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Message 1 Discussion postée le 03-11-2017 à 19:08:35

El Roslino
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Romans maritimes : « L'Ile au trésor », un livre en or

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Tout commence par une carte. Dessinée, coloriée pour un jeune garçon. Robert Louis Stevenson est avec ses proches en Ecosse en cette fin du mois d'août 1881. Son beau-fils de douze ans Lloyd peint des aquarelles. Et parfois il l'accompagne dans ses travaux. La possibilité d'une île ? L'écrivain écossais peint un bout de terre sauvage encerclé par les flots, qui évoque une carte de pirate... et l'idée d'écrire un roman d'aventures germe dans sa tête. Il commence à écrire « L'Ile au trésor " en famille - son père Thomas lui suggère même certaines scènes.

Quinze chapitres sont rédigés sans peine, presque fébrilement, et lus au fur et à mesure au coin du feu. L'écriture est nourriture céleste, jeu, évasion... pour le petit Lloyd comme pour ses parents. Après une panne créatrice de quelques mois, Stevenson achève « L'Ile au trésor » en Suisse à Davos. Aussitôt publiée, c'est un triomphe : la critique et le public plébiscitent ce qui apparaît comme la quintessence du roman d'aventure maritime - un trésor littéraire, qui fait grandir l'enfant qui le lit et réveille la part d'enfance enfouie dans l'âme de l'adulte.

« L'Ile au trésor » aujourd'hui n'a pas pris une ride. A côté, le dérivé de Disney, « Pirates des Caraïbes ", paraît bien pâle. Parce que l'oeuvre de Stevenson est un roman puissant, concis, d'une rare intensité dramatique, habité par des personnages exceptionnels. Deux d'entre eux sont devenus des archétypes : le héros, Jim Hawkins, ado courageux de treize ans, drogué à l'aventure; et John Silver, pirate machiavélique, redoutable séducteur, qui piétine allégrement la frontière entre le bien et le mal. La relation perverse père-fils entre les deux hommes offre des scènes remarquables, où Dickens tutoie Shakespeare.

Prison liquide.

La façon dont Stevenson nous plonge dans cette chasse au trésor, en à peine quelques pages, est inouïe : l'arrivée du vieux capitaine Bill dans l'auberge que tiennent les parents de Jim sur une côte d'Angleterre; l'apparition de ses sinistres compères, la découverte de la carte, la montée de l'expédition avec le chevalier Trelawney et le docteur Livesey... le lecteur se retrouve en pleine mer avant d'avoir eu le temps de reprendre son souffle. Pas d'envolées poétiques chez Stevenson. Mais la mer est un personnage à part entière. Paisible et amicale quand elle porte l'équipage de « L'Hispaniola » vers l'île; menaçante et capricieuse quand le navire s'approche du graal. Ses courants et brisants entravent et facilitent tour à tour l'opération de sauvetage tentée par Jim au milieu du roman. Vue du haut de l'île, pour ceux qui risquent d'y rester à vie, c'est une prison liquide, grise et morne.

L'écrivain ne s'attarde pas trop sur les paysages, ses descriptions sont réduites au strict minimum, c'est l'action qui commande. Et d'abord cette scission au sein de l'équipage entre les faux marins-vrais pirates et les gentlemen chasseurs de trésors : le docteur, le chevalier, leurs serviteurs et quelques marins fidèles. Jim, notre héros, est un électron libre, surfant sur le bien et le mal, protégé par une bonne étoile invisible. C'est lui qui fait le lien entre les gentils et les méchants jusqu'au compromis final. Car, chez Stevenson, on trouve le trésor à la fin. Ce n'est pas la partie la plus fascinante du livre, d'ailleurs. Comme si tout l'or et l'argent cachés dans l'île n'étaient qu'un prétexte pour prendre la tangente, vivre l'aventure pour l'aventure. La chasse au trésor est un sport d'hommes libres, de rebelles, de forbans jouisseurs et poètes. Il est logique qu'ils soient récompensés à la fin.

Seconde vie.

« L'Ile au trésor " connaît aujourd'hui une seconde vie. Avec la publication du malicieux ouvrage d'Alex Capus « Voyageur sous les étoiles ». L'écrivain helvético-normand (qui s'exprime en allemand) s'amuse à confondre la vie et l'oeuvre de Stevenson, en suggérant que ce dernier a peut-être lui aussi découvert le fameux trésor. Capus réenchante la biographie du génial écossais en s'appuyant sur des faits réels troublants. Stevenson, en effet, a choisi de finir ses jours dans les îles Samoa, au climat peu adapté à sa santé fragile, et il y a vécu avec ses proches dans une surprenante opulence. Et si, au lieu de puiser dans sa seule imagination, Stevenson s'était intéressé aux sagas des chasseurs de trésors qui parcouraient les mers chaudes en cette fin de XIXe siècle ? Et si au cours de ses recherches il avait repéré une « Ile au trésor » pas loin de son nouveau lieu de résidence ? Alex Capus nous offre un florilège de déductions à la Sherlock Holmes, réveille les fantômes du capitaine Flint et de John Silver, nous embarque dans son aventure littéraire. Nous sommes tous des chasseurs de trésor, lecteurs flibustiers avides de l'or caché dans les livres. « L'Ile au trésor " est une malle pleine de rêves précieux.


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