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El Roslino
C'est l'une des plus grandes catastrophes navales subies par la Russie, une tragédie qui a coûté la vie à 118 personnes. Au centre du nouveau long-métrage de Thomas Vinterberg, le naufrage du sous-marin Koursk est encore aujourd'hui un traumatisme pour le pays.... Et l'objet de multiples spéculations.
Si le drame du Titanic nous a enseigné une leçon, c'est qu'il faut toujours se méfier des bateaux jugés « insubmersibles ». Quand le sous-marin russe Koursk part pour la première fois à l'assaut des mers en 1994, il est loué pour sa solidité : sa taille équivaut à celle d'un terrain de football. Un véritable symbole de puissance nationale que Vladimir Poutine, fraîchement élu président de la fédération de Russie, a bien l'intention de parader aux yeux du monde. Quelques mois après son accession au pouvoir, il organise, en août 2000, le plus grand exercice militaire de la flotte du nord depuis dix ans. Une trentaine de navires est réquisitionnée pour l'occasion en mer de Barents, dont le Koursk K-141, prêt à déployer son arme secrète : la torpille Schkval.
Le 12 août vers 11h30, le sous-marin est frappé par une explosion, provoquant un trou béant dans sa coque. « Deux minutes et 15 secondes plus tard - comme l'ont mesuré un navire américain à proximité et une station sismologique norvégienne - une énorme explosion d'une magnitude de 3,5 ravage la salle des torpilles du sous-marin, et son poste de commande, dans les premier et deuxième compartiments de l'avant », relate le New York Times.
Après cet incident, le navire tente de remonter à la surface, mais une seconde déflagration le propulse immédiatement à 108 mètres de fond. Les 118 membres de l'équipage ne périssent pas pour autant, comme le prouvera une note retrouvée plus tard dans la poche du capitaine Dmitri Kolesnikov, commandant de la salle des turbines. « 13h15.
Tout le personnel des compartiments six, sept et huit ont bougé dans le neuvième. Nous sommes 23. Nous avons pris cette décision après l'accident. Aucun de nous ne peut sortir », écrit-il. Selon sa veuve Olga Kolesnikova, il avait quitté sa famille animé d'un présage funeste, laissant une croix et un poème d'adieu.
Malgré la perte de contact radio, il faudra attendre six heures pour que l'alerte soit donnée, au grand malheur des survivants. Si le gouvernement affirme avoir la situation en main, les jours suivants, toutes les tentatives pour atteindre l'écoutille de sauvetage échouent.
Un sous-marin arrive enfin à se poser au-dessus du sas, mais ne peut s'y accrocher car celui-ci a été endommagé par les explosions. Alors que les membres du Koursk suffoquent, Vladimir Poutine, lui, mène sa plus belle vie : il fait du jet-ski à Sotchi, prend des bains de soleil, envoie une carte d'anniversaire à une de ses actrices préférées. Après un entretien avec le président américain Bill Clinton, le16 août, il daigne enfin accepter une aide internationale...
Mais quand l'équipe anglo-norvégienne parvient à ouvrir la coque, le 21 août, elle découvre l'intégralité de l'équipage mort. Les victimes ne seront toutes identifiées qu'un an plus tard, en 2001, après le renflouage du sous-marin.
L'heure du mea-culpa (et de la fin des vacances) a sonné pour Vladimir Poutine. Après une intervention télévisée où il exprime sa « culpabilité », le président est pris à partie, le 22 août à la base navale de Vidiaïevo, par les proches des victimes.
Pour calmer les esprits, il promet une compensation financière aux veuves éplorées : l'équivalent du salaire qu'auraient touché leurs époux pendant dix ans. Le maître du Kremlin renonce toutefois à se rendre à la cérémonie commémorative, sans doute pour éviter la vindicte populaire. Reste que, des années plus tard, les spéculations vont toujours bon train sur les causes du naufrage du Koursk, notamment sur l'implication des États-Unis.
Dans son documentaire Koursk, un sous-marin en eaux troubles (2004), le journaliste Jean-Michel Carré conforte cette thèse : le navire aurait été visé par une torpille lancée par un sous-marin américain, le Memphis. Pour ne pas froisser ses relations diplomatiques avec la première puissance mondiale, la Russie aurait donc servi la version de l'accident à l'opinion publique. 18 ans après, le mystère reste donc total.
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