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Créateurs : Tracy Tormé & Robert K. Weiss
Acteurs : Jerry O'Connell, John Rhys-Davies, Sabrina Lloyd, Clevandt Derricks, Kari Wuhrer, Charlie O'Connell, Tembi Locke, Robert Floyd
Production : 88 épisodes (5 saisons)
« Et si on découvrait un passage vers des mondes parallèles ? Et si on pouvait glisser vers des milliers d'univers différents, se retrouver la même année, être la même personne, mais que tout le reste soit différent ? Et si on ne trouvait plus le chemin du retour ? ». Silver Screen revient sur les aventures des « Sliders », série SF des années 1990 qui devrait bientôt faire l'objet d'un reboot.
LES ORIGINES DE LA GLISSE
L'aventure de « Sliders : les mondes parallèles » débute dans la ville de San Francisco. Quinn Mallory (Jerry O'Connell), brillant étudiant en physique à l'Université de Californie, mène d'étranges expériences dans son sous-sol. En tentant de créer une machine antigravité, il ouvre accidentellement un vortex, un passage donnant accès à un nombre infini d'univers parallèles. Animé par la curiosité scientifique, le jeune homme, équipé de son invention, le minuteur, tente un voyage vers l'inconnu. Bien que tout semble habituel au premier abord, Quinn va constater qu'il n'est effectivement plus chez lui : le Mexique est la première puissance d'Amérique, Elvis Presley et JFK sont toujours vivants, les voitures s'arrêtent au feu vert, et pire encore ... Sa mère attend un enfant du jardiner. De retour dans son univers, Quinn souhaite poursuivre son expérience scientifique et entraine son professeur de cosmologie à l'Université, Maximilian Arturo (John Rhys-Davies), sa meilleure amie, Wade Wells (Sabrina Lloyd), et par inadvertance, un chanteur, Rembrandt Brown (Clevandt Derricks), dans son périple. Malheureusement l'expérience scientifique tourne mal et le groupe se retrouve rapidement perdu dans l'espace-temps, contraint de « glisser » de mondes en mondes, de manière aléatoire, dans l'espoir de retrouver un jour leur propre univers.
C'est durant leur collaboration sur un projet de film intitulé « Messengers of Deception » pour Universal Studios que Tracy Tormé (« Star Trek : la nouvelle génération », « Odyssey 5 ») et Robert K.Weiss (« Dream On ») vont développer les bases de ce qui deviendra « Sliders ». « Je travaillais sur ce film avec Bob Weiss » explique Tracy Tormé. « J'attendais dans son bureau et il y avait un magazine avec deux terres, l'une à côté de l'autre. Je lisais à la même période un livre sur George Washington ». Cet ouvrage expliquait notamment comment ce personnage historique échappa de justesse à la mort durant une bataille. « Si une balle avait atteint son but, il aurait été tué » raconte Tormé. « Il n'y aurait eu ni révolution, ni Etats-Unis. Alors j'ai dit à Bob « J'ai une drôle d'idée pour une série». Les deux hommes vont rapidement se mettre d'accord sur un scénario, Robert K. Weiss souhaitant depuis longtemps exploiter le concept des univers alternatifs sur le petit écran. « Pendant des années je voulais faire une série sur les mondes parallèles » admet le co-créateur de la série. « J'étais un grand fan d' « Au Cœur du temps » (1966) et les quelques épisodes de « La Quatrième Dimension » (1959) qui traitaient de réalités alternatives m'avaient frappé. Avec les années, il y a eu quelques séries traitant du voyage dans le temps, mais rien sur les univers parallèles ». Tracy Tormé et Robert K. Weiss conçoivent ainsi « Sliders » sur un ensemble d'uchronies, c'est-à-dire de relectures de l'Histoire à partir de la modification d'un événement du passé. L'épisode pilote présente notamment aux téléspectateurs un univers où l'URSS a gagné la guerre froide. D'autres scénarios, reposant sur ce modèle seront proposés dès la première saison.
Les deux créateurs de la série voient ainsi rapidement dans ce concept une occasion d'apporter, de manière divertissante, un regard critique sur notre propre société. Une formule d'ores et déjà employé avec succès à la télévision par Gene Roddenberry (« Star Trek ») et Rod Serling (« La Quatrième Dimension »). « Il faut voir Sliders comme une allégorie » explique Tracy Tormé au magazine Génération Séries en 2001. « L'allégorie est une manière puissante d'examiner une société en plaçant des histoires sur d'autres Terres. On s'en sort en montrant des choses qui en réalité sont des choses à propos de notre Terre et la façon dont on y vit. Je pense que j'ai souvent lutté contre le politiquement correct, dans presque tous les épisodes en utilisant cette philosophie ». La consommation de masse, les rapports hommes/femmes, les phobies, la téléréalité, font ainsi parti des sujets exploités au fil des épisodes de la série. Ainsi, à l'image de l'épisode « Un monde sans maladie », où les glisseurs sont confrontés à une terrible épidémie, de nombreuses idées de « Sliders » restent très pertinentes dans les années 2020.
Remarquons que les sujets traités sont toujours poussés à l'exagération de telle manière à amuser le public et de le faire réfléchir aux éventuelles dérives qui pourraient menacées un jour nos sociétés. Dans ce contexte, « Sliders » se distingue d'autres programmes de Science-fiction en accordant une place prédominante à l'humour. « Dans sa conception originelle, et comme le prouve le pilote, l'humour était un des ingrédients caractéristiques de Sliders » explique Robert K. Weiss dans les colonnes de Génération Séries en 1999. « Tracy et moi pensions que ne pas se prendre au sérieux serait une des clés du succès de la série. Nous pensions que les différences de cultures des Terres parallèles était une source inépuisable de situations comiques ». Certains mondes explorés par les quatre « glisseurs » (Sliders en V.O.) dévoilent en effet aux téléspectateurs des situations pour le moins hilarantes. Ainsi, dans un « Monde sans Hommes », les quatre glisseurs sont confrontés à une Terre parallèle victime d'une guerre chimique et composée uniquement de femmes. Les rares hommes valides sont enfermés dans des camps et utilisés comme géniteurs en chaîne ! L'introduction d'un « Monde de dinosaures » nous dévoilera quant à lui un univers parallèle où la société a bannie le mensonge, en obligeant chaque individu à porter un collier infligeant une décharge électrique en cas de non respect de la loi ! Les réactions des quatre protagonistes à ses réalités alternatives contribuent eux-mêmes aux moments comiques de la série.
Quinn Mallory et le Professeur Arturo.
L'un des atouts de « Sliders » repose d'ailleurs sur ses personnages principaux. Tracy Tormé et Robert K. Weiss ont en effet eu la bonne idée de réunir quatre individus que tout oppose, tant par leur caractère que par leur parcours. Si Quinn, Rembrandt, Wade et le Professeur se lient rapidement d'amitié, cela ne les empêche nullement d'exprimer quotidiennement de grandes divergences d'opinions tout au long de la série. Chacun a en effet son propre avis sur la glisse, sur les cultures rencontrées et les différents défis à relever. L'identification des téléspectateurs aux personnages est d'autant plus facilitée que seuls les personnages de Quinn Mallory et du Professeur Arturo sont des scientifiques. Le chanteur, Rembrandt Brown, et l'étudiante en poésie, Wade Wells, apportent un équilibre au groupe et soulèvent souvent des questions que peuvent se poser eux-mêmes les téléspectateurs.
C'est dans cet état d'esprit que « Sliders » sera présenté au grand public sur Fox Television à partir du 22 mars 1995 et dès l'été 1996 en prime time sur M6. Chaque semaine, les glisseurs visiteront une nouvelle Terre, dans l'espoir de rentrer un jour chez eux. La presse française est à l'époque élogieuse : "Ambitieuse série réalisée à l'aide d'effets spéciaux numériques ultra-sophistiqués, créée par Landis et son équipe, quatuor parmi les plus courtisés d'Hollywood, le concept même de Sliders permet une multitude de variantes scénaristiques. Le tout est très habilement réalisé, les interprètes sont très crédibles - bien doublés - et la chose risque fort de devenir une série culte" écrivait à l'époque le journaliste Jean-Jacques Jelot Blanc.
La glisse ... ou la traversée du Pont Einstein-Rosen-Podolsky.
DES AVENTURES PALPITANTES
Composée de cinq saisons, soit 88 épisodes, la série de Tracy Tormé et Robert K. Weiss connaîtra un destin particulièrement mouvementé. Ainsi, dès la première saison, la Fox décidera au détriment de ses créateurs de ne pas suivre l'ordre de production des épisodes. L'objectif des dirigeants de la chaîne vise à assurer la fidélisation des téléspectateurs. Malheureusement, cette décision nuira quelque peu à la cohérence des premiers épisodes. En effet, à l'origine, « Sliders » était construite sur un modèle proche de la série « Au cœur du temps » (1966) ou « Code Quantum » (1989). Chaque épisode se focalisait sur la découverte d'un nouveau monde, le dénouement étant réservé à l'introduction du prochain épisode. Mais face aux méthodes de diffusions de la chaîne, ce schéma sera finalement abandonné afin de pouvoir présenter les aventures des glisseurs dans n'importe quel ordre. Il faudra finalement attendre l'édition blu ray allemande de 2016 pour découvrir la série dans son ordre de production. Quoiqu'il en soit, les épisodes sont d'excellente facture. Ecriture soignée, effets spéciaux innovants pour l'époque, tous les ingrédients sont présents pour faire de « Sliders » une série à succès. La saison atteindra son apogée avec son dernier épisode intitulé « Un monde parfait » présenté au premier abord comme une utopie. Son scénariste, Jon Povill, sera récompensée par un prix lors des Environmental Media Awards pour y avoir traité le problème de la croissance démographique.
Après ces neuf premiers épisodes, la série est renouvelée de justesse grâce au soutien massif de ses fans. Tracy Tormé souhaite profiter de cette nouvelle saison pour aborder de nouvelles idées et orienter la série davantage vers la Science-Fiction. Il subira malheureusement de nombreuses oppositions de la part de la chaîne Fox Television. « L'un des problèmes sur la série pour moi, et l'une des raisons pour lesquelles je suis parti, c'est qu'aucun des dirigeants de la chaîne ne comprenait ce qu'était la série » explique Tracy Tormé dans une interview accordée pour le guide officiel de « Sliders ». « Dès le début de la seconde saison, j'ai présenté l'idée des Kromaggs ». Le scénariste décrit ces personnages comme des êtres venant d'un monde où l'homosapiens n'a pas vu le jour. Sur l'échelle de l'évolution, ces êtres sont donc nos lointains cousins. « J'ai dit profitons en pour créer des ennemis aux glisseurs. Ils ont également la technologie de la glisse mais l'utilisent pour conquérir. Je leur ai proposé un script mais ils n'en voulaient pas ». A force de persévérance, Tracy Tormé finira par parvenir à produire cet épisode intitulé « Un monde d'envahisseurs ». Il en signera d'ailleurs deux autres (« Un Monde Mystique » et « Un monde de renommée»). Malheureusement, sa vision de la série ne semble pas être unanimement appréciée par la production. « J'ai projeté Un monde d'envahisseurs au nouveau producteur exécutif (Alan Barnette), et il m'a dit : ‘Et bien, c'est tout à fait le type d'épisodes que l'on ne devrait pas produire cette année. (...) « C'est trop sombre et trop opposé aux valeurs familiales ». Quand j'ai entendu cela, j'ai réalisé que nous n'avions pas du tout la même conception de la série ». Globalement, les treize épisodes de cette seconde saison sont de bonne qualité et dans la continuité de la première. Les personnages de la série s'étoffent peu à peu (surtout Wade) et les scénarios s'avèrent souvent inventifs. Le dernier épisode de la saison présentera notamment aux téléspectateurs, un monde où la « flèche » du temps ne se dirige pas vers l'avenir... Mais plutôt vers le passé. Un concept parfaitement digne de « Star Trek » (1966) où est glissé une référence au physicien Stephen Hawking.
La série se constitue peu à peu une solide base de fans. Ces derniers échangent passionnément sur la série télévisée sur internet, élaborent des fans fictions et rédigent des pétitions pour assurer une saison 3. « Sliders » fait également l'objet d'une publication sous la forme de comics distribués par Acclaim, dont certains scénarios sont écrits par Tracy Tormé et Jerry O'Connell en personne. Parmi les univers explorés dans ces bandes dessinées notons notamment un monde envahi par des êtres bidimensionnels : les zercuviens, un monde où l'usage des drogues est devenu légal, ou encore un monde où l'Amérique n'a jamais été colonisée et où la minorité européenne est retenue en esclavage!
Des aventures en comics éditées par Acclaim.
UN MONDE D'EXODE
Après ces deux saisons cohérentes, « Sliders » prend un tout nouveau virage durant sa troisième année sur la Fox. Le tournage est délocalisé de Vancouver vers Los Angeles. Tout comme « The X-Files » (1993), la différence est immédiatement perceptible à l'écran. L'atmosphère fraîche et pluvieuse des premières saisons laisse place aux décors ensoleillés de la Californie. L'objectif de la chaîne est de rapprocher l'équipe de la série des décideurs, beaucoup de recommandations de la Fox ayant été ignorées durant les deux premières saisons. De plus, si « Sliders » connaît une hausse significative de son budget, ses scénarios eux sont sensiblement moins originaux qu'auparavant (Tracy Tormé ne signe qu'un seul épisode sur les 25 commandés). La Fox, qui a investi beaucoup plus d'argent dans les nouveaux épisodes, souhaite toujours élargir son audience, en la rendant moins «cérébrale». La consigne est donc d'attirer de nouveaux téléspectateurs en s'inspirant de fictions cultes ou à la mode du moment. « Sliders » se rapproche tour à tour de « Twister », « Mad Max », « la Mutante », « La Machine à explorer le temps » et « l'île du Dr Moreau » au grand désespoir de John Rhys-Davies, l'interprète du Professeur Arturo. L'acteur manifestera en effet à plusieurs occasions son mécontentement face au manque de créativité tout au long de la série : « La seule limite c'est l'imagination des scénaristes » remarque l'acteur. « Je pense que Tormé est la seule personne qui avait un intérêt pour la Science-Fiction. Il semble avoir maintenant quitté le navire. Le scénariste en chef que nous avions l'an dernier ne semblait être intéressé qu'à faire la propagande de l'Union Américaine pour les Libertés Civiles ».
L'acteur regrettera également le détournement de « Sliders » de la Science-Fiction vers le Fantastique « Il y a une différence sensible entre le public d'un programme Science-Fiction et de Fantasy (...) « Nous avons fait un épisode copiant le film « Le dragon du lac de feu » (1981) dans lequel Arturo tue Quinn puis le ramène à la vie en faisant appel aux pouvoirs magiques d'une femme. Tout fan de science-fiction se dit immédiatement « Attendez. C'est une série pour enfant et non un programme de science-fiction ». La semaine suivante, bien sûr, nous avons perdu trois points d'audience. Et ce public n'est jamais revenu ». Certains épisodes sont pourtant de bonnes factures (« Un monde sans ressource », « Un monde retrouvé », « Un monde de justice médiatique » ou « Un monde endetté ») et reprennent la formule originale du show. Mais globalement, la série commence à donner un sentiment de déjà-vu. Le pire arrivera lorsque John Rhys-Davies sera évincé de la production. Le Professeur Arturo, pilier de la série, disparaît dans le double épisode intitulé « Un monde d'exode ». Il sera remplacé par l'actrice sexy Kari Wuhrer dans le rôle d'une militaire, Maggie Beckett. L'introduction de l'actrice a principalement pour objectif de modifier la dynamique du groupe en provoquant plus de tensions entre les personnages. Le fil rouge de l'intrigue change également. Les glisseurs sont désormais à la poursuite d'un colonel, tueur en série, glissant de mondes en mondes et possédant dans son minuteur les coordonnées de leur propre Terre. « Sliders » termine sa saison de manière surprenante en mettant en scènes des monstres en tout genre : zombies, vampires, hybrides, serpents et aliens. Les fans sont quelque peu perdus...
FACE AUX KROMAGGS
Après cette troisième saison très mouvementée, la Fox envisage brièvement la production de 13 nouveaux épisodes centrés uniquement sur les personnages de Quinn et Maggie. La chaîne finit par abandonner ce projet en annulant tout simplement la série. « Sliders » sera finalement rachetée par Sci-Fi Channel. Malheureusement, le transfert de chaîne s'accompagne du départ de l'actrice Sabrina Lloyd, l'interprète de Wade Wells. De nombreux départs ont également lieu derrière la caméra. Parmi l'équipe de production de la troisième saison, seul le producteur exécutif David Peckinpah reprendra du service. Il s'entoure de Jerry O'Connell, Bill Dial et Marc Scott Zicree. L'objectif est simple : se détacher de l'état d'esprit de la précédente saison : « J'avais l'impression que la Fox avait littéralement saccagé la série » explique Marc Scott Zicree. « Les intrigues n'étaient que des parodies de films, les personnages ne faisaient rien sauf se chamailler, et les histoires n'avaient plus grand sens. Lorsque je suis arrivé sur Sci-Fi Channel, mes priorités étaient d'amener la série à utiliser son plein potentiel, à savoir : faire des histoires originales, en les puisant dans une science-fiction spéculative, pour rendre les personnages dévoués aux autres, et rendre le personnage de Maggie plus solide et plus crédible. Egalement pour toucher la communauté de scénaristes de science-fiction en général, et les inviter à se joindre à nous. Les scénaristes de Star Trek David Gerrold, Michael Reaves, Richard Manning et D.C Fontana ont été de ceux qui ont accepté notre proposition ». Dans ce contexte, de nombreux changements sont opérés au niveau de l'intrigue générale de la série. Dès le premier épisode, « Un monde sous tutelle », les Sliders découvrent que leur Terre d'origine a été envahie par les Kromaggs et que Quinn est en réalité originaire d'un monde parallèle. Les glisseurs reprennent donc leur voyage à la recherche de la Terre d'origine de Quinn dans l'espoir d'y trouver une arme pour anéantir les envahisseurs. L'absence de Wade est par ailleurs comblée par l'intégration d'un tout nouveau personnge : le frère de Quinn Mallory, incarné par Charlie O'Connell. « Nous savions en commençant la quatrième saison que Charlie, le frère de Jerry, allait jouer dans 17 des 22 épisodes. Comme ils se ressemblaient assez, il paraissait logique de le faire interpréter le rôle du frère de Quinn » précise Marc Scott Zicree. « Le défi était de créer un personnage qui ne se serait pas contenté d'être un second Quinn, mais qui aurait apporté une nouvelle personnalité au sein du groupe. Nous avons passé plusieurs mois à nous battre pour trouver des idées. Finalement, David Peckinpah a lancé "Et pourquoi pas un monde amish ?". Nous avons tous immédiatement adhéré à cette idée; Charlie avait une douceur naturelle et le fait que Colin soit un jeune innocent originaire d'un monde sans technologie lui permettait de poser beaucoup de questions, qui nous aidaient à expliquer le pourquoi du comment des différents mondes dans lesquels nous nous embarquions. Aussi, comme Arturo était parti, nous démarquions son comportement dans une histoire donnée entre Quinn et Remmy. Ainsi, Quinn devint plutôt l'expert en sciences et Remmy, le sage conseiller, l'adulte plus âgé ».
Tournés essentiellement dans les studios Universal, ces nouveaux épisodes s'avèrent de meilleure facture que les derniers de la troisième saison. Malgré les limites budgétaires perceptibles à l'écran, certains épisodes sont étonnamment inventifs renouent même avec l'humour et la satire sociale des deux premières saisons de la série. Toutefois, de nombreux amateurs de la série reprocheront la multiplication des intrigues autour des Kromaggs (désormais assimilés à des Nazis à la manière de « V » - 1983). John Rhys Davies rappela en 2014 à Télérama la limite du concept : "Quand les Kromaggs sont arrivés, j'ai écrit une note pour les scénaristes et je leur ai dit : on croyait qu'il n'y avait pas d'autres formes de vies intelligentes dans cette série de SF, et l'idée des Kromaggs est la bienvenue. Elle fera un formidable épisode ou deux... mais n'en faites pas l'histoire centrale de la série ! »
La saison 5, longtemps restée inédite en France...
PERDUS DANS LE MULTIVERS
Suite au succès de la série en termes d'audimat, Sci-Fi Channel va décider de produire 18 épisodes supplémentaires dans l'objectif de conclure « Sliders ». Néanmoins, à la surprise des téléspectateurs, Jerry O'Connell et son frère y seront absents. Des conflits durant la renégociation de leur contrat les ont conduits à quitter la série. Pour combler ce vide, deux nouveaux personnages sont intégrés aux côtés de Rembrandt et Maggie. Malheureusement, sans son interprète principal, la série perd beaucoup d'intérêt pour les fans. L'introduction de Diana et Mallory ne permet pas de retrouver l'alchimie qui existait entre les acteurs originaux. La complicité entre les protagonistes semble artificielle. De plus, les scénaristes finissent eux-mêmes par se perdre dans la multiplication des intrigues même si une poignée d'épisodes sont dignes d'intérêt : « Un monde de fluctuations quantiques », « un monde de crédits illimités », « un monde de félicité illusoire ». Sliders a finalement perdu de sa superbe ! La production semble manquer cruellement de moyens, réexploitant depuis la quatrième saison constamment les mêmes décors !
Pour conclure la série, le scénariste Keith Damron évoquera lors d'un échange sur internet, un final spectaculaire, dans lequel les glisseurs livreront une bataille épique contre l'envahisseur Kromagg sur la Terre première. Il n'en sera finalement rien. La série s'achèvera finalement, avec l'épisode « Un monde de fans » en février 2000 alors que de nombreuses questions restent en suspens.
Pour l'anecdote, en France, M6 fera le choix de ne pas diffuser cette dernière saison. Il faudra finalement attendre 2004 pour la découvrir sur 13ème rue grâce à la mobilisation des fans coordonnée par le site internet « Le minuteur » de Greg Dubos.
EN ROUTE VERS UN REBOOT
À la manière de « Code Quantum », « Sliders » fut l'objet de nombreuses rumeurs durant les deux dernières décennies. L'éventualité d'un retour sous la forme d'un long métrage au début des années 2000, entretenait notamment l'espoir des fans, suite à quelques déclarations de Robert K. Weiss. Malheureusement, rien ne se concrétisa. La communauté de « Sliders » s'est finalement consolée au travers les diverses éditions dvd, blu ray et mises en lignes sur des plateformes (Netflix et Peacock).
Néanmoins, c'est finalement sous l'impulsion des acteurs que les choses ont commencé à bouger. Durant l'été 2019, l'acteur Jerry O'Connell révélait qu'un reboot de Sliders était en train de se préparer discrètement : "Je vous parie que ça va arriver", lançait-il alors, très motivé par le projet. Les fans de Sliders lancèrent parallèlement « Bring Back Sliders » sur les réseaux sociaux pour donner leur soutien.
Quelques mois plus tard, John Rhys-Davies déclarait: "Jerry me harcèle depuis plusieurs années et nous discutons actuellement avec NBC pour savoir s'il est possible de relancer la série". L'acteur expliquait ainsi au site Flickering Myth : "Ils étudient actuellement la question fondamentale et basique des droits. A qui appartiennent-ils ? Pour le moment, on n'arrive visiblement pas trop à savoir...".
Longtemps en colère au sujet de « Sliders », John Rhys-Davies semble désormais enthousiaste à l'idée de corriger le tir et à reprendre son fameux rôle du Professeur Maximilian Arturo. " En fait, je le referais juste pour montrer (aux producteurs de l'époque) comment il fallait la faire ! Cela aurait pu être la meilleure série à la télévision, elle serait encore à l'antenne aujourd'hui (si elle avait été bien faite). Je pense que, peut-être, si nous avons une autre chance, avec les nouvelles technologies, mais aussi avec de nouvelles histoires, nous pourrions faire quelque chose d'assez extraordinaire. Je ne le ferais pas pour le reste de ma vie, mais pour une saison ou deux, si c'est bien, je suis partant".
Finalement, pour le plaisir des fans, le projet sera confirmé par le co-créateur de la série Tracy Tormé en juillet 2021. Invité dans le cadre d'un live sur YouTube, « The Masters of the genre », Tormé explique : "Nous sommes en train de rebooter "SLIDERS" au moment même où nous parlons. Si vous m'aviez parlé de ça il y a six mois, j'aurais dit « oh oui, c'est une rumeur ». Parce qu'il y a eu beaucoup de rumeurs au fil des ans, mais elles n'étaient jamais réelles. Mais celle-ci est réelle, nous y travaillons activement." Dans un second live diffusé le 23 septembre 2021, Tracy explique avoir rencontré des executifs d'Universal lors de deux réunions pour pouvoir présenter son projet. Il précise que les droits restent aujourd'hui attribués à Universal.
Tracy mentionne que cette nouvelle version de Sliders devrait compter cinq glisseurs, dont deux glisseurs de la série originale. Nos aventuriers seraient restés coincés sur une Terre durant 25 ans, dans l'attente de la fenêtre d'opportunité. Il évoque notamment avoir échangé avec Jerry O'Connell, John Rhys-Davies et Clevandt Derricks (Sabrina Lloyd s'est retirée du métier et vit désormais au Kenya- NDLR). Des discussions ont également eu lieu avec Peacock, la plateforme streaming de NBC, même si les responsables semblent un peu frileux à l'idée d'aborder des sujets trop politiques. "Je peux vous dire que ça va être encore plus difficile qu'à l'époque. J'ai déjà lancé quelques idées et tout le monde dans la pièce était horrifié en disant : "Oh ! Tu ne peux pas faire ça !". Tracy Tormé souhaite en effet sérieusement revenir aux bases de « Sliders », un mélange de Science-Fiction et de satire, destinée à faire réfléchir, tout en divertissant. Espérons qu'il ne sera pas exposé aux mêmes problématiques que dans les années 1990.
Croisons donc les doigts, les « Sliders » pourraient bien faire leur grand retour... Et ce ne serait dans un monde parallèle...
Vers de nouvelles aventures ? (Une illustration signée Mista Jonz)
El Roslino
Lolo Mein Schwein, j'ai bien aimé cette série.