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Message 1 Discussion postée le 01-07-2017 à 17:20:08

El Roslino
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Ghost in the shell : analyse et explication de la fin

La version 2017 de Ghost in the shell, produite par Hollywood, réalisée par Rupert Sanders et avec Scarlett Johansson dans le rôle titre, n'est pas la catastrophe que l'on pouvait craindre. Si le film est quand même plus lisse et beaucoup moins complexe que les précédentes adaptations, il n'en demeure pas moins une oeuvre inintéressante, qui aborde tour à tour les notions d'intelligence artificielle, d'identité, de pouvoir des gouvernements, et des grandes entreprises connectées...

Dans cette analyse 100% spoilers, nous reviendrons sur ces différents enjeux et thèmes. Nous apporterons des explications générales sur l'intrigue, mais aussi nos théories sur la fin du film et le sens caché de certains éléments.

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Synopsis

Dans un futur proche, le Major est unique en son genre: humaine sauvée d'un terrible accident, son corps aux capacités cybernétiques lui permet de lutter contre les plus dangereux criminels. Face à une menace d'un nouveau genre qui permet de pirater et de contrôler les esprits, le Major est la seule à pouvoir la combattre. Alors qu'elle s'apprête à affronter ce nouvel ennemi, elle découvre qu'on lui a menti : sa vie n'a pas été sauvée, on la lui a volée. Rien ne l'arrêtera pour comprendre son passé, trouver les responsables et les empêcher de recommencer avec d'autres.


Analyse du film
L'univers de Ghost in the Shell : entre androïdes et humains améliorés !

La thématique principale du film est l'émergence de la cybernétique avancée. Comment imaginer un jour qu'un corps totalement synthétique, robotique, puisse être greffé à un cerveau humain ? Le créateur de Ghost in the Shell part de ce postulat que reprend intégralement Rupert Sanders, de manière très fidèle à l'oeuvre originale.

Mais reprenons depuis le début ! Major (incarnée par Scarlett Johansson) est l'aboutissement complet de cette synthèse scientifique entre le robot et l'humain. Après quelques 98 échecs de greffe d'un cerveau humain sur un "châssis" de robot, la société Hanka parvient enfin à l'accomplissement de ce miracle.

Dans cette société moderne peuplée d'humains "améliorés" cybernétiquement, le Major est une figure à part entière, la seule de son espèce ! Car les autres humains ne peuvent obtenir que des greffes partielles : remplacer un foie pour mieux faire la fête, changer ses yeux détruits par une grenade, ou tout simplement réparer un organe défectueux. L'enveloppe d'origine demeure, même si les transformations peuvent être drastiques et profondes.

Major est donc totalement inédite, unique ! Son corps est à 100% synthétique. Seul son cerveau est humain. Et encore !!! Il a été reprogrammé en partie par les scientifiques de Hanka pour lui effacer de nombreuses parties de sa mémoire. Le docteur Ouelet (Juliette Binoche) en tête a fait de Major une arme de guerre, la séparant de son côté humain primaire, à savoir ses souvenirs.

Sauf que cette reprogrammation du Major n'est pas sans limites, et quelques "bugs", ou glitchs, ouvrent la porte à une belle intrigue...

Que sont les Glitch ? explications !

Que sont les "glitch" ? Il s'agit tout simplement de souvenirs profondément ancrés dans la mémoire du Major. Le chat, la maison traditionnelle japonaise, qui est en proie aux flammes, sont autant de ponts vers le passé du Major. Un passé qu'elle partage avec Kuze, l'une des 98 précédentes victimes du programme. Mais nous y reviendront. En tout cas, ces souvenirs sont vus plus tard et confirmés au Major sous la forme du tatouage sur le torse de Kuze, et bien sûr lors de la confrontation finale, sur les lieux mêmes de ces souvenirs douloureux.

Ces glitch semblent se produire spontanément, sans nécessairement prévenir. Major indique clairement avoir déjà subit ce genre de visions. Mais le docteur Ouelet précise systématiquement qu'il s'agit de bugs liés à sa programmation initiale... et lui impose de prendre un médicament qui a pour incidence directe de limiter cet accès à la mémoire !

Ghost, Shell et Motoko : quelques précisions

Ghost et Shell : Le Ghost du major, c'est son âme, son esprit, ce qui en fait un être unique. La greffe d'un cerveau humain sur un corps intégralement robotique est d'ailleurs ce que recherche Hanka : ne pas tuer l'âme. Car c'est aussi ce qui différencie les êtres humains des robots. Le major ayant une enveloppe robotisée (le shell), elle s'interroge constamment sur son humanité, elle doute.

Et elle a bien raison ! Car le major est avant tout Motoko Kusanagi, une jeune femme dont la vie rebelle a été volée par le gouvernement. Si son corps de Major artificiel est plus puissant que celui d'un humain et peut être reconstruit suite à des dégâts, son cerveau est avant tout humain. Il est "amélioré" par des implants qui lui permettent d'accéder au réseau, mais il n'a pas été créé. Il a été prélevé sur le corps d'une jeune rebelle, Motoko, opposée aux nouvelles technologies.

Les hacks et le Deep Dive : fonctionnement et risques

Alors que la société Hanka subit des hacking de plus en plus violent, se terminant par la mort de nombreux scientifiques, Major arrive sur l'enquête. Ces hacks sont perpétués par quelqu'un se nommant Kuze. Le Major a plusieurs solutions pour identifier ou localiser le criminel : enquêter sur le terrain, ou bien enquêter par le réseau... Major a tous les attributs d'un être humain, si l'on met de côté son corps artificiel plus lourd et puissant, seul son cerveau (cyber-amélioré par des implants permettant d'accéder au réseau internet) étant d'origine. Ce cervau amélioré lui permet notamment de se connecter aux autres robots et d'explorer leurs souvenirs.

C'est lors d'un Deep Dive que Major fait la rencontre brutale de Kuze. Il faut savoir que Major n'a absolument pas le droit d'effectuer ces connexion directes aux autres robots. C'est extrêmement dangereux ! Alors que son corps est synthétique et réparable à l'infini, son cerveau est unique. L'endommager équivaut à la tuer. Pour aller plus loin, il faut signaler que Major n'a en réalité aucun droit sur son corps... Elle semble donner parfois son autorisation pour effectuer quelques tâches, mais il ne s'agit que d'un subterfuge de la société Hanka pour mieux faire accepter au Major tous les abus...

Qui est le hackeur Kuze ou Hideo ?

Qui est Kuze ? Il s'agit en fait d'Hideo, ami d'enfance de Motoko... sauf qu'il est violent. Est-ce naturel ou une altération de sa conscience lors du process de robotisation ?

Kuze est l'ater-ego du Major : une expérience de greffe d'un cerveau humain sur un corps robotique. Sauf que le projet est un échec dans son cas ! Il est donc rejeté par Hanka, qui semble perdre sa trace. S'est-il enfuit ? A-t-il été abandonné ? Le film ne dévoile rien de tout cela. Nous savons simplement qu'il est hanté par les mêmes brides de souvenirs que le Major. Qu'il a une haine profonde de ses créateurs scientifiques de chez Hanka.

Dans la vie réelle, c'est à dire avant qu'il soit transformé en Kuze, Hideo était un militant anti-technologie vivant dans une sorte de squat de la partie sans loi de la ville. Il y vivait avec, semble-t-il, de très nombreuses personnes, dont Major. Leur relation était-elle une simple amitié ou allait-elle plus loin ?

Les grands thèmes du film

Le réalisateur Rupert Sanders n'a pas seulement signé un film visuellement très recherché, il a eu la volonté de dire les choses autant que possible, par l'image plus que par les dialogues. Si, au final, quasiment tout est expliqué, cela peut quand même générer des zones d'ombre. Nous allons tenter de décrypter différents aspects intrigants du film.

Même si le film a une dimension politique assumée, la tentative, plus ou moins réussie de Rupert Sanders est de s'intéresser au parcours, aux doutes et à l'évolution du Major. Les questions qu'elle se pose tout au long de l'intrigue et que le spectateur va également se poser tournent autour des notions de "qui" et de "quoi". "Qui est-elle ?", mais aussi "Qu'est ce qu'elle est ?".

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Scarlett Johansson décrit le film comme « une histoire sur la perte de l'innocence, et aussi sur une forme de renaissance. J'espère que les fans connecteront avec le Major de la même manière que moi. ». C'est assez étrange qu'elle dise ça, car ce n'est pas vraiment ce qui ressort du film. C'est plutôt les notions d'humanité et d'intelligence artificielle qui sont au coeur du récit, un peu comme dans Robocop en son temps.

Le major doute de son humanité, mais elle doute aussi de ce que pensent les autres, notamment le docteur Ouelet, qu'elle voit un peu comme une mère, et Batou, son ami humain, mais tellement terre à terre et pragmatique qu'il donne presque l'impression d'être un robot.

Le film abord aussi la notion d'évolution. On retrouve des humains non modifiés (Togusa), des humains modifiés (Batou, Borma), des cyborgs avec une âme humaine (le major, Kuze) ainsi que des robots avec ou sans intelligence artificielle développée. Jusqu'ou va l'évolution ? A quoi ressemblera l'humain dans 50 ou 200 ans ? On peut sérieusement se poser la question avec les avancées technologiques actuelles.

Explications de la fin et théories
A la fin du film, plusieurs points restent en suspens. Que devient Kuze ? La section 9 ? La Major ?

Juste avant de se faire abattre par les snipers de l'hélicoptère, Kuze propose au Major de partir avec lui. Qu'entend-il par là ? On peut supposer que son Ghost quitte le corps robotique, mais aussi le cerveau d'Hideo, pour rejoindre le réseau. Ainsi, il n'est pas vraiment mort. Sa conscience continuera à exister et on peut supposer qu'il pourra communiquer avec le major dans une éventuelle suite. A moins que les scénaristes souhaitent le faire poursuivre ses agissements de pirate terroriste, auquel cas il resterait un adversaire, et pourrait ainsi devenir le "Puppet Master" du film de 1995.

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Pour ce qui est de la section 9, on voit bien qu'elle va continuer ses missions de lutte anti-terrorisme et que Tomoko en fait toujours partie. Cepandant, comme elle le dit très bien en "voix over", les expérimentations vont continuer. Et lorsqu'elle dit cela, l'image montre le personnage d'Haramaki (incarné par Takeshi Kitano), le chef de la section 9. Est-ce lui qui va donc poursuivre les expériences sur la création de cyborgs ? Pourrait-il devenir un ennemi du major, profondément opposé à ces expériences sur des êtres humains non consentants ?

Le plan final nous montre un major toujours au même point dans ses actions : elle lutte contre les terroristes. Mais cette fois-ci, elle est en paix avec elle-même et son passé. Une suite reste possible, tant l'univers de Ghost in the shell est riche, mais la fin ne se veut pas tant ouverte que cela et le film se suffit à lui-même. Ce n'est pas un film pensé comme un lancement de franchise, même si cela reste possible en cas de gros succès au box-office mondial

Comparaison avec l'animé et références

L'animé de 1995 est philosophique et complexe. Le film de 2017 est plus explicite, mais aussi plus politique, en s'intéressant aux possibilités d'attaques réalisées par les pirates informatiques et aux liens suspects entre entreprises privées et gouvernement.

Ghost in the shell, ça a toujours été le cas, et le film respecte ce point, pose des questions sur la nature humaine, sur l'âme et l'enveloppe corporelle. Dans les films de Mamoru Oshii, les réponses ne sont pas explicites, les fins laissent place à l'ouverture et à la reflexion. Comme si aujourd'hui, on ne pouvait que s'interroger sur le sujet, et qu'il fallait laisser le temps à l'évolution pour trouver les réponses. C'est peut être sur ce point que le film de 2017 coince le plus. Les vérités sont à l'écran, le point de vue, déjà bien lissé, est clairement exprimé et il n'y a pas de place pour le doute et la discussion à la fin du film.

D'un point de vue esthétique, on retrouve de nombreuses séquences de l'animé de 1995, comme le saut dans le vide, ou le combat dans l'eau avec la combinaison d'invisibilité. De nombreux plans sont également reproduits de façon quasiment identique.

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On retrouve aussi des éléments visuels d'Innocence, comme ces hologrammes géants dans la ville et le chien de Batou.

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A un autre moment, très furtivement, on voit le nom Avalon apparaitre. C'est le nom d'un autre film de Mamoru Oshii, réalisé après les Ghost in the shell et partageant de nombreux thèmes communs comme la perception de la réalité et la frontière avec le virtuel.

L'intrigue elle, s'inspire surtout de la saison 2 de la série Stand Alone Complex, et plus particulièrement l'épisode 11, notamment pour le personnage de Kuze, même si celui-ci englobe plus de facettes dans le film. L'affrontement avec la société qui l'a créée s'inspire, elle, plus directement des derniers films OAV. Le major Kusanagi est opposée à l'Organisation 501, qui a fabriqué et possède son corps.

Enfin, "l'araignée géante" que combat le Major à la fin du film est directement inspirée des oeuvres précédentes. Cependant, elle est contrôlée par Cutter et n'a donc pas vraiment d'intelligence artificielle, contrairement à la machine de l'animé de 1995. Dans le film, on ne retrouve pas non plus les Tachikoma, des robots araignée de plus petit format, qui travaillent pour la section 9 et son justement, eux, développés d'une intelligence artificielle qui sera au coeur de l'intrigue de certains épisodes de la série Stand Alone Complex.

Si vous avez aimé le film, ou que vous avez comme une sensation d'inachevé avec celui-ci, n'hésitez pas à découvrir les oeuvres dont il est inspiré ci-dessous. Vous pouvez également consulter une interview de Rupert Sanders sur Devenir-realisateur.com.

The Ghost in the shell

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Ce manga de Masamune Shirow, sorti pour la première fois en 1989 et édité en deux volumes est à l'origine de tous les animés et films qui ont suivi.

Ghost in the shell

L'animé culte de Mamoru Oshii, sorti en 1995. C'est, pour la plupart d'entre nous, avec ce film que nous avons découvert l'univers de Ghost In the shell. L'histoire est assez différente du film et le résultat encore meilleur. On ne peut que vous le recommander !

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Ghost in the shell 2 Innocence

La suite du premier film d'animation. Toujours réalisé par Mamoru Oshii, Innocence, sorti en 2004, est plus complexe, plus onirique aussi. Il n'en demeure pas moins réussi, et offre une alternative beaucoup plus ambitieuse au film de 2017.

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Ghost in the shell Stand Alone Complex

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52 épisodes (pour un total de 1300 minutes) pour explorer plus en profondeur l'univers de Ghost in the shell et l'âme du Major Motoko Kusanagi. Cette série animée a débuté en 2002 et s'est achevée en 2005.

Ghost in the shell Arise

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Ces OAV (films d'animation destinés directement au marché vidéo) raconte les débuts du Major Tomoko Kusanagi, avant que la section 9 ne soit créée.