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«J'ai acheté deux Groupons cette semaine. Je ne sais pas si j'en avais besoin, mais c'était une bonne affaire», s'enthousiasme Heather. Doucement mais sûrement, le roi des «deals du jour» est en train de faire son entrée dans le vocabulaire américain, comme «google» dix ans avant lui. Bientôt, il pourrait faire son entrée... en Bourse. Selon Bloomberg, les négociations avec les banques tournent autour d'une mise sur le marché à une capitalisation de 25 milliards de dollars. Vertigineux pour un service lancé il y a seulement 30 mois. Mais est-ce bien raisonnable?, demandent les Cassandres 2.0.
Andrew Mason a lancé Groupon fin 2008 depuis son loft situé au-dessus d'une pizzéria de Chicago. Le premier «deal» était d'ailleurs une pizza à moitié prix. Le principe est simple: restaurant, saut en parachute, séance de massage... Le vendeur propose un prix discount, Groupon lui garantit un nombre minimum de clients et prend une commission (en général 40-50%). Il ne s'agit pas pour la boutique de réaliser des bénéfices, mais plutôt d'une forme de publicité, en espérant que des nouveaux clients deviendront des réguliers.
La croissance la plus rapide de l'histoire des startups
Groupon a connu une croissance folle. Fin 2009, le site comptait 1,8 millions de membres. Aujourd'hui, ce chiffre a grimpé à 70 millions, dans 45 pays (dont la France). Le groupe possède 3.000 employés -essentiellement des vendeurs chargés de démarcher des clients potentiels. A titre de comparaison, Twitter n'a que 400 employés.
Le chiffre d'affaires 2010 a été estimé par le Wall Street Journal à 760 millions de dollars (550 millions d'euros). D'après les analystes, il devrait grimper à 3 ou 4 milliards de dollars en 2011. Selon Forbes, il s'agit «de la croissance la plus rapide de l'histoire» pour une startup. De quoi expliquer le chiffre de 25 milliards qui circule (qui effacerait le record d'introduction en Bourse pour une startup, jusqu'ici détenu par Google à 23 milliards de dollars en 2004).
A 25 milliards de dollars, Groupon vaudrait davantage que la moitié des sociétés du CAC40. Plus que Bouygues, Alstom ou Renault.
Succès éphémère ou parti pour durer ?
Reste que le site doit faire avec une compétition féroce. De concurrents directs, comme LivingSocial; et surtout de l'ogre Facebook, qui a lancé une offre similaire récemment. Il serait surprenant que Google, qui a tenté d'acheter Groupon l'an dernier, ne vienne pas également rapidement sur ce marché.
Le site ne reste cependant pas inactif. Il a lancé «Groupon now», une app smartphone capable de localiser dans son voisinage les affaires intéressantes. Surtout, les partenaires bénéficient d'une flexibilité bien plus grande qu'avec le «deal du jour». Ils peuvent notamment choisir une plage horaire précise (un moment calme pour un restaurant, une annulation chez le coiffeur etc). Une sorte de monitoring en temps réel de l'offre et de la demande, en somme.
Alors, bulle ou pas bulle? Dans la Silicon Valley personne n'est d'accord. Les Groupons, Zynga ou Facebook ont tous attendu de prouver qu'ils étaient capables de générer de vrais revenus avant de songer à une entrée en Bourse. Mais la crainte, c'est que de tels succès puissent faire monter la fièvre des investisseurs. Qui ont parfois la mémoire courte.
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