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Des gardiens de prison en Chine exploitent les détenus sur World of Warcraft, en les obligeant à jouer pour le compte d'autres joueurs. Un témoignage recueilli par le Guardian montre un phénomène d'ampleur conséquente. On estime à 80 % le nombre de Gold Farmers en provenance de Chine.
Célèbre MMORPG, World of Warcraft a su au fil du temps séduire des millions de joueurs à travers le monde. Populaire en Amérique et en Europe, le titre de Blizzard a également conquis l'Asie, et en particulier la Chine continentale. Plusieurs millions de joueurs chinois se connectent ainsi chaque jour sur les serveurs de l'entreprise américaine, afin de récolter gloire, honneur et expérience.
Cependant, tous ne se connectent pas au jeu avec plaisir. Pour certains, il s'agit en réalité d'un véritable calvaire qui peut durer jusqu'à douze heures d'affilée. C'est en tout cas ce qu'affirme Liu Dali (nom d'emprunt), un prisonnier chinois dont le témoignage a été rapporté par le Guardian. Selon lui, les responsables de sa prison (officiellement un camp de rééducation par le travail) forcent les détenus à jouer dans le cadre du "Gold Farming".
Intimement liée à l'univers des jeux en ligne, le "Gold Farming" est une pratique consistant à acheter les services d'un autre joueur afin qu'il remplisse une tâche ou un objectif dans le jeu. Dans le cas de World of Warcraft, cela peut consister à amasser une certaine somme d'argent dans le jeu, à accumuler des points d'honneur, des victoires honorables, de l'expérience, de l'équipement ou des objets spécifiques. Des tâches qui peuvent se révéler très répétitives, longues et rapidement lassantes.
Cette pratique est combattue avec plus ou moins de vigueur par les éditeurs des MMORPG, car elle peut déstabiliser l'économie d'un royaume de jeu ou fausser la compétition entre les joueurs. Surtout, elle expose les clients attirés par le Gold Farming à d'autres problèmes ultérieurs. Car en effet, il faut non seulement payer l'autre joueur, mais lui confier ses accès au compte de jeu.
"Les gardiens de la prison gagnaient plus d'argent en forçant les détenus à jouer en ligne qu'en les obligeant à faire du travail manuel. Près de 300 prisonniers étaient obligés de jouer. Nous travaillions pendant 12 heures d'affiliée. J'ai entendu dire qu'ils pouvaient gagner jusqu'à 656 euros par jour. Nous ne voyions jamais l'argent. Ils n'éteignaient jamais les ordinateurs" a-t-il expliqué, traduit par Le Monde.
"Si je ne pouvais pas atteindre mon quota, ils me punissaient physiquement. Ils m'obligeaient à rester debout avec les mains en l'air, puis me frappaient quand je revenais dans les dortoirs. On continuait à jouer jusqu'à ce qu'on puisse à peine voir l'écran" a-t-il indiqué. Cela s'est déroulé dans le camp de rééducation situé dans la ville de Jixi, province de Heilongjiang. Et il en existe des dizaines en Chine.
Selon le Guardian, le nombre de "Gold Farmers" (les joueurs pratiquant cette activité) sont essentiellement Chinois : 80 % sont localisés dans l'Empire du Milieu. Il y en aurait en tout près de 100 000. Des chiffres corroborés par une étude conduite par Richard Heeks de l'université de Manchester, qui indique que 80 à 85 des Gold Farmers viennent de Chine.
Le drame qui se joue dans les prisons chinoises ne doit pas faire oublier que les gardiens de prison ne sont qu'un des maillons de la chaîne. À l'autre bout, nous retrouvons les joueurs occidentaux qui achètent ces services sans savoir dans quelles conditions le service est réalisé. Si ces joueurs ne pourront probablement pas changer la situation en Chine depuis leur PC, ils peuvent au moins assécher cette économie en cessant de payer les Gold Farmers.
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