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Comme les garçons la veille, les filles du handball français ont décroché la médaille d'or à Tokyo, la dixième pour la délégation française.
Il ne leur manquait que celle-là. Pour que le palmarès du hand féminin soit complet. Pour que les festivités du handball tricolore soient pleines. Sous les yeux des garçons du hand dont on doute qu'ils aient beaucoup dormi depuis leur titre olympique acquis la veille, les handballeuses françaises ont réussi ce qu'elles s'étaient promis depuis des années.
Depuis Rio 2016, pour sûr, quand elles étaient passées à trois, quatre ballons de l'or olympique. C'était déjà contre les Russes (22-19). Et ce regard hagard de la taulière Allison Pineau, qui devait se demander si elle pouvait encore accrocher la seule breloque qui lui filait entre les doigts. Cet après-midi, sous le toit en forme de vague du Yoyogi Stadium, la joueuse de 32 ans a inscrit sept buts à 70 % de réussite, meilleur total de la finale. Impeccable, comme les autres.
D'humeur vengeresse, les championnes du monde 2017 et championne d'Europe 2018 ont fait exploser leurs adversaires du jour pour s'offrir la première couronne olympique de leur histoire. Quelle résurrection sportive sur la dizaine de jours qui viennent de s'écouler! En poules, le même collectif s'était fourvoyé contre ces mêmes Russes. Elles étaient bien rentrées dans leur rencontre en menant de quatre buts, avant d'accuser le coup physiquement. Dimanche, ce fut l'inverse: timidement entrées dans leur finale, elles ont d'abord fonctionné sur courant alternatif durant vingt bonnes minutes. En face aussi. Résultat: une belle alternance de temps fort et de moment de disette de part et d'autres. Restait à savoir qui allait trouver la constance avant l'autre, dicter son tempo.
Confrontée à la doublette exceptionnelle Polina Vedekhina-Daria Dmitrieva, Amandine Leynaud a été en délicatesse, incapable d'anticiper où les surpuissantes arrière gauche et demi-centre allaient bien pouvoir dézinguer. La gardienne de Györ a fait ce qu'elle a pu, quitte à donner son corps à la salle : après un retour in extremis pour sauver une balle de but en première période, elle s'en est ainsi allée trouer la pancarte Tokyo 2020 derrière ses cages.
Cléopatre Darleux, impériale.
Le plan d'attaque des Bleues était bien huilé. Elles sont un temps tombées sur Anna Sedoykina. Après, c'était banco. Etincelante en demie pour achever la Suède, Pauletta Foppa a remis ça mais en mieux. Pour sa première finale olympique, la pivot de vingt ans a réitéré son entreprise de démolition entrevue deux jours plus tôt. Sans fioritures, avec 7 réalisations à 100 %, inscrivant les trois quarts des buts des siennes à la pause (15-13).
Au retour, des petites erreurs d'inattention, plusieurs pertes de balles évitables ont remis les Russes dedans. Moment choisi par Olivier Krumbholz pour lancer, comme au tour précédent, Cléopatre Darleux aux cages. La gardienne brestoise s'est installée, a baissé les stores, et mis le cadenas. Auteure d'une saison quasi parfaite en club et avec les Bleues cette année, elle a tout simplement dégoûté les joueuses russes en deuxième mi-temps.
Pendant cinq minutes d'affilée, elle a sorti toute la panoplie d'arrêts possibles pour empêcher les championnes olympiques en titre de grappiller le moindre point. Le temps que ses coéquipières retrouvent de l'efficacité, et les Françaises assènent un 6-0 destructeur à 16-16, dont deux missiles à neuf mètres coup sur coup d'Océane Sercien (22-16, 45e). Idéal au moment d'entamer le dernier quart d'heure. Fatal pour les Russes qui ne reviendront plus. Chloé Valentini n'avait même pas fini de marquer dans les derniers instants que l'ailière gauche avait déjà les yeux embués.
Fèmé boutik.
Cet or est d'autant plus savoureux que les Françaises ont dû cravacher comme rarement pour l'obtenir. Sur le terrain, où elles ont dû se ressaisir en début de campagne pour s'éviter une sortie prématurée dès les poules qui aurait été dramatique. En dehors, avec une cascade de blessures à éponger avant le début du tournoi et pas des moindres: Orlane Kanor, Siraba Dembélé, Aïssatou Kouyaté - et Alexandra Lacrabère pendant la compétition, en raison d'adducteurs douloureux. Tout le contraire de leurs rivales, qui ont pu récupérer quelques composantes essentielles du jeu, les soeurs Ana Vyakhireva et Polina Kuznetsova.
Une fin de match plié, sous les hourras des gars dans les gradins. «On ne savait pas qu'ils allaient venir. Ça nous a donné beaucoup de force. Ils étaient là, ils disent notre cri de guerre. A la base la Fédé avait mis un slogan à la maison du hand. C'était: ‘'L'histoire s'écrit ensemble''. Et tous les deux on l'a eu (l'or). Le handball français ne peut pas monter plus haut», se réjouissait Meline Nocandy après la cérémonie. Le fameux «Fèmé boutik». D'où vient-il d'ailleurs, ce cri de guerre? Océane Sercien Ugolin nous éclaire en anecdote: «On était dans un ascenseur avec Mémé (Nocandy), Ali (Pineau), Béa (Edwige), Grâce (Zaadi), moi. « Fèmé boutik» en créole c'est fermez la boutique. En Guadeloupe quand il y a des matchs, on dit ça quand le gardien fait beaucoup d'arrêts. C'est parti de là et on s'est dit pourquoi pas l'intégrer!»
Une la fermait définitivement dimanche chez les Bleues. Amandine Leynaud, 254e dernière sélection, concluait quoiqu'il arrive sa page en Bleu au Japon. Épilogue onirique: c'est elle qui se charge de remettre une à une les médailles à ses coéquipières sur le podium. Joli clap de fin.
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