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El Roslino
La député EELV Michèle Rivasi déplore l'influence des lobbys dans la lutte contre ces substances en Europe et demande aux citoyens d'agir sur leur gouvernement. Interview.
De nombreuses études ont montré que les perturbateurs endocriniens diminuent la fertilité humaine. Ces substances chimiques sont aussi soupçonnés d'affecter le système immunitaire et la fonction respiratoire chez l'enfant et de favoriser le diabète. Personne n'est épargné. Pas même les plus jeunes, comme le rappelle ce jeudi le magazine 60 millions de consommateurs.
L'association a fait analyser les échantillons de cheveux d'un panel de 43 enfants -âgés de 10 à 15 ans, vivant en milieu urbain et rural- et a recherché la présence de 254 perturbateurs endocriniens. Les résultats sont alarmants: 23 à 54 molécules ont été retrouvées selon les enfants (34 en moyenne).
Alors que la dangerosité de ces produits est scientifiquement documentée, l'Europe ne parvient toujours pas à les réglementer. Explications avec Michèle Rivasi, députée européenne Europe Écologie Les Verts.
Pourquoi les pays européens ne parviennent-ils pas à se mettre d'accord sur l'interdiction ou non des perturbateurs endocriniens ?
La Commission européenne a ensuite accepté la définition de l'OMS mais a demandé en plus à ce que les modes d'action des perturbateurs endocriniens soient définis, ce qui est très compliqué. En fait, la Commission européenne essaie simplement de gagner du temps.
Les lobbys industriels et agricoles ne souhaitent pas que la Commission européenne interdise ou limite les perturbateurs endocriniens. Pourtant, de nombreuses études ont prouvé leur nocivité. Les enjeux économiques sont-ils si puissants ?
Il faudrait que ces industries investissent beaucoup d'argent pour fabriquer des produits de substitution. Mais on a réussi à le faire avec le Bisphénol A [substance interdite depuis janvier 2015 en France], on peut le refaire. C'est un problème de volonté politique, la crainte d'affronter l'industrie chimique et celle des pesticides, qui sont très influentes.
Les Allemands, par exemple, s'abstiennent parce qu'au sein de leur pays, les deux principales forces politiques ne sont pas d'accord. Le SPD [le Parti social-démocrate] est plutôt pour l'interdiction des perturbateurs endocriniens et la CDU [l'Union démocrate chrétienne] est plutôt contre. L'Espagne, qui utilise énormément ces produits, ne veut évidemment pas les interdire et souhaite promouvoir son agriculture intensive.
Enfin, dernier obstacle, le Canada et les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler d'une interdiction des perturbateurs endocriniens. Ils ont des accords économiques avec l'Union européenne [Le Ceta pour le Canada et le Tafta -en cours de négociation- pour les Etats-Unis] mais ils ne s'intéressent pas au principe de précaution, comme en Europe. Eux se concentrent sur l'évaluation de risque. Ce sont des façons de procéder différentes. La vision européenne est beaucoup plus protectrice que l'état d'esprit américain.
Quelle marge de manoeuvre reste-t-il aux partisans de l'interdiction ?
Il faut absolument qu'il y ait une pression citoyenne car c'est un sujet très grave. Nous, au Parlement, on a fait notre travail. Maintenant, il faut que les citoyens fassent pression au niveau de leur gouvernement. C'est bien que Benoît Hamon, du Parti socialiste, s'empare du sujet [le candidat à la présidentielle veut interdire ces substances]. Ça doit passer dans le grand public.
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