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El Roslino
Le Conseil de sécurité de l'ONU est appelé par Washington à se prononcer lundi sur de nouvelles sanctions sévères contre la Corée du Nord, accusée de menacer la paix avec ses programmes d'armement nucléaire et conventionnel.
Le défi est double pour le Conseil et ses cinq membres permanents dotés du droit de veto (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Chine), aux positions souvent diamétralement opposées: ils doivent préserver leur unité face à Pyongyang, affichée lors des dernières prises de sanctions, et adopter des mesures toujours plus fortes pour prouver leur détermination.
Par leurs sanctions - sept trains de mesures ont déjà été pris -, l'ONU tente de pousser la Corée du Nord à négocier. Cette démarche a connu dans le passé des précédents positifs (Afrique du Sud, Iran) mais après des années et des années de sanctions.
"La fermeté maximale aujourd'hui sous la forme d'un renforcement des sanctions est notre meilleur levier pour promouvoir un règlement politique demain et notre meilleur antidote face aux risques de confrontation", souligne à l'AFP l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre.
"Pour donner une chance à la diplomatie et mettre fin à cette crise, nous avons besoin d'un changement d'attitude de la Corée du Nord maintenant. Cela veut dire la pression maximum possible", abonde son homologue britannique, Matthew Rycroft.
Dans la recherche d'un huitième train de sanctions contre Pyongyang, Londres et Paris soutiennent sans réserve Washington.
Il y a un mois, les Etats-Unis avaient réussi après de longues négociations à obtenir un vote favorable de la Chine et de la Russie, principaux soutiens de la Corée du Nord, avec laquelle elles partagent une frontière. Les mesures prévoyaient alors une interdiction d'importer du charbon, du fer et des crustacés nord-coréens.
Tiroirs de commode
Qu'en sera-t-il lundi ? Quelle dureté de texte sera retenue après le dernier essai nucléaire nord-coréen du 3 septembre ?
Le premier document soumis mercredi par Washington à ses pairs a été largement rejeté par Moscou et par Pékin, selon des sources diplomatiques. Il prévoit l'inspection par la force de navires suspects, un embargo total sur le pétrole, les produits pétroliers et le gaz, une interdiction d'importer du textile nord-coréen, un renvoi des expatriés nord-coréens dans leur pays, un gel des avoirs du dirigeant Kim Jong-Un, une interdiction d'entreprises communes avec Pyongyang et la fermeture de celles qui existent aujourd'hui.
Selon des diplomates, Moscou et Pékin, qui ne veulent pas voir la Corée du Nord s'effondrer avec une arrivée massive de réfugiés, ont refusé lors des premiers échanges la majorité des mesures proposées, n'acceptant de sanctionner que le textile.
Mais les deux capitales n'ont pas rejeté le texte en bloc. Tous les membres du Conseil, exaspérés par l'attitude nord-coréenne, veulent aboutir à un accord et ont montré leur disponibilité à négocier, assurent plusieurs diplomates.
Selon un spécialiste du dossier requérant l'anonymat, Washington a commencé en début de week-end à faire circuler "un nouveau texte amendé". Les Etats-Unis "ont fait des concessions" notamment sur le pétrole et les inspections en haute mer, ajoute-t-il sans autre détail.
Moscou et Pékin plaident de longue date pour que les sanctions de l'ONU soient accompagnées d'une proposition sérieuse de dialogue qui puisse mener à une solution politique. Si un accord intervient entre Washington, Moscou et Pékin, la future résolution inclura vraisemblablement une prise en compte par les Etats-Unis des préoccupations russe et chinoise à ce sujet.
Avec leur premier projet, les Américains savaient qu'il s'agissait d'"une commode" avec des tiroirs pouvant s'ouvrir et d'autres devant rester fermés, indique un diplomate.
Dans sa démarche, qui tranche par sa rapidité avec la stratégie de longues discussions ayant conduit aux sanctions adoptées début août, Washington manie deux menaces à l'égard de Pékin et de Moscou: le recours à la force militaire, même si le président américain Donald Trump a récemment dit que ce n'était pas "le premier choix"; et l'avertissement récent de sanctionner les pays ayant des liens commerciaux avec la Corée du Nord si aucun accord n'est trouvé à l'ONU. Quelque 90 % du commerce extérieur nord-coréen est à destination de la Chine.
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