaud et le froid. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s'est d'abord montré ferme lors d'une intervention télévisée, promettant d'expulser 35 diplomates américains, en poste à Moscou et à Saint-Pétersbourg, en réponse aux sanctions. Il a aussi proposé d'interdire à des diplomates l'utilisation d'une maison de campagne dans la banlieue de Moscou et un bâtiment leur servant de dépôt dans la capitale. «La réciprocité est la règle de la diplomatie dans les relations internationales, a poursuivi Lavrov. Nous ne pouvons bien évidemment laisser de telles attaques sans réponse.»
Mais peu après, le président Vladimir Poutine a préféré jouer la carte de l'apaisement : «Nous n'allons expulser personne, a-t-il assuré dans un communiqué. Nous n'allons pas tomber au niveau d'une diplomatie irresponsable.» La Russie se réserve toutefois «le droit de prendre des mesures de rétorsion» face à ces décisions «provocatrices» visant à «miner davantage les relations russo-américaines». Moscou «restaurera ces relations au vu de ce que sera la politique du président américain élu, Donald Trump», écrit Poutine.
«Conséquences sévères»
Les mesures annoncées par la Maison Blanche se veulent également une réponse au «niveau inacceptable de harcèlement» subi depuis un an par les diplomates américains à Moscou, de la part de la police ou des services de sécurité, selon Washington. «Cette volonté de sévères représailles n'a pas été observée depuis la fin de la guerre froide», explique Robert H. Legvold, professeur de sciences politiques à l'université Columbia (New York), auteur de Return to Cold War («retour à la guerre froide», Polity Press, 2016). En mars 2001, George W. Bush avait expulsé 51 diplomates russes en réponse à une affaire d'espionnage au sein du FBI. «Le sabotage politique n'est pas nouveau, les deux camps en font usage, poursuit Legvold. Ce qui est différent ici, c'est le recours au cyberespionnage. En rendant publiques les informations du Parti démocrate via WikiLeaks pour influencer l'élection américaine, une ligne a été franchie. Les Etats-Unis signalent à la Chine et à d'autres adversaires que ce type de piratage a des conséquences sévères. Ce sera intéressant d'observer les réactions de l'Allemagne et d'autre pays européens, qui sont aussi concernés par ces cyberattaques. C'est maintenant un enjeu international.»
Selon lui, «l'administration sortante cherche à renforcer la diplomatie existante et rendre la tâche difficile à Trump s'il souhaite revenir sur les politiques américaines et européennes envers la Russie». Ce dernier dit ne pas croire pas à l'ingérence de Moscou. «Les ordinateurs ont beaucoup compliqué nos vies», a-t-il commenté. Il souhaite réchauffer les relations américano-russes, et ne soutient pas les sanctions de la Maison Blanche. Trump a déclaré vouloir rencontrer les responsables de la communauté du renseignement, concluant : «Il est temps pour notre pays d'aller de l'avant.»
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