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El Roslino
Les ventes de motos neuves sont au beau fixe, mais la demande est plus forte que l'offre. Résultat ? Les motos d'occasion sont prises d'assaut et leurs prix s'envolent ! Moto Journal a regardé cette affaire de plus près.
Vous êtes en train de chercher votre nouvelle moto ? Eh bien, vous n'êtes pas tombé dans la meilleure des périodes. S'il s'agit de neuf, vous vous heurtez au problème de disponibilité des modèles en concession, phénomène apparu au printemps dernier, dispo plus ou moins affectée selon les marques par la question de la pénurie des composants électroniques, les fameux semi conducteurs qui sont bien à la remorque, justement, et celle de certaines matières premières !
Rajoutez à ça la disponibilité des porte-containers et vous avez des stocks qui peinent à se renouveler. Et ça n'est pas tout. Le problème est encore amplifié par une forte demande provoquée par la sortie de confinement qui a vu les clients se ruer sur les 2-roues devenus le produit à la mode en ces temps de reprise économique. Si vous voulez acheter d'occasion, c'est un autre problème qui se pose : celui de l'envolée des prix.
On entend de plus en plus cette phrase : « Tel modèle coûte plus cher en occasion qu'en neuf ». On a entendu à la radio le témoignage d'un automobiliste qui avait acheté sa voiture sur annonce (une Dacia Sandero) plus cher qu'en concession !
De l'auto à la moto, le fossé est parfois étroit et le phénomène se fait bien sentir en 2-roues. « Cette situation dure facilement depuis le printemps », nous explique Vincent Creuzet, patron de la concession Honda 4-en-1 à Paris et gros faiseur d'occasions.
« Le marché est devenu fou. Les gens se sont mis à demander des prix délirants sur leurs occasions en précisant dans leur annonce que le même modèle neuf n'était pas disponible avant 6 ou 9 mois. Ils en jouent, ils spéculent. Nous qui sommes très tournés vers l'occasion, nous appelons régulièrement les particuliers pour essayer de racheter leur moto, mais là, ça n'est plus possible. Ils en veulent une fortune.
Ils proposent des motos au prix du neuf, voire plus, pour des occasions qui ont deux ans, ou 20 000 km. Ça s'est enflammé et ça ne va pas en s'améliorant sur le mois de septembre ». En quelque sorte le principe des vases communicants qui agit ici comme levier sur le prix des occasions.
Une moto d'occasion de plus d'un an au prix du même modèle neuf ? En 2021, c'est possible !
Un autre problème entretient cette tendance, celui du volume de modèles d'occasions proposés. « Il y a aussi moins d'offres parce qu'il y a moins de gens qui changent de motos, étant donné que les neuves ne sont pas disponibles. Et le peu qu'il y a sont proposées à une fortune ».
Un petit tour sur Leboncoin, site incontournable de l'annonce en tous genres, pour confirmer. On y trouve par exemple une Africa Twin 1000 standard de 2018 à 5 000 km proposée à 11 000 €. Oups ! Sans bagage, ni accessoire, c'est le prix fort. La même se serait négociée aux alentours de 9 500 € il y a un an. « Sur Leboncoin, on marche sur la tête, c'est du délire » reprend Vincent Creuzet qui évalue l'augmentation du prix des occasions à + 20 voire +30 % en fonction des modèles.
C'est ce que nous confirme Bertrand Macé, patron du village Moto de Nantes qui regroupe de nombreuses concessions et un gros centre d'occasions : « Il y a une forte demande sur les motos les plus recherchées, notamment les permis A2, les motos low ride type custom, les Harley, Royal Enfield, Triumph, toutes ces motos un peu tendance. On a une forte demande là-dessus et plus la marque est tendue en véhicules neufs, plus le prix augmente sur les occasions, comme sur Triumph ou Royal Enfield. Pour BMW, par exemple, qui fournit les motos neuves, il n'y a pas de progression sur les prix des VO.
Il y a toujours une forte demande sur la GS, mais pas d'augmentation de prix. Par contre, une Bonneville T120, là, le prix augmente ». Nous appelons un vendeur de T120. Pascal habite à Arnage, en périphérie du Mans, et a mis sa T120 nickel chrome de 2018 et 5 400 km à 11 500 € sur le site fondé en 2006, alors que le prix neuf est de 13 250 € : « J'ai eu rapidement 200 vues, mais pas de contact.
Du coup je l'ai redescendue à 10 550 €. Ça traîne un peu ». La preuve que la tendance observée n'est pas une règle absolue. Mais peut-être qu'en Île-de-France ou dans le Midi, l'anglaise serait déjà partie. « Suivant les régions et le type de véhicule, la demande est plus ou moins soutenue; l'augmentation des prix peut passer à 10 ou 15 % », précise Bertrand Macé.
Une tendance qui pourrait durer ?
Chez Triumph, c'est une autre raison qui freine la disponibilité car la marque n'avait pas anticipé la très forte demande en sortie de confinement comme l'a répété le responsable marketing de la marque en France. Autre modèle qui flambe en annonce, la Yamaha Ténéré 700, très recherchée, donc au plus haut en termes de prix.
Neuve elle coûte 9 999 €... En annonce sur Leboncoin, on se pince pour y croire : on trouve la Yamaha à 9999 € pile avec 1 300 km au compteur et 2 ans d'âge, voire plusieurs dépassant les 10 000 € pour peu qu'elles disposent de deux-trois accessoires.
On en voit même une à 11 700 €. Sans complexe ! Si Honda connaît moins de problèmes de stock, Yamaha est bien plus impacté, sur des modèles phares précisément, Xmax, Tmax, MT-07, Ténéré... La disponibilité encore et toujours. « Ce qui frappe en tant que professionnel, comme dans l'immobilier, rajoute Bertrand Macé, c'est la rapidité à laquelle le véhicule disponible ressort, la vitesse de cession.
L'autre problème, c'est que 40 % de notre parc VO vient de reprises. Comme on met beaucoup de temps à livrer le neuf, on a de moins en moins de véhicules disponibles en occasion, car le client vend sa moto par lui-même. Il veut la garder le plus longtemps jusqu'au dernier moment. Actuellement, on manque d'offres en neuf comme en occasion. Pour moi, le marché est capable d'encaisser une croissance de 15 %.
On estime les permis dormants à 1,4 millions et on voit bien que, depuis le confinement, certains se sont éveillés ». La dessus, nous venons de sortir d'une réunion de la CSIAM qui révèle que l'impact du réveil des pays dormants (permis A et B/A1 surtout) se traduit par une demande plus forte. Des clients que l'on avait pas vu depuis 5 ans, qui ont épargné avec le Covid-19 et qui reviennent à la moto. Un phénomène réel.
David Braud, qui dirige un bureau de négoce qui fournit des motos d'occasion aux professionnels et qui est donc au cœur du problème, apporte une légère nuance quant à la valeur des occasions : « Ce que je remarque, c'est que les motos d'occasion décotent moins à cause du phénomène de pénurie connu.
Les concessionnaires ont eu d'autant moins de reprises, ce qui a d'autant plus dynamisé le marché entre particuliers. Je n'ai pas vraiment l'impression qu'il y a une réelle augmentation mais surtout une raréfaction de la matière première qu'on peut toucher au juste prix ». Ce qui est clair, c'est que si vous êtes vendeur, vous pouvez vous friser les moustaches. Car si on en croit ces spécialistes, il n'y aura aucune amélioration avant 2022 au minimum.
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