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El Roslino
Plusieurs diplomates travaillant dans le bâtiment ont été victimes de malaises et de troubles nécessitant des soins médicaux, probablement causés par un dispositif émettant des sons inaudibles. La fermeture de l'ambassade, rouverte en 2015 après 54 ans de froid diplomatique, est envisagée.
Quel mal affecte les diplomates basés à l'ambassade américaine à Cuba? Si la question peut sembler anodine, elle pourrait mener à des tensions diplomatiques et à la fermeture du bâtiment, rouvert il y a à tout juste deux ans. Des «incidents» ayant engendré des «troubles physiques» chez des personnes travaillant à l'ambassade pourraient en effet pousser Washington à quitter les lieux.
Tout débute à la fin de l'année 2016. Plusieurs diplomates travaillant à l'ambassade font alors part de «symptômes physiques», selon les termes employés par la porte-parole du département d'État américain, Heather Nauert, lorsqu'elle révèle l'affaire au début du mois d'août. Washington ne détaille pas la nature de ces symptômes mais la chaîne CBS News évoque nausées, maux de tête, perte d'équilibre et d'audition. Un responsable américain cité par l'agence Reuters mentionne également des problèmes de surdité et indique que certains diplomates ont dû être équipés d'appareils auditifs.
Deux diplomates cubains expulsés.
Quel lien, à ce stade, avec les relations diplomatiques américano-cubaines? Si les États-Unis choisissent de révéler cette affaire, c'est en fait pour expliquer leur décision d'exiger le départ de deux diplomates cubains, prise le 23 mai. Le départ de ces deux diplomates a permis a d'autres employés de l'ambassade à Cuba de revenir sur le territoire américain, explique alors officiellement la porte-parole.
Surtout, pour Washington, ces «symptômes physiques» sont liés à une action volontaire. Le 11 août, le secrétaire d'État Rex Tillerson évoque ainsi des «attaques sanitaires», sans être «en mesure de déterminer qui est responsable». Il appelle toutefois les autorités cubaines à faire «la lumière» sur leurs auteurs, rappelant qu'elles sont censées garantir la sécurité des diplomates présents dans leur pays.
Au final, au moins 21 employés ont été affectés. Un diplomate canadien en mission à Cuba est également concerné et la chaîne CBC avance même le chiffre de cinq ressortissants canadiens et leurs familles qui seraient touchés. Le bilan reste susceptible d'évoluer. Des représentants du syndicat de la diplomatie américaine, l'American Foreign Service Association, ont pu rencontrer plusieurs d'entre eux. Parmi les symptômes diagnostiqués figurent «de légères lésions cérébrales d'origine traumatique et une perte définitive d'audition», mais aussi «une perte d'équilibre, des migraines aiguës, des troubles cognitifs et des œdèmes cérébraux». Le syndicat évoque les effets d'«attaques par harcèlement acoustique», dont le dernier épisode remonte au mois d'août.
Des appareils soniques en cause.
Selon des officiels américains à la chaîne CNN, ces lésions auraient été causées par un dispositif sonique émettant des sons d'une certaine fréquence les rendant inaudibles (voir encadré en fin d'article) et déployé à l'intérieur ou à l'extérieur des résidences de diplomates vivant à La Havane. Les personnes affectées n'étaient en effet pas au même endroit au même moment, mais ont souffert de symptômes similaires. L'enquête se poursuite pour identifier précisément ce dispositif. «Rien de tout ça n'a d'explication raisonnable. Nous allons de mystère en mystère», a confié à l'agence AP un ancien officiel de la CIA, l'agence de renseignement américaine.
La Havane, qui nie toute implication, a annoncé avoir lancé une enquête «exhaustive, prioritaire et urgente». Washington mène sa propre enquête de son côté, avec l'aide des autorités cubaines. «Je sais que plusieurs gouvernements ont observé ce type de comportement de la part du gouvernement cubain, par le passé. Mais encore une fois, nous n'attribuons pas de responsabilité à ce stade», a précisé Heather Neuart.
La fermeture de l'ambassade à l'étude.
Le journal britannique The Guardian souligne que les diplomates américains sont parmi les personnalités les plus surveillées à Cuba. Il est ainsi difficilement imaginable «que quelqu'un perpétue une action contre un diplomate américain sans que l'état cubain n'en soit averti». Les résidences des diplomates sont par ailleurs fournies et entretenues par le gouvernement cubain.
Une autre hypothèse a toutefois émergé: qu'un troisième pays puisse être impliqué, en représailles d'actions menées par les USA dans une autre zone et afin de créer un trouble entre La Havane et Washington. Cette possibilité est explorée dans le cadre de l'enquête en cours, selon un officiel américain à CNN.
Quelle qu'en soit l'origine, ces attaques menacent d'avoir des conséquences importantes. Une possible fermeture de l'ambassade «est à l'étude», a ainsi annoncé le secrétaire d'État Rex Tillerson, le 17 septembre dernier. «C'est quelque chose qui est en cours d'évaluation. C'est un sujet qui est très sérieux, eu égard au mal dont ont souffert certaines personnes. Nous avons rapatrié certains d'entre eux.» Plusieurs élus du Congrès américain ont par ailleurs appelé l'administration de Donald Trump à fermer l'ambassade, face au nombre de personnes blessées.
Des sons inaudibles mais aux effets certains.
L'oreille humaine n'entend que les sons compris entre certaines fréquences. Les sons dont la fréquence est inférieure à 20 hertz - les infrasons - et ceux donc la fréquence est supérieure à 20.000 hertz - les ultrasons - parviennent à notre oreille sans que nous soyons capable de les identifier. Les personnes qui y sont exposées peuvent donc ressentir certains effets classiques d'une exposition à des sons audibles - résonnance dans le corps, gêne auditive - mais sans être en mesure d'identifier la cause de ces manifestations physiques.
Dans le cas de l'ambassade de Cuba, l'utilisation d'ultrasons serait plus probable, selon des spécialistes interrogés par The Guardian . Les symptômes recensés ne semblent pas correspondre à une exposition aux infrasons. Des études menées auprès de personnes travaillant dans des usines utilisant des ultrasons ont par ailleurs montré qu'une exposition prolongée à ces sons pouvait engendrer une perte d'audition, rapporte le journal.
Des questions subsistent toutefois sur la possibilité de réaliser et mettre en place un dispositif à la fois puissant pour affecter l'audition et indétectable, alors qu'il devrait pouvoir être placé relativement près de la cible. Le fait qu'une telle émission d'ultrasons puisse déclencher des lésions cérébrales suscite quand même quelques doutes chez les chercheurs interrogés par le média britannique.
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